Algérie

MAGHREB, UNE ANNEE VERTUEUSE '




Les ministres maghrébins des Affaires étrangères vont se retrouver début février au Maroc dans un contexte qui a changé. Deux pays, la Tunisie et la Libye, ont, selon des modalités différentes, éjecté les dirigeants en place. Il est difficile, sans forcer les choses, de parler de grands changements au Maroc. En Algérie non plus.
Mais ce «statisme» ne doit pas faire illusion, les choses sont en train de bouger. Par la poussée interne de «sujets» excédés par la permanence de systèmes autoritaires et infantilisants qui se sont avérés incapables d'autoréforme. Par des politiques externes de puissances qui tentent de canaliser et d'orienter ces mouvements de contestation dans le sens de la préservation de leurs intérêts.
L'immobilisme et l'inertie, trop souvent confondus avec la stabilité, ne sont plus seulement des handicaps mais de vraies menaces. Tous les discours larmoyants sur les atteintes à la souveraineté nationale et les menaces extérieures sont rendus caducs par la propension des systèmes en place à nier les exigences de changement qui s'expriment dans leurs sociétés.
La Libye a «changé» par intrusion étrangère musclée et elle n'arrive pas à se stabiliser. Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, évoque désormais de manière ouverte un risque de «guerre civile». L'ancien «Premier ministre» du CNT affirme que tous les services du monde grenouillent dans son pays. Il est patent que le «changement» libyen est bien la pire des formes de changement qui pouvait arriver. Mais cette évolution catastrophique ne peut plus servir d'argument à l'immobilisme. Elle doit au contraire inciter à prendre acte qu'il faut des sociétés libres et organisées et que celles-ci sont celles qui préservent le mieux leurs indépendances dans un monde compliqué et imbriqué. L'évolution libyenne ne peut donc servir de repoussoir. Elle est un indicateur que les changements trop entravés finiront par avoir lieu, même de la pire des manières. Une demande interne brimée finira par rencontrer un soutien externe qui tend à lui imprimer la direction qu'il veut et même pousser à des dislocations.
Ce que nous observons actuellement dans plusieurs pays arabes est au premier chef un effet destructeur de l'autisme des régimes. L'incapacité à anticiper et à se convaincre définitivement que des citoyens libres dans une démocratie sans faux-semblants défendront plus sûrement la souveraineté de leurs pays que des sujets contraints et bridés, est porteuse de graves dangers. Et ce ne sont pas les discours qui se conjuguent sur le mode du «on a compris» et «on est trop spécifique» qui peuvent constituer des réponses.
La démocratie et les libertés ne sont pas des réponses magiques et ne résoudront pas automatiquement les graves problèmes économiques et sociaux qui se posent. Mais on a appris en un demi-siècle que l'autoritarisme n'est pas une solution à ces problèmes. Pire, il a fortement distendu les liens entre les populations et les Etats et a donc fragilisé les souverainetés et les indépendances.
Cela fait des décennies que beaucoup de citoyens de cette région pensent que nos seuls horizons viables sont la démocratie et le Maghreb. Et ils vont de pair. Et rien de ce qui arrive actuellement, y compris les remises en cause des souverainetés, ne contredit cette vision. Les officiels d'un Maghreb figé et bloqué qui vont se rencontrer prochainement ont matière à réflexion sur l'origine de la faiblesse des Etats. De leurs Etats.

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