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Les Tunisiens tournent la page de la transition



Les Tunisiens tournent la page de la transition
Les Tunisiens ont tourné hier la dernière page d'une transition post-révolutionnaire marquée, durant quatre ans, par des crises politiques, l'essor d'une mouvance djihadiste et la dégradation de la situation économique et sociale. Ils ont élu leur président. C'est la troisième fois en moins de deux mois qu'ils votent. La menace des groupes terroristes tunisiens ralliés à Daech n'a pas dissuadé les électeurs tunisiens. Elle a, au mieux, fait monter d'un cran l'alarme sécuritaire et mis un bémol à une certaine euphorie qui régnait depuis la clôture de la campagne électorale, vendredi dernier. Les 5,3 millions de Tunisiens, qui ne désespèrent pas de bâtir une réelle démocratie, ont donc choisi hier entre l'ancien Premier ministre et vainqueur du premier tour, avec 39,43 % des suffrages, Béji Caïd Essebsi, 88 ans, fondateur du parti Nidaa Tounès, majoritaire aux législatives, et Moncef Marzouki, 69 ans, président sortant et si certain de sa victoire malgré ses 33,43 % du premier tour, qui impute une éventuelle défaite à un bourrage des urnes. Tous ou presque ont voté pour tourner la page et aider leur pays, qui vote librement pour son président, pour la première fois depuis son indépendance, en 1956, à progresser dans son processus démocratique. Liberté d'expression oblige, tous ont eu leur mot à dire. Même si une partie sera satisfaite des résultats aujourd'hui, une autre, en sera mécontente. Fait notable, malgré l'échange d'invectives entre les deux candidats, leurs partisans ont montré une maturité exemplaire. Presqu'aucun d'eux n'est allé vers la violence comme en Egypte, par exemple, un pays qui a connu, lui aussi, son « printemps ». « Il est temps de passer à autre chose, d'instaurer des institutions pérennes et de hisser le pays à un niveau meilleur », estiment, à l'unisson, les électeurs tunisiens qui comptent sur ce scrutin et le prochain gouvernement pour « rétablir le calme et la sécurité » et « relancer une économie » anémique avant la révolution. L'armée tunisienne a abattu un homme et interpellé trois autres ayant tenté d'attaquer des militaires gardant une école à Haffouz, près de Kairouan (160 km au sud de Tunis), où était stocké du matériel électoral pour le second tour de l'élection présidentielle. Selon le ministère tunisien de la Défense, « un groupe armé a essayé d'attaquer une unité (...). La vigilance des soldats et la rapidité de leur réaction a fait avorter cette opération et entraîné la mort d'un homme armé d'un fusil de chasse et l'arrestation de trois suspects », ajoutant qu'un militaire a été légèrement blessé à l'épaule, et l'un des suspects à la main. 36.000 militaires sont mobilisés pour sécuriser le scrutin présidentiel et plus de 60.000 sécuritaires sont déployés pour veiller au bon déroulement de l'opération électorale dans les centres de vote et dans les différents circuits des urnes. Les résultats du vote, boycotté quelque peu par les jeunes, qui « ne se reconnaissent pas dans la classe politique tunisienne actuelle », pourraient être annoncés ce soir, selon l'instance électorale (ISIE) qui a cependant jusqu'au 24 décembre pour annoncer l'identité du président pour les cinq prochaines années, un président dont les pouvoirs ont été largement limités par la Constitution, adoptée en janvier, afin d'éviter, dit-on, un retour à la dictature. n Djamel B.


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