Les Temps préhistoriques en Algérie de Nour-Eddine Saoudi, (Vulg. scient.) - Éditions Dalimen, Alger, 2002

La Préhistoire de l’Algérie « approchée »

« Et si le Premier homme sur terre était maghrébin ? » Une éventualité à laquelle on peut rêver en développant les recherches effectuées sur le terrain par Nour Eddine Saoudi, préhistorien auteur du livre Les temps préhistoriques en Algérie paru aux éditions Dalimen en 2002.

Avec Ginette Aumassip, préhistorienne, auteur de L’Algérie des premiers hommes aux éditions Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2001, de Préhistoire du Sahara et de ses abords, éd. Maisonneuve et Larose, 2004, M. Saoudi a animé une causerie à la librairie Mauguin à Blida ce jeudi en collaboration également avec l’historien Djamel Souidi. L’homme civilisé inventant l’agriculture et domestiquant les animaux est apparu en Algérie avant celui de la vallée du Nil.
L’Homo sapiens sapiens - d’il y a 90 000 à 100 000 ans - est connu au Maghreb à travers « le type de Mechta el Arbi, porteur de la civilisation ibéromaurusienne, découvert un peu partout en Algérie ». Un sentiment de fierté ne pouvait être intériorisé, sentiment renforcé encore par l’affirmation de Ginette Aumassip : « La civilisation égyptienne a ses racines dans le Tassili grâce aux idéogrammes trouvés en Algérie et en Egypte. » Les travaux en Préhistoire sont rares en Afrique et délaissés même si un regain d’intérêt est constaté depuis quelques années pour l’immense territoire de l’Algérie.
Cela se confirme avec la récente polémique opposant les chercheurs préhistoriens à la ministre de la Culture sur un supposé détournement d’objets d’art - cf El Watan 21 et 24 janvier 2006 - dans le site de Mankhor et pour lequel les deux parties sollicitent vivement une commission d’enquête. Ce site, étendu sur près de 50 ha découvert il y a une dizaine d’années, atteste de l’existence d’un cimetière de bovidés de l’ère néolithique il y a 4000 ans ; les ossements trouvés sont les premières traces physiques de ce qui est peint et gravé au Sahara central.
Patrimoine national et international, le site a été classé patrimoine universel en 1982. En dehors de la polémique, il est heureux d’apprendre que beaucoup de sites n’ont pas encore été fouillés et que la revalorisation de la recherche scientifique, de la spécialisation dans l’anthropologie, la préhistoire, la paléontologie et autres sciences verront des centaines - voire des milliers ( ?)- d’étudiantes et étudiants occuper le désert algérien pour révéler davantage de richesses. L’invitation au voyage dans le temps permettait de penser à une Mitidja sous la mer, occupée par des poissons autres que ceux qui dirigent le navire actuel.
L’Homo erectus, rameau principal, a donné forme à toutes les civilisations qu’il s’agit de connaître et de préserver. Il était intéressant d’apprendre la présence d’un couple se tenant par la main il y a 10 000 ans, l’adaptation continuelle de l’homme en fonction du climat, les premières traces de gisements matériels à Mansourah avec des galets aménagés il y a deux millions d’années.