Algérie

Les travailleurs de Tonic tiennent une conférence de presse et dénoncent



«Il y a un complot contre le groupe» Trois ans se sont écoulés depuis que la société Tonic est mise sous l’autorité d’un séquestre judiciaire sans qu’on aboutisse à un plan de redressement de l’entreprise à même de sauvegarder les centaines d’emplois. Pire encore, selon les membres délégués de Tonic, rencontrés, hier, à la Maison de la Presse, «la mesure conservatoire prise de placer les sociétés sous séquestres judiciaires sans soutien financier a créé un grand désordre». Pour preuve, ajoutent-ils, «durant la période où Abdelghani Djerrar avait exercé le mandat de séquestre, la production des sociétés Tonic, bien que handicapée par la ponction de 30% de ses recettes pratiquée systématiquement par la BADR et la suppression de toute facilité bancaire, générait un chiffre d’affaires suffisant pour faire face aux besoins urgents de l’exploitation et poursuivre la réalisation des importantes lignes de fabrication. Cette réalité a, notamment, été reconnue par le P-DG de la BADR dans sa déclaration du 2 mai 2007 au doyen des juges d’instruction. La ligne de production de papier tissu a été achevée durant cette période et la réalisation de la ligne de fabrication de carton ondulé lancée et achevée à 90%». Or, et à leur plus grande surprise, les deux séquestres judiciaires qui se sont succédé depuis le mois de mai 2007 à ce jour «n’ont pas pris d’égard pour leur mission essentielle qui consiste à sauvegarder l’investissement réalisé dont l’optimisation de l’exploitation permettant à la BADR de recouvrer ses créances». Il leur est également reproché leur incapacité à «gérer un ensemble industriel aussi complexe, d’avoir retiré aux gérants leur autonomie de gestion, de ne pas avoir privilégié les dépenses qui concourent directement à la production ou à l’économie de charge et d’avoir procédé à des recrutements de leurs connaissances et de leur avoir accordé des avantages sans être formellement autorisés». Les travailleurs de Tonic ne comprennent pas pourquoi le second séquestre, nommé récemment, à savoir M. Abad Daoudi, qui, dès sa prise de fonction, avait avisé tous les partenaires des sociétés Tonic (clients et fournisseurs) que «celles-ci étaient sous administration judiciaire». Conséquence de cette décision: tous les partenaires ont adopté une extrême prudence dans leurs transactions avec les sociétés Tonic. Les crédits pour les achats et le paiement d’avance sur commandes ont été annulés», se désole un délégué. Aussi, la thèse d’un «complot contre Tonic» est beaucoup plus d’actualité chez les nombreux travailleurs présents à cette conférence de presse. Un autre argument économique qui plaide pour cette thèse: Deux audits opérationnels commandés par la BADR auprès des cabinets d’expertises, l’un national (INPED) et l’autre étranger (KPMG) plaident pour cette théorie du complot. Les deux audits sont arrivés presque à la même conclusion. Tous deux ont souligné «la qualité des investissements réalisés», l’absolue nécessité «d’achever, au plus tôt, les restes à réaliser des investissements en cours de finalisation (dont le taux dépasse 90%) et recelant le plus grand gisement de profitabilité». Les deux expertises prévoient toutefois de «réaménager impérativement les crédits pour les rendre davantage compatibles avec la nature des investissements qu’ils ont financés». A ce stade, ils recommandent vivement de «faire fonctionner très rapidement l’outil de production à sa pleine capacité afin de relancer la production et achever les projets» seuls garants pour que la BADR recouvre ses créances. Mais la situation actuelle est loin de répondre à ces recommandations. Le séquestre judiciaire est accusé de vouloir mettre les sociétés Tonic en «état d’abandon». Selon les délégués, le chiffre d’affaires a «chuté vertigineusement» en raison, disent-ils, de «l’absence de matières premières, conjugué à une mauvaise gestion des 8 derniers mois du séquestre judiciaire». Aux camions bloqués au niveau des frontières pour cause de défaut de domiciliation bancaire, à l’import comme à l’export, s’ajoute l’absence de matières premières et pièces de rechange provenant de l’étranger et bloquées au port depuis un mois faute de pouvoir procéder à leur dédouanement. «Le séquestre judiciaire, seul habilité à mouvementer les fonds des sociétés Tonic, est absent des sites depuis le 9 janvier 2008 et ne traite que rarement les dossiers de paiement», s’insurgent-ils. Selon un document transmis à la presse, celui-ci révèle que le rapport envoyé par le séquestre judiciaire au juge d’instruction, la BADR et le séquestre ont décidé le 3 janvier dernier de «n’autoriser que le règlement de certaines catégories de dépenses telles que les assurances, les salaires, la CNAS, les commissaires aux comptes, l’eau et le séquestre judiciaire qu’ils considèrent «utile». Les travailleurs continuent à s’interroger sur cette situation inconfortable, au moment où les expertises judiciaires effectuées dans le cadre de l’instruction en cours ont montré que la réalité de la contrepartie des crédits accordés à Tonic est «évidente» et qu’il s’agit de «réalisations et d’équipements de premier ordre». Selon les experts judiciaires, «les garanties présentées par la société Tonic sont des sûretés légales et suffisantes dont la valeur globale dépasse le montant des crédits accordés». L’enquête judiciaire conclut à «l’inexistence de malversations ou dilapidations de biens publics». En attendant, le P-DG de Tonic, M. Djerrar, est convoqué, le 6 juillet, par le tribunal pénal d’Alger pour répondre de chefs d’accusations de malversations et de fraude. Saïd Farhi
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