Algérie - Revue de Presse



Peut-on prétendre à la culture quand on a faim ? Cette question qui revient souvent dans la plupart des débats sur les schémas de développement n?a pas de réponse. Ou elle en a plusieurs, ce qui revient au même. Un ventre creux ne peut philosopher, tout comme un camion ne peut klaxonner s?il n?a plus de batterie, pour employer une métaphore rapide. C?est dans cet ordre d?idées que j?ai réussi à me faire inviter au f?tour par Khalida Toumi, justement ministre de la Culture. Prétextant monter une exposition sur le port du turban au XVIIe siècle dans la région de Tiaret, je suis arrivé un peu en avance, accompagné de mes qelbelouz associés. Un portier targui de haute lignée m?ouvre la porte en bois sculpté et une jolie servante des Ouled Naïls me conduit au salon décoré de tapisseries du M?zab en 3D et de petites statues grandeur nature du Président. La maîtresse de maison est arrivée tard, à l?heure du f?tour, dans un caftan en or massif. Me saluant vaguement, elle s?est aussitôt assise autour de la table, elle et la douzaine de joyeux Baba Salem qui l?accompagnaient et semblaient beaucoup s?amuser avec la ministre à se lancer des blagues culturelles sur Mascara. La table était évidemment bien garnie, décorée et très raffinée, agrémentée de tulipes vertes, qui viennent du jardin de la Présidence, m?a assuré Khalida Toumi. Au café, pendant une partie de Trivial Poursuite avec les Gnawis, j?ai demandé à Khalida Toumi si elle pensait que la culture pouvait aider à la croissance économique. Elle m?a promis de m?aider pour mon exposition sur les turbans en me donnant l?adresse d?une coiffeuse à Bouira qui maîtrise le sujet. J?ai préféré récupérer mes qelbelouz et les Baba Salem ont entonné un chant patriotique pour mon départ. En sortant, j?avais encore faim. Je suis donc allé manger un frite-omelette en pensant à demain. Le f?tour chez qui ?

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