Marché boursier
L ?appel lancé par le président Bouteflika à l?ouverture du congrès des moudjahidine pour mettre fin à la « légitimité révolutionnaire » ne semble pas avoir soulevé l?enthousiasme auprès des congressistes selon les échos parvenus des assises du 10e congrès qui a clos ses travaux ce vendredi après deux jours de débats houleux. La riposte à la volonté exprimée au plus haut niveau de l?Etat, en vue de recentrer le débat sur la place du moudjahid dans la société, est venue sans plus tarder de la commission des affaires sociales de l?Onm qui a planché sur le cahier de doléances des moudjahidine. On pensait que l?Organisation des moudjahidine allait faire son examen de conscience à la lumière des dernières orientations de Bouteflika qui n?a fait que refléter une opinion de plus en plus largement répandue dans la société et que la table royale servie depuis l?indépendance allait être enfin levée. Peine perdue, l?appétit venant en mangeant, les exigences se sont faites encore plus fortes. L?onm s?est transformée au fil des ans en un puissant syndicat auquel il est de mauvais ton de refuser quoi que ce soit. Et puisque les caisses de l?Etat sont aujourd?hui pleines, pourquoi s?en priver ! Porter la retraite des moudjahidine de 25 000 DA à 80 000 DA, faciliter l?accès à la devise pour l?importation de véhicules, créer des centres hospitaliers réservés pour les moudjahidine ne sont que quelques-unes des revendications sociales nouvelles que l?Onm avait soumises à l?adoption du congrès. Au milieu de ce qui s?était apparenté, par moments, à un véritable marché boursier, les préoccupations de l?écriture de l?histoire et de la préservation de la mémoire qui sont théoriquement la raison d?être d?une telle organisation ont cédé le pas devant les revendications bassement matérielles. La seule note de consolation est venue de ce carré des moudjahidine et des moudjahidat à l?intérieur et à l?extérieur de l?hémicycle du Palais des nations qui ont lancé un appel à la raison, invitant leurs frères d?armes à plus de retenue dans l?accès aux privilèges et à la rente. Pour ces moudjahidine et ces moudjahidat qui refusent tout marchandage de la Révolution, le seul moyen pour en finir avec cette mentalité d?éternels rentiers qui a porté un grave préjudice à la réputation de nos moudjahidine, c?est de décréter la fin de mission pour l?Onm et de supprimer le ministère des Anciens moudjahidine. L?ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche s?est courageusement essayé à cette thérapie en faisant l?économie de ce ministère dans son gouvernement. Le sursis n?aura été que de courte durée.
Posté Le : 05/12/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Bensalem Sofiane
Source : www.elwatan.com