Loisirs

Durant toute la période estivale, le boulisme est un jeu très pratiqué à travers la wilaya d'Aïn Témouchent.La ville d'Aïn Témouchent, ville touristique, est pauvre en moyens de distraction et de divertissement qui répondent à tous les goûts et les passions tels que les salles de cinéma, de concert musical, de théâtre et autres loisirs qui rassasient le besoin des Témouchentois aux différents statuts sociaux. Ainsi durant toute la période estivale, le boulisme est un jeu très pratiqué par une catégorie de citoyens à travers certaines cités de la ville d'Aïn Témouchent. En effet, les hommes s'adonnent au boulisme qui ne nécessite pas de gros moyens humains ni logistiques. Alors quelles sont ces catégories de citoyens 'Dès que le soleil s'inclinait vers le nord, la chaleur baissait de température, l'ombre des immeubles s'étalait sur une grande partie de la place publique au c?ur de la ville nouvelle Akid Othmane d'Aïn Témouchent où vivaient les milliers de familles dans les logements sociaux, les hommes d'âge dépassant les 50 ans sortaient de leurs logements pour se rencontrer à la place publique. Ils commençaient par échanger les informations locales et autres, émises par différents médias étrangers et nationaux, sur des thèmes d'actualité générale.Cette saison se particularisait par l'événement mondial du Brésil 2014 et de l'EN. Après cet appétissant «briefing», 20 hommes retirent les boules de leurs sacoches, puis ils crayonnent à l'aide de la chaux une aire de jeu de boulisme sur la terre. Sans aucune préparation physique, ils s'élancent dans le jeu en triplettes. Ils passent des heures à flirter les boules en fer sans répit ni dégoût dans un silence absolu.Le rendez-vous des blagueursS'évadant aussi de leurs logements, des balbutiements des gouvernantes, des cris d'enfants, les spectateurs sont là fixés au mur, ils regardaient ces joueurs qui lançaient les boules en s'étirant les membres supérieurs. Ces joueurs ne faisaient pas d'énormes efforts physiques. Peu importent l'art et la manière de jouer ni les résultats. De temps à autre, certains de ces admirateurs lançaient des blagues d'un certain temps révolu et les éclats de rire déchiraient le silence qui couvait la scène. «Ah ! l'istiqlal (indépendance) comme c'est bon, si vous savez qu'autrefois, seuls les grands bourgeois européens jouaient au boulisme dans leurs ranchs», lança un passager d'un air humoriste et lui répondit l'un des joueurs : «Hamdoullah, nous sommes des retraités. Nous n'avons pas de bateaux de marchandise en rade ni des vaches dans la prairie. Nous dépensons notre temps à jouer pour s'évader des problèmes, mieux que d'y rester dans des cafés à critiquer gratuitement les personnes innocentes ou de passer des heures continues dans un F 3 à zapper la TV».Diamétralement opposé à cette cité hétéroclite et plus précisément dans la cité des enseignants à Haï Zeitoun, un autre groupe d'une dizaine d'enseignants non structurés se patientait au boulisme tous les soirs. «Nous n'avons pas d'autre choix. C'est la seule manière de nous décharger des problèmes. Il n'y a rien dans la ville pour se relaxer et se divertir», dévoilent quelques joueurs. Selon le président de la ligue de boulisme d'Aïn Témouchent Mr Sabbar Saïd, «le boulisme est en vogue. Des Témouchentois, en majorité des adultes et fonctionnaires, pratiquent ce jeu. Deux cités réputées sont connues, ce sont celles de Ville nouvelle et de Haï Zeitoun».Cependant, il a été constaté que les hommes riches ne s'intéressent pas à ce jeu qui est totalement invisible dans les autres cités résidentielles de la ville. Désormais, le boulisme est considéré comme un jeu de préoccupation pour les retraités chez une frange de la société et un moyen de divertissement et d'évasion des affres de la vie quotidienne chez l'autre frange dans une région témouchentoise réputée par ses belles plages, sa nature et sa quiétude.