Algérie

Marwan Hamadé (Un des leaders de l?opposition)




« Ceux qui parlent de guerre civile sont perdants » Marwan Hamadé est une figure emblématique de l?opposition libanaise. C?était principalement lui qui haranguait les foules à la place des Martyrs, à Beyrouth, pour exiger le retrait des troupes syriennes du Liban. Il s?était déjà distingué pour être l?un des principaux animateurs de l?opposition à la prolongation du mandat du président Emile Lahoud. Un mois après, le 1er octobre 2004, il échappa par miracle à un attentat à la voiture piégée perpétré alors qu?il quittait son domicile. Deux de ses gardes du corps sont pulvérisés. Ancien ministre, membre du Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt, il a une vie militante très remplie. Il se rappelle avec nostalgie quand, jeune nassérien durant la guerre d?indépendance de l?Algérie, il manifesta à Beyrouth pour la libération de Djamila Bouhired. « Il y en a assez de parler uniquement à la presse européenne. Il faut parler aussi avec les journaux arabes », me dit-il. Et il répond à El Watan. Le Premier ministre Rafic Hariri est mort dans un attentat. Vous, vous avez échappé par miracle. Qui sont les commanditaires ? Dans les deux cas, le commanditaire est le même. C?est le régime sécuritaire libano-syrien parce que nous avons refusé la prolongation du mandat du président Emile Lahoud. Rafic Hariri avait accepté sous la menace et nous avons signalé cela à Fitzgerald, l?enquêteur irlandais envoyé par les Nations unies après l?assassinat de Rafic. Le premier attentat m?a visé moi, le 1er octobre. Puis, il y a eu des arrestations visant les partenaires et les collaborateurs de Walid Joumblatt, fer de lance de l?opposition. Pourtant, vous étiez les alliés de la Syrie ? Nous avons été les alliés des Syriens et cela sans hésitation, comme nous avons été aussi les alliés de Yasser Arafat. Mais la guerre est finie au Liban. Nous nous sommes levés contre les dérives dues à la présence syrienne. Ce n?est pas au nom de celle-ci que la démocratie se transforme en dictature. Beaucoup de régimes arabes ont exploité la question palestinienne à leur profit. Chez nous, c?est le seul retrait israélien d?un pays arabe qui est intervenu grâce à la résistance du peuple. Comment voyez-vous alors l?avenir du Liban ? La bataille sera serrée mais je vois le Liban sortir de l?ornière. Ceux qui parlent d?un retour à la guerre civile sont perdants. Musulmans et chrétiens étaient côte à côte lors des grandioses manifestations. Même l?exception chiite ne pose pas de problème. Il est évident que pour que le Liban retrouve sa sérénité, il faut régler tous les problèmes du Proche-Orient. Cela ne se fera pas sans la création d?un Etat palestinien. Ce qui compte, ce n?est pas de s?orienter vers une quelconque neutralité, mais de vivre sans terrorisme et démagogie venant d?un régime policier. Que voulez-vous dire par « exception chiite » ? Il y a encore une étape nécessaire avant de discuter de ce sujet. Il faut régler le sort des fermes de Chabaâ. Si nous laissons le problème aux Syriens, l?alibi de Chabaâ tombera. Après les élections, nous demanderons alors aux chiites de s?intégrer dans la démocratie. Et ces élections législatives, auront-elles lieu à la date prévue ? Il faut qu?elles aient lieu avant le 30 mai pour éviter d?autres dérives. On parle d?une maffia syro-libanaise ; existe-t-elle réellement ? Elle existe au plus haut niveau. Elle est incarnée par les deux services de renseignements libanais et syriens qui ont fait main basse sur le pouvoir politique, judiciaire et sur le monde des affaires. Après les manifestations au cours desquelles nous avons vu pour la première fois musulmans et chrétiens ensemble unis pour le même objectif, pensez-vous que le confessionnalisme et le communautarisme vont disparaître ? Pas encore. Beaucoup d?efforts restent à faire. Cela se fera en relation étroite et équilibrée avec la Syrie. L?important aujourd?hui, c?est de rétablir l?autorité de la justice, de la police. La concrétisation des autres objectifs définis par les accords de Taëf ne peut se faire qu?avec un gouvernement d?union nationale. L?opposition est-elle prête à participer à un gouvernement en attendant les élections législatives ? Nous récupérons actuellement des loyalistes. Il n?est pas question à un gouvernement complice de négligence dans l?assassinat de Hariri, pour ne pas dire plus.

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