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Les vérités de la table blanche


Les vérités de la table blanche
La jeune troupe algérienne, Winaruz, a offert un spectacle chorégraphique gorgé d'air frais et de créativité.Beaucoup de fraîcheur dans le spectacle Arak, du jeune chorégraphe algérien Anyr Winaruz, mardi soir, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, à Alger, où se déroule le 6e Festival international de danse contemporaine. Sur un air mélancolique des Nocturnes de Chopin, deux danseuses assises à une table blanche semblent se «dire» des choses ou peut-être rien.Sont-elles en confrontation ' En dialogue mouvementé ' Ou plutôt sont-elles deux facettes d'une même personne ' Habillée en jaune et marron, la première danseuse semble suggérer l'énergie positive que peuvent procurer le soleil et la terre. La deuxième est dans le bleu et le gris, la froideur et l'incertitude. Le spectacle est bien mené, baigné d'une lumière suggestive, renforçant le propos d'un jeu chorégraphique tentant de sonder l'âme humaine et les mauvaises herbes qu'elle porte. En dix minutes, Anyr Winaruz, 25 ans, a tout dit ou presque. La construction artistique semble s'inspirer d'expérience personnelle. «Il y a deux étapes dans la vie : l'adolescence et l'âge adulte.A l'âge adulte, on découvre la réalité des choses et toutes les valeurs que nos parents nous ont apprises. Mis face à ce qui se passe réellement dans la rue, dehors, on constate que ce n'est pas vraiment ça. Les valeurs sont parfois cachées au fond des personnes avec lesquelles on parle ou on travaille. Il fallait donc chercher ces valeurs à l'intérieur de ces personnes. Finalement, on se rend compte que chaque personne est en double. C'est l'idée du spectacle Arak.Car, j'ai été confronté à plusieurs problèmes, subi des coups qui ont eu de l'effet sur moi», a précisé Anyr Winaruz. Qu'en est-il de la table vide ' «L'idée est inspirée des salles d'interrogatoire que l'on voit dans les films. Une salle où il y a une table et deux chaises. C'est là où, théoriquement, toutes les vérités sont dites. Je voulais recréer cette atmosphère, mais dans une autre ambiance. Une ambiance scénique qui rappelle quelque peu la maison où l'on trouve aussi une table. C'est là que les deux fragments d'une même personne s'interrogent mutuellement.Un interrogatoire qui va dans les deux sens», a-t-il souligné. Anyr Winaruz a voulu envelopper son spectacle dans de la musique jazz. «J'ai opté pour Chopin, car sa musique exprime toute l'émotion que je voulais pour ce spectacle», a-t-il soutenu. Anyr Winaruz a bataillé pour avoir des sponsors pour son spectacle. Toutes les entreprises privées et publiques contactées ont refusé sa demande. Il est connu que les opérateurs économiques algériens préfèrent soutenir le football, pas la culture !Farès Fettane, chorégraphe de la troupe Wach, a, lui, choisi de se mettre entre deux mondes pour son spectacle Ombre d'arbre, appuyé d'un chant rock. Sur scène, Farès Fettane a laissé ses chaussures et sa veste de côté pour aller retrouver quelque chose qui ressemble à la nature humaine. Il s'est mis entre ombre et lumière en libérant son corps de toutes les contraintes. L'expression se fait parfois vive et parfois lente. Comme le rythme de la vie. «J'ai voulu éviter de faire dans la chorégraphie conventionnelle, avec des mouvements artistiques accompagnés de rythme.J'ai voulu faire autre chose, en mettant de l'énergie sans point de départ et sans point d'arrêt. Je veux trouver quelque chose qui semble lointaine dans ma tête», a expliqué Farès Fettane. Safar (Voyage) est le spectacle présenté par la troupe Orient and Dance Theater de Ramallah (Territoires palestiniens) mené par Maher Al Shawamreh. La douleur palestinienne est présente dans ce jeu chorégraphique fait de poésie, de silence et de questionnements.«Le silence est un marqueur d'époque dans le monde arabe», a souligné le chorégraphe. La compagnie marocaine 2K Far menée par Khalid Benghrib a présenté Sol-Os, une performance puisée dans l'expression abstraite d'une rare perfection. Tout est interrogation, révolte et colère dans ce spectacle, dans lequel le chorographe a cassé tous les codes convenus en entrant d'un pas vif et déterminé dans la danse contemporaine de chimie pure.


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