Algérie - Direction de la Culture

Maison de la culture de Relizane du nom de Mhammed Issiakhem



Maison de la culture de Relizane du nom de Mhammed Issiakhem


HOMMAGE À M'HAMED ISSIAKHEM À RELIZANE
Le peintre des humbles et de la condition humaine
AlI EL HADJ TAHARPublié dans Liberté le 21 - 04 - 2013
Décédé le 1er décembre 1985 à Alger, Issiakhem a laissé une œuvre qui exprime l'âme algérienne. Plusieurs œuvres de l'artiste ont été exposées à la Maison de la culture de Relizane, dans cette manifestation.
La Maison de la culture de Relizane a organisé un hommage à l'artiste M'hamed Issiakhem, qui a passé son enfance dans cette ville où son père avait un commerce, un hammam plus exactement. C'est à Relizane qu'a eu lieu l'accident qui a causé l'amputation de son bras gauche, mais surtout le décès de deux de ses sœurs et d'un neveu, morts sur le coup. Cela se passait en 1943, lorsque M'Hamed manipulait une grenade volée dans un camp militaire américain. Après le terrible accident et 2 années d'hospitalisation, Issiakhem quitte Relizane pour Alger où il s'inscrit à l'école des Beaux-arts (1947) avant de compléter ses études à l'école supérieure des Beaux-arts de Paris. C'est dans la capitale française qu'il deviendra l'ami de Kateb Yacine avec qui il partagera le studio où “Nedjma" a été écrit.
Décédé le 1er décembre 1985 à Alger, Issiakhem a laissé une œuvre qui exprime l'âme algérienne. Sensible à la condition de son peuple, il présente en Allemagne démocratique (Leipzig, 1959) une exposition sur la torture en Algérie, puis, en 1969, il réalisera “La veuve du chahid", une œuvre emblématique de la révolution et de la résistance du peuple algérien. “À ceux qui ont voulu passer et sont restés" se réfère aux drames de la ligne Morice. Issiakhem était conscient de sa responsabilité politique, historique et morale, et il n'a jamais voulu que l'art soit autre chose qu'un engagement dans le sens de l'humain et de sa dignité, notamment, pour les plus fragiles : les femmes, les enfants et les pauvres.
Issiakhem a aussi donné la parole aux ouvriers et aux travailleurs. Tourmenté par les scènes de son enfance à Relizane, il a souvent représenté des mendiantes et des mendiants, car il considérait leur tragédie comme une atteinte à la dignité humaine. Observateur attentif de sa société, il a pu aborder les drames humains sans tomber dans le misérabilisme ou dans l'orientalisme pleurnichard. Travailleurs, ouvriers, paysans, veuves et mendiants hanteront son œuvre qui ne cherchait pas la délectation, mais l'expression, la force plutôt que la ressemblance. L'enfant dans les bras de sa mère reviendra souvent dans l'œuvre issiakhémienne. Rappelons qu'enfant, il a été pratiquement privé de la tendresse maternelle puisque, à l'âge de huit ans, il a été “kidnappé"(terme de l'artiste) par son père qui l'a emmené à Relizane alors que la mère et ses autres enfants sont restés à Douar Djennad, en Kabylie. La famille ne sera réunie que quelques années plus tard, puis, en 1943, la grenade meurtrière viendra définitivement rompre les liens entre sa mère et lui. C'est cette culpabilité qu'il essaiera de surmonter par la peinture, jusqu'à sa mort. En peignant la souffrance de ses semblables, c'est la sienne propre qu'il représentait. Une certaine sérénité peut parfois rayonner sur le visage d'une femme aux grands yeux en amande.
Puis, retour aux catastrophes qui hantent l'humain. Parfois, cette peinture semble calcinée comme une dechra détruite par le napalm colonial. Parfois, elle semble sèche comme une saison de canicule sur une terre aride et sans blé. Plusieurs œuvres de l'artiste ont été exposées à la maison de la Culture de Relizane, dans cette manifestation rehaussée par les membres de la famille de l'artiste. Egalement présents à cette manifestation qui s'est déroulée jusqu'au 18 avril, les artistes Moussa Bourdine, Moncef Guita, Mustapha Boucetta, El-Hadj Tahar, Valentina Ghanem, Ali Kerbouche,Abdelkader Belkhorisset, Mekki et Hachemi Ameur, exposent aussi leurs œuvres.
Parallèlement, des étudiants des écoles régionales des Beaux-arts d'Oran, Sidi Bel-Abbès et Mostaganem organisent des ateliers de peinture avec des portraits de l'artiste tandis qu'une conférence sur l'œuvre et l'itinéraire d'Issiakhem est prévue.
A.E.T.

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