Algérie

Les salaires, du syndicat et du politique



La fête du travail ou celle des travailleurs selon les repères de chacun, revient marteler l?Histoire, pour nous rappeler que le chômage ne veut rien dire tant que le travail ne veut quant à lui rien dire