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Les secrets d'un décalage




Entre le bilan quotidien rendu public par le ministère de la Santé, et le constat fait par le personnel médical et les autorités locales, la différence est significative. Elle l'est d'autant plus en ce qui concerne le nombre de décès suite à une contamination au Covid-19. Explication du professeur Belhadj : le ministre de la Santé ne prend en compte que les certificats de décès accompagnés d'analyses PCR positives émanant de l'Institut Pasteur. Tous les cas suspects, confirmés par scanner ou par examen clinique sont exclus des statistiques.Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Jeudi, le président du comité scientifique chargé du suivi du corona virus s'adonnait à l'exercice quotidien de la lecture du bilan des contaminations. Il y faisait état du décès de 10 personnes. Le jour même, la commune d'El Eulma, rendait publique la liste nominative de dix personnes décédées au niveau de l'hôpital local des suites de leur contamination au Covid-19.
Est-ce possible que l'ensemble des décès n'aient été enregistrés que dans une seule commune ' Pas possible puisque dans le détail, le même bilan fournit la liste des wilayas ayant enregistré des décès. Comment expliquer le décalage entre les statistiques officiels et ceux fournis localement ' Le Pr Belhadj explique que «la question s'était également posée au tout début de la pandémie avec le nombre de cas de contaminations.
On était à une centaine de cas, ce qui équivaut à deux cas par wilaya, cela était déjà anormal et maintenant le problème se pose avec les décès». Pourquoi ' «L'état ne prend en considération que les décès avec PCR positive. Il y a des gens qui arrivent décédés, les médecins suite à un interrogatoire, dressent un tableau de détresse respiratoire et concluent à une suspicion de Covid-19. L'APC les comptabilise Covid-19 mais pas le ministère de la Santé».
Et d'ajouter que «lorsqu'ils sont transmis au ministère de la Santé, ils vérifient si la personne a bénéficié d'une PCR de l'Institut Pasteur. Si un certificat de décès n'est pas accompagné d'une PCR il n'est pas pris en compte dans le bilan, ce qui explique cette différence importante et significative». Pour le Pr Belhadj, il est clair que le nombre de décès doit être plus élevé que celui déclaré, ajoutant qu'il fallait également prendre en compte le cas des malades chroniques. Il affirme qu'«il faut compter avec un phénomène qui était prévisible : avec l'arrivée de l'été, il y a des personnes qui décèdent suite à des complications des maladies chroniques (AVC, asthme, diabète). Il s'agit de personnes qui souvent décompensent lorsqu'il fait très chaud et cela est connu même en dehors de l'épidémie du Covid-19. Mais il y a cette relation de co-morbidité étroite et de mariage pathologique entre le virus et les maladies chroniques.
Lorsqu'une personne diabétique par exemple n'arrive pas à se stabiliser et que le Covid-19 est là, ça va très vite, les médecins prennent l'aspect clinique en compte et font le diagnostic de suspicion de Covid-19 en attendant les résultats de la PCR, mais des fois les gens décèdent au bout de quelques heures.
Donc il n'y a pas de preuve virologique et cela explique la différence dans les chiffres». Pour éviter toute polémique au sujet des chiffres, le ministère de la Santé avait décidé de centraliser l'information à son seul niveau.
La réalité du terrain reste cependant difficile à ignorer.
N. I.


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