Algérie

«Les ZET sont le lieu idoine pour accueillir ces projets touristiques» Entretien avec M. Raouf Khalef directeur de l'investissement au ministère du Tourisme



«Les ZET sont le lieu idoine pour accueillir ces projets touristiques» Entretien avec M. Raouf Khalef directeur de l'investissement au ministère du Tourisme
Propos recueillis par Badiâa Amarni

La Tribune : Pourriez-vous tout d'abord nous faire un point de situation sur l'état d'avancement des investissements dans le secteur du tourisme en Algérie'
M. Raouf Khalef : A ce jouri le secteur du tourisme a accordé 713 projets d'investissement touristique qui ont l'objectif de réaliser 83 000 lits et créer presque 40 000 emplois, pour des investissements à hauteur de 230 milliards de dinars. Sur le nombre total de ces projets, seuls 405 sont réellement en cours de réalisation et enregistrent un taux d'avancement de 60%. Ces 405 projets ambitionnent la création de 50 000 lits et presque 22 000 emplois, qui engagent des investissements à hauteur de 200 milliards de dinars. Le reste des projets sont soit à l'arrêt soit ne sont pas encore lancés.

Qu'en est-il de l'investissement étranger dans ce domaine'
Je tiens à préciser, pour l'investissement dans le domaine du tourisme, que 99% des projets sont réalisés par le secteur privé national. Pour le moment nous avons deux projets d'investissement étranger en Algérie qui sont en cours de réalisation. Il s'agit d'un complexe touristique hôtelier à Bab Ezzouar, qui sera réalisé par le Groupe Trust (hôtel 5 étoiles, un appart hôtel 5 étoiles et un autre 4 étoiles, de même que des apparts hôtels 3 étoiles). La capacité de ce projet est de 1 600 lits qui seront livrés d'ici la fin 2014. Le deuxième projet est en réalisation par le groupe Emiral, à Sidi Fredj, et qui s'appelle Forum El Djazair, avec une marina, une partie promotion immobilière, et le projet touristique implanté sur le terrain de l'ex-hôtel El Minzah. Emiral compte normalement livrer une partie de son projet à la fin de l'année 2014, ou début 2015, et le reste suivra. Ceci pour l'investissement étranger. Mais je tiens à dire que c'est un honneur pour l'Algérie que l'investissement touristique soit pris en charge par des nationaux qui investissent dans leur pays.

Y a-t-il d'autres étrangers qui exprimentleur volonté d'investir dans le tourisme en Algérie '
Oui. Nous enregistrons toujours de l'intérêt pour le secteur de la part des étrangers qui, toutefois, expriment des réticences par rapport à la règle 51/49. Mais pas loin que ce matin (mercredi ndlr) nous avons reçu au ministère un grand groupe libanais qui veut investir dans le tourisme. Ils sont au courant des lois régissant le secteur et ils sont d'accord pour la concession, la règle 51/49'et là ils sont en train de voir les possibilités d'investir en Algérie. Je rappelle que nos portes sont toujours ouvertes pour ceux qui veulent investir, l'essentiel qu'ils s'associent à des Algériens suivant la règle 51/49. Les investisseurs étrangers seront toujours les bienvenus pour réaliser leurs projets.

Il s'agit de quel groupe libanais '
Pour le moment on ne peut pas le dire car nous sommes en phase de négociations. L'essentiel, ils sont sérieux et veulent vraiment réaliser des projets touristiques en Algérie.

