Algérie

Les syndicats du secteur mitigés




Le président de la République a ratifié en novembre dernier le protocole annexé à la convention générale entre le gouvernement de la République algérienne et celui de la République française, relatif aux soins de santé programmés, dispensés en France aux ressortissants algériens. Désormais, des Algériens peuvent accéder aux soins dans les hôpitaux français et ce, sous certaines conditions. Cependant, ce décret présidentiel ne fait pas l'unanimité chez les représentants des professionnels de santé.Mohammed Bekkat, président du conseil de l'ordre des médecins :
«Je ne comprends pas cette levée de boucliers»
Le professeur Bouzid a récemment qualifié cette décision, dans les colonnes du site électrique TSA, d'«injure». Allant jusqu'à dire que cette ratification «est un mépris vis-à-vis du soignant algérien». Or, Mohammed Bekkat, président de l'Ordre des médecins, estime qu'il s'agit «d'une tempête dans un verre d'eau».
Le président de l'Ordre des médecins rappelle qu'il y a deux ans de cela, la Sécurité française et la Caisse de la sécurité algérienne se sont réunies pour trouver comment épurer les dettes cumulées suite aux soins des patients algériens en France. A l'époque, la Cnas avait expliqué qu'il ne s'agit pas de dettes contractées par la Caisse de Sécurité sociale mais par des patients qui sont en France dans un cadre touristique ou autre et qui se sont soignés dans les hôpitaux français. Le docteur Bekkat poursuit en expliquant qu'il y a eu des négociations entre les deux parties algérienne et française qui ont abouti à un protocole d'accord. Cet accord signé par le Président, dit-il, n'est pas nouveau puisque, depuis toujours, il y a eu des transferts de patients pour des soins à l'étrangers. «Je ne vois pas où sont les cris d'alarme et je ne comprends pas cette levée de boucliers alors qu'il n'y a rien de nouveau», estime le président de l'Ordre des médecins.
Lyes Merabet, président du SNPSP :
«On aurait aimé que ces efforts soient fournis pour améliorer notre système de santé»
Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), dit que son syndicat aurait aimé que ces efforts pour arriver à cette convention soient fournis pour renforcer les moyens humains et matériels du système de santé algérien notamment en matière de formation et de budget. «Nous manquons de moyens financiers et nous souffrons du manque de personnel et de formation, on aurait aimé que l'Etat fournisse des efforts financiers pour diversifier nos structures de santé et créer des instituts de formation paramédicale, des USH, des hôpitaux généraux et des structures légères, qu'elles soient privées ou publiques, on aurait souhaité aussi la mise en place de la carte sanitaire dont on parle depuis des années et qu'on n'arrive toujours pas à mettre en place pour consacrer le réseau de soins et garantir l'accès aux soins à tous les Algériens et permettre l'épanouissement des régions enclavées de l'intérieur du pays», a souligné le représentant des praticiens de santé publique. Selon lui, l'effort d'investissement qu'il faudra faire est de financer en Algérie pour renforcer notre système de santé. Or, dit-il, cette convention ne va pas bénéficier à tous les patients.
Dans ce cas, s'interroge-t-il, pourquoi ne pas signer également des conventions avec d'autres pays comme l'Allemagne, le Canada ou encore les pays du Golfe ' «Nous ne comprenons pas pourquoi aller jusqu'à signer une convention puisque cela va être au profit des Français et au détriment des Algériens, car les structures de santé françaises vont profiter et bénéficier de l'argent des cotisations des travailleurs à la Cnas», a souligné le Dr Merabet qui estime que cet argent doit être investi pour améliorer la prise en charge des patients en Algérie.
Mohamed Youcefi, président du SNPSSP :
«Les cas de transfert doivent être exceptionnels et profiter à tous les patients qui le nécessitent»
Mohamed Youcefi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, juge le principe en lui-même «étant une bonne chose». Cependant, dit-il, il faut que le transfert profite véritablement aux malades qui le nécessitent. «On aimerait qu'il n'y ait plus de transferts mais pour arriver à ça, les pouvoirs publics doivent assumer leurs responsabilités pour régler les problèmes des compétences et des médecins spécialistes en particulier pour que ces compétences restent en Algérie et profitent aux malades algériens car on n'aimerait pas que nos malades partent se soigner à l'étranger loin de leurs proches», a déclaré le porte-parole des patriciens spécialistes. «Les transferts, ajoute-t-il, doivent se faire uniquement et exceptionnellement dans des cas que nous ne pouvons pas prendre en charge en Algérie en raison d'une technique ou d'un matériel que nous n'avons pas, et c'est très rare. Pour le SNPSSP, le transfert à l'étranger lorsqu'il doit se faire doit profiter à tous les Algériens qui le nécessitent, «quel que soit leur niveau social».
S. A.
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