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Les universités françaises ont décidé de plancher sur le problème



Les universités françaises ont décidé de plancher sur le problème
C'est à ces questions que le colloque «Le radicalisme et ses traitements», organisé par l'université Paris-Diderot, a tenté de répondre jeudi et vendredi derniers.D'emblée, Fethi Benslama a expliqué que les chercheurs ont déjà mis en exergue les dangers de la radicalité religieuse qui guettait la France depuis des années. «Si les pouvoirs publics avaient entendu les sonnettes d'alarme tirées par les universitaires, on ne serait pas arrivés au stade dans lequel nous sommes», a-t-il expliqué.De son côté, Christine Clerci, présidente de l'université Paris-Diderot, a estimé que le radicalisme religieux est un phénomène qui existe depuis des siècles (référence au radicalisme de la religion catholique), mais qu'il convient aujourd'hui de bien comprendre et analyser pour faire face. Elle a mis en avant le rôle que doit jouer l'université. «Si le radicalisme est une véritable rupture avec la société, l'université doit ramener le ??radicalisé'' à la société», a-t-elle dit, annonçant que l'université Paris- Diderot va multiplier les formations en direction des prisonniers et est prête à recevoir certains d'entre eux qui désirent continuer leurs études, une fois leur peine purgée.Deux modèles de jeunes radicalisésCe point de vue a été partagé par Marine Christine Lemadely, adjointe à la mairie de Paris. Elle a déclaré que les institutions publiques françaises, parmi elles la mairie de Paris, ont besoin de comprendre le processus de radicalisation pour lutter contre ce phénomène qui touche des jeunes Français et Françaises. Soulignant l'importance de la recherche dans ce domaine, elle juge nécessaire que la Mairie de Paris s'entoure de chercheurs et d'enseignants pour nourrir les réflexions concernant ses politiques publiques dans le but de les adapter aux besoins réels des citoyens.Par ailleurs, Farhad Khosrokhovar, directeur de recherche à l'Institut des études humaines et de sciences sociales (EHSS), a soutenu qu'il existe globalement deux types de profils djihadistes. Le premier est composé, en majorité, de jeunes des banlieues qui éprouvent une sorte de haine de soi et de la société. Ces jeunes, selon le directeur d'études, ont l'impression que toutes les portes sont fermées devant eux, se sentent exclus du bonheur et ressentent un sentiment d'indignité vis-à-vis d'eux-mêmes. Ces jeunes, selon M. Khosrokhovar, nourris de haine et d'esprit de revanche, se voient soudain comme des «héros négatifs» et cherchent à remettre en cause les fondements de la société en se radicalisant et en rejoignant les groupes terroristes.Près de 500 djihadistes filles ont rejoint l'EILe second modèle concerne des jeunes des couches moyennes. Ils ont rejoint la Syrie à partir de 2013. Ce sont souvent des adolescents (14-18 ans) qui pensent qu'ils peuvent venir en aide à leurs «frères» victimes du régime alaouite, selon Khosrokhovar. Mais ce phénomène du djihad ne touche pas exclusivement les garçons, mais aussi beaucoup de filles, selon Géraldine Cassutt, doctorante en sociologie des religions à l'université de Fribourg. La jeune chercheuse avance le chiffre de près de 500 filles occidentales ayant rejoint les rangs de l'Etat islamique. Et seule une serait revenue, selon elle. Est-ce que cela veut dire qu'elles ne sont pas libres de leurs gestes sur place 'Pour Geraldine Cassut, il y a effectivement celles qui ont regretté de partir en Syrie et qui, du coup, peinent à revenir.Mais il y a aussi des filles qui se plaisent sur place, car elles pensent jouer un rôle social dans ce qu'elles considèrent comme le nouvel «Etat islamique».S'agissant des raisons qui poussent les femmes à rejoindre les djhadistes, la chercheuse suisse en cite plusieurs : raisons idéologiques, désir de restaurer la communauté musulmane, rejet de la société occidentale, l'implication directe dans la création d'un Etat islamique, mais aussi et surtout contribution à pérenniser un Etat en élevant des enfants en conformité avec les idées du djihad. Tout un programme.


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