Quelles sont les contraintes rencontrées notamment au niveau des zones d'expansion touristique (ZET)'
Avant de répondre je tiens à donner quelques informations par rapport aux ZET. Il existe actuellement 205 ZET décrétées par décret exécutif. Leur superficie avoisine les 54 000 hectares, 39 autres sont en cours de déclaration au niveau du secrétariat général du gouvernement. Elles doivent être décrétées très prochainement. Ces espaces sont destinés exclusivement à l'investissement touristique, mais pour le moment sur le nombre global de ces ZET nous avons uniquement 22 Plans d'aménagement touristique (PAT) qui ont été réalisés et doivent être approuvés par décret. Hier déjà (mardi ndlr) on a eu les premières publications des décrets de trois ZET : celle de Laouana (Jijel), d'Azeffoun (Tizi Ouzou) et de Sidi Khelifa. Leurs plans d'aménagement touristique étant prêts, nous ferons très prochainement des appels à investisseurs pour réaliser des projets touristiques en leur sein. Pour les autres malheureusement, soit leurs PAT sont en cours de réalisation soit n'ont pas encore été lancés, chose qui a vraiment freiné l'investissement touristique à l'intérieur de ces ZET. De plus, nous on avait l'obligation de ne pas accorder ces projets parce qu'on n'avait pas les plans d'aménagement touristique, mais le ministre du Tourisme M. Benmeradi a pris dernièrement une décision très courageuse afin de libérer l'investissement à l'intérieur des ZET. Parce que, j'ouvre une parenthèse, le Schéma directeur de l'aménagement touristique a tracé un objectif à moyen terme de réaliser 75 000 lits et le captage d'au moins 2,5 millions de touristes. C'est un chiffre énorme et on doit le réaliser avant 2015. Malheureusement 85% des investissements sont réalisés à l'extérieur des ZET, chose qui n'est pas normale, alors que ces ZET sont le lieu idoine pour accueillir ces projets d'investissement. Alors monsieur le ministre a décidé de libérer l'investissement à l'intérieur de ces espaces, surtout pour les propriétaires. Avant, même étant propriétaire on ne donnait pas l'accord d'investir en l'absence du plan d'aménagement, alors le ministre a décidé de donner dorénavant l'accord à un investisseur privé de réaliser sur son terrain un projet d'investissement touristique et, une fois le PAT réalisé son projet sera intégré. On accorde aussi des projets à des investisseurs qui veulent prendre en charge une ZET complète qui a déjà un plan d'aménagement ou qui veulent réaliser eux-mêmes ce plan. Je pense que cette décision constitue un levier de bouclier par rapport à l'investissement touristique, et les projets vont s'accélérer.

Souvent les investisseurs évoquent des problèmes de financement. L'Etat les soutient à travers des mesures incitatives mais les banques ne jouent pas toujours le jeu. Que fait votre département pour résoudre toutes ces contraintes'
Pour le financement des projets touristiques, c'est vrai que l'Etat a mis en place un dispositif très ambitieux dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, à travers la bonification des taux d'intérêt de 3% pour les wilayas du Nord et de 4,5% pour celles du Sud. Par rapport aux banques, c'est vrai qu'elles étaient à un certain moment réticentes par rapport au financement des projets touristiques, mais en mai 2012 nous avons signé 4 conventions avec quatre banques publiques, la CNEP, le CPA, la Badr et la BDL. L'objet de ces conventions c'est de financer les projets. Je pense que les banques sont en train de faire des efforts, et c'est à nous, secteur du tourisme, d'essayer d'avoir plus d'avantages pour l'investissement dans ce secteur parce qu'il a ses spécificités. Le retour sur investissement pour un hôtel n'est pas le même que pour une PME, et il faut prendre cela en considération. Dernièrement lors des assises nationales du tourisme, des recommandations concernant l'investissement touristique ont été formulées et des propositions seront faites au gouvernement pour les prendre en charge dans le cadre des lois de finances, afin de donner plus d'avantages pour l'investissement touristique.

Est ce que les projets à l'arrêt le sont pour des problèmes financiers '
Oui ! C'est surtout pour des problèmes financiers. Pour les projets non lancés c'est une autre problématique et concerne le permis de construire, surtout dans les grandes villes. L'instruction du permis de construire prend beaucoup de temps. C'est vrai que dernièrement le ministre de l'Habitat a fait une instruction ordonnant l'accélération du traitement des dossiers des permis de construire, mais le problème persiste et nous avons beaucoup de projets qui ne sont pas lancés car ils doivent attendre plus d'une année pour avoir leur permis de construire. On est en train d'essayer de régler ce problème avec le ministère de l'habitat.
B. A.
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