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Méconnaissance de l'histoire ou responsabilité du régime



Méconnaissance de l'histoire ou responsabilité du régime
Directement impliqué dans le putsch contre le président Ahmed Ben Bella, le 15 juin 1965, et dans son effacement de la mémoire nationale, Abdelaziz Bouteflika s'est dit, 47 ans après, «surpris» de la méconnaissance de la jeunesse algérienne du premier Président algérien ! Renversant aveu !
«J'ai été surpris de voir que lors des obsèques de Ahmed Ben Bella des jeunes ne connaissent pas» le premier Président algérien, a-t-il lancé avant-hier à partir de Sétif. A qui la faute ' Qui en est responsable ' Qui a privé la génération post-indépendance de connaître la vraie histoire contemporaine de son pays, les figures qui l'ont faite et celles qui ont trahi la patrie '
Bouteflika est certainement bien placé pour le savoir. Il était un des piliers du régime du colonel Boumediène qui a banni les principaux artisans de la Libération nationale. C'est ce régime qui avait tout fait pour effacer de la mémoire des Algériens les principaux dirigeants indépendantistes au prix d'une réécriture «convenable» de l'histoire.
Les noms de Boudiaf, Aït Ahmed, Ben Bella, Krim, Ferhat Abbas et tous les autres opposants à la dictature de Boumediène ont été incroyablement rayés des manuels de l'histoire. «Pour rendre impossible la construction de l'Etat démocratique, il fallait, pour le régime de Boumediène, organiser la liquidation de tous ceux qui s'inscrivaient dans le prolongement de la Libération nationale», analyse un politologue. Faut-il s'étonner alors de ce que la jeunesse algérienne ne connaisse pas, en 2012, ces têtes pensantes de la Révolution coupées par l'histoire officielle '
Bouteflika a invité également la jeunesse à découvrir Abane Ramdane et Krim Belkacem. Or, tout le monde sait que le premier a été lâchement assassiné par ses «frères» d'armes à Tétouan (Maroc), alors que l'histoire officielle raconte qu'«il est tombé au champ d'honneur». Un déshonneur'
Le second a été étranglé avec une cravate dans une chambre d'hôtel à Frankfurt, en Allemagne. La nouvelle génération ne veut pas seulement connaître les héros de la Révolution, mais aussi et surtout la vérité sur l'assassinat de certains d'entre eux. Sur ce plan, le Président n'a pas appris grand-chose à ses jeunes compatriotes en 13 ans de pouvoir'
C'est tout juste s'il a baptisé les aéroports du pays du nom des ces lumineux personnages. Pour l'historien Mohamed El Korso : «Le premier responsable de cette ignorance de l'histoire c'est bien le pouvoir. Il avait décrété le bannissement de tous les noms des différents acteurs aussi bien ceux du mouvement national que ceux de la guerre de Libération nationale.» Le vecteur de la méconnaissance de la génération post-indépendance de son histoire «a été l'école. Elle est toujours. A cela, il faut ajouter une lecture sélective et tronquée, voire mensongère de faits majeurs et importants liés à la guerre. J'en veux pour exemple l'assassinat de Abane Ramdane par ses pairs». L'affaire de Melouza. «En 2001, un sujet de magistère a été rejeté par un conseil scientifique de l'université parce qu'il traitait de l'affaire Melouza», a encore reproché El Korso. L'un des éléments-phares de cette déformation de l'histoire «est le coup d'Etat de juin 1965. Comme si le premier président de la République algérienne, Ahmed Ben Bella, avait dévié de la ligne de Novembre et a fait acte d'antirévolutionnaire.
Les jeunes ne comprennent pas que ceux qui étaient les acteurs principaux de ce coup d'Etat le réhabilitent sans qu'aucune explication, ni politique ni historique, ne soit donnée. Les jeunes ne comprennent pas non plus que les institutions qui ont séquestré les ossements de Amirouche et Si El Houes ne donnent pas d'explications convaincantes sur les faits soulevés», explique M. El Korso. Est-il donc politiquement recevable de se lamenter aujourd'hui sur la méconnaissance de la jeunesse des héros de la Révolution quand on a personnellement participé à la mise au placard de l'histoire ' Mais cela est une autre histoire.


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