Les sénatoriales bloquent les APC et l'APW

Bientôt un mois après les dernières élections locales et rien ne semble fonctionner normalement au sein des assemblées locales. Autant dire qu'on est en face d'un blocage qui n'a pas eu sa dose médiatique. Il y a près de deux semaines, on avait difficilement procédé à l'installation des têtes d'affiche, les maires et le P/APW en l'occurrence, et on a laissé l'essentiel dans les coulisses des surenchères. « En réalité, tout baigne dans le flou », avouent des élus locaux fraîchement installés. Hormis la commune d'El-Khroub, drivée par le FFS, qui a dispatché les missions au sein de l'assemblée locale en procédant ces deux derniers jours à l'installation des vice-présidents et des commissions, toutes les communes et l'APW de Constantine demeurent encore en stand-by. Selon un avis largement partagé par les élus locaux, le retard de l'installation réelle des assemblées locales est en grande partie lié aux élections sénatoriales, prévues ce samedi 29 décembre. Les partis politiques qui nourrissent l'ambition de décrocher le fauteuil sénatorial ne lésinent pas sur les moyens pour s'assurer les voix des élus locaux, et dans cet esprit, on est en plein marchandage avec les formations politiques minoritaires au sein des assemblées locales et qui ne présentent aucun candidat au scrutin de samedi prochain. « Accordez-nous les voix de vos élus et on vous garantira telle vice-présidence ou telle commission », voilà en substance l'objet des accords qui se tissent à l'ombre. Rien ne peut, donc, fonctionner avant ces élections sénatoriales, car le résultat du vote déterminera les tenants et les aboutissants de toutes négociations en cours.
D'après des sources proches de l'assemblée locale de la commune de Constantine, la première session dont l'ordre du jour est intimement lié à la distribution des tâches est annoncée pour ce dimanche prochain, le lendemain même des élections sénatoriales. L'APW de Constantine quant à elle annonce une session ordinaire sous le même ordre du jour le lundi 31 décembre. L'ombre des sénatoriales qui plane sur les assemblées locales élues ankylose toute action sur le terrain, voire perturbe gravement le fonctionnement des services. A l'image du service contentieux, où l'on doit se prononcer sur les recours introduits par les soumissionnaires aux marchés dans un délai ne dépassant pas les 10 jours, et qui se trouve quasiment paralysé en l'absence d'une distribution des rôles qui tarde à voir le jour.
Des entrepreneurs rencontrés dans les couloirs de l'APC de Constantine ont affiché leur désarroi face à l'absence d'interlocuteurs compétents afin de suivre leurs recours tout en respectant les délais impartis à cette action. Plus grave encore, des parents de malades mentaux se trouvent otages de cette stagnation au sein des assemblées locales. Car, l'internement d'un malade dans un hôpital psychiatrique n'est plus du ressort des procureurs de la République, le dossier des patients doit être soumis aux mairies. Au moins deux cas du genre ont été signalés ces derniers jours, mais leurs dossiers sont demeurés en suspens. Des proches de deux malades mentaux ont tenté d'obtenir une autorisation d'internement auprès d'une assemblée locale élue, mais personne n'a pris en charge les dossiers de ces patients, à cause d'une vacance de responsabilité au sein de la commission de santé, prétexte-t-on, laissant courir le risque d'un développement tragique au vu de la gravité de l'état de santé des malades signalés. L'un de ces deux malades présente les symptômes d'une grave agitation, selon l'un de ses proches qui s'est présenté à l'APC de Constantine pour obtenir une autorisation d'internement. « Il s'est enfermé seul dans une pièce après avoir expulsé tous les occupants de la maison, tout peut arriver », se lamentera l'un de ses proches.
La gestion des affaires publiques n'a pas à subir les enjeux de ces sénatoriales, reconnaît un élu de l'APW de Constantine, non sans soulever l'absence de l'administration qui, vraisemblablement, s'est lavé les mains immédiatement après avoir installé les maires. Alors que la machine est grippée par les toussotements des sénatoriales.