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Les vérités crues de Babès




Les vérités crues de Babès
En cette période cruciale que traverse le pays, marquée par une crise économique annonçant des lendemains incertains, le président du Conseil économique et social (Cnes), Mohamed Seghir Babès, adopte plutôt un language de vérité et laisse de côté le discours populiste qu'il a toujours tenu jusque-là : "Si l'on ne fait rien pour passer à autre chose, ce sera la catastrophe." Cette phrase lourde de sens a été bel et bien prononcée par M. Babès. Il tire la sonnette d'alarme quant à la nécessité, pour l'Algérie, de commencer à se départir de sa politique économique, fondée sur les recettes engrangées de la vente de ses hydrocarbures.Il est grand temps, semble-t-il vouloir dire, d'entamer le processus d'une diversification économique effective et pragmatique, sinon notre pays "ira droit dans le mûr". L'Algérie bénéficie, toutefois, d'une phase de sursis de deux années, offertes par les réserves de changes, évaluées à 151 milliards de dollars, et le Fonds de régulation des recettes (FRR). Cette ressource (FRR) risque, cependant, prédisent les experts, de tarir en 2016, tandis que le matelas en devises subira une baisse de30 milliards de dollars pour s'établir à 121 milliards de dollars l'année prochaine.Le gouvernement dispose donc de deux ans de rémission temporaire que Mohamed Babès qualifie de "petite fenêtre d'opportunités" pour revoir sa copie. Il ne cesse de remercier la crise à laquelle est confrontée désormais l'Algérie car, argue-t-il, elle a contraint l'Exécutif et tous ses démembrements à lancer un chantier de réflexion autour des questions liées à des solutions de rechange pour les revenus pétroliers et à des substitutions aux importations. "Cette crise nous met face à des réalités implacables devant lesquelles, nous ne pouvons fermer les yeux", reconnaît-il. La diversification, pour cet économiste, ne se décrète pas. Cela se construit avec la collaboration de l'ensemble des responsable et à tous les niveaux, y compris à l'international. En termes plus clairs, l'Algérie fait partie de cet espace économique mondial ouvert qui exige d'elle d'être compétitive, sinon elle "risque de disparaître". Il faut d'ores et déjà, suggère-t-il, dégager des prérequis, des préalables avant de s'engager dans cette perspective.Le chemin à parcourir pour concrétiser cet objectif d'envergure, qu'est la diversification de l'économie nationale, apparaît encore long, avoue M. Babès, mais il est impératif dedémarrer."Quel est le sort réservéaux 50 propositions du Cnes '"Pour le président du Cnes, invité hier de la radio Chaîne III, les 5 secteurs-clés identifiés dans ce cadre, dont le tourisme, l'industrie, l'agriculture, le BTPH, doivent avoir un effet d'entraînement sur le tissu de PME productrices de biens et services.Mieux, "cette dynamique doit toucher indubitablement tous les secteurs d'activité", renchérit-il. Il faut, de ce fait, "revoir les politiques économiques, les systèmes de gouvernance et les articulations entre les secteurs, briser les verticalités et aller vers des acceptions horizontales, transversales qui permettent aux dirigeants du pays de prendre les décisions qui s'imposent en toute connaissance de cause", suggère-t-il. Le premier responsable du Conseil relève certaines difficultés auxquelles fait face son institution, mais il n'a pas jugé utile de les nommer.Néanmoins, il s'interroge sur le sort réservé au rapport de sortie de crise contenant les 50 propositions d'ordre fiscal, administratif et réglementaire, élaboré par le Cnes et remis récemment au gouvernement. Par ailleurs, interrogé sur la fiabilité des chiffres avancés dans le rapport de conjoncture du Cnes, M. Babès tient à préciser que c'est l'Office national des statistiques (Ons) qui produit les données chiffréesexploitées par son institution. "Nous sommes très lacunaires en matièrede production de chiffres", acquiesce-t-il. Mohamed Babès évoque, à ce propos, la faiblesse des moyens de l'Ons qui "ne dispose que de 500 employés, alors que l'organisme similaire en France, en l'occurrence l'Insee, est doté de quelque 32 000 agents". Il déplore, également, le fait que le Conseil national des statistiques, institué il y a trois années, ne soit pas opérationnel à ce jour, tandis que son mandat s'achève fin 2016. La production des chiffres est "chez nous très problématique et elle va le devenir de plus en plus", regrette-t-il. Or, le pays se trouve dans une posture prospective prévisionniste où il doit maîtriser davantage les statistiques pour une meilleure anticipation. Le président du Cnes soutient mordicus que le rapport de conjoncture "n'a souffert d'aucune équivoque dans ses fondamentaux".B. K.


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