Algérie

Mahmoud Darwich veut être lu comme un poète




«Je préfère parler des fleurs d’amandiers» Le poète palestinien Mahmoud Darwich veut être lu «comme un poète, pas comme une cause», lui qui a décidé de préférer les thèmes universels de l’amour, la vie, la mort à ceux purement politiques de ses débuts: il l’a déclaré lors de son passage cette semaine à Arles, où il donnait un récital.«J’essaie d’insuffler un peu de joie et d’espoir. Car s’il s’agit juste de dire les conditions dans lesquelles les Palestiniens vivent, ils peuvent le dire mieux que moi et la télévision s’en charge aussi», explique à la presse celui qui est considéré comme l’un des plus grands poètes contemporains en langue arabe. «Qu’on ne me demande pas un rapport sur ce qui se passe. Ce n’est pas mon rôle», insiste-t-il encore. «Je préfère parler des fleurs d’amandiers, parce qu’un Palestinien peut être heureux. On ne peut pas ne pas être heureux au début du printemps lorsque les amandiers sont en fleurs», dit-il en référence à son poème «Pour décrire les fleurs d’amandiers». Sa nouvelle démarche lui permet, juge-t-il, de se rapprocher de sa quête d’un langage épuré et universel, compréhensible de tous les publics». J’estime que la description du malheur tue le langage poétique. Et j’ai l’impression que les lecteurs aiment mieux ma nouvelle poésie que celle d’il y a 30-40 ans, quand j’écrivais des textes plus directs, plus politiques. «La plupart des 18 poèmes qu’il a lus au théâtre antique d’Arles, à l’invitation du Festival des musiques du monde et de sa maison d’édition française Actes Sud, qui fête ses 30 ans, continuent toutefois de sourdre la souffrance, l’absence d’une terre natale, la crainte de l’autre. Mais on perçoit aussi l’ironie, le rire, l’espoir ou l’aspiration aux valeurs fondamentales de la démocratie pour tous les hommes dans «Nous serons un peuple», un texte longuement applaudi par le public. Un public hypnotisé par la musicalité de ses textes lus en arabe et leur traduction française déclamée par le comédien Didier Sandre, le tout ponctué par les notes du oud (luth arabe) du groupe palestinien Joubran. À 66 ans et avec une trentaine d’ouvrages à son actif -Au dernier soir sur cette terre, La Palestine comme métaphore, Ne t’excuses pas parmi les plus récents-, Mahmoud Darwich semble vivre son statut de poète mondialement reconnu avec sérénité. Selon lui, «cela confirme simplement que la poésie est utile, que c’est un langage humain commun et que cette poésie porte un message, sans même le vouloir: c’est essentiellement l’amour du beau. Le critère important pour la poésie c’est sa beauté, la joie qu’elle transmet au lecteur, à l’auditeur». «Le fait que je sois citoyen d’un tout petit pays, sans État et que je sois connu au-delà des frontières m’impose de très lourdes responsabilités», juge-t-il, ajoutant immédiatement: «Je suis fier que ma poésie ait imposé mon pays dans la carte politique du monde. J’apporte peut-être ma pierre à l’expérience poétique universelle».
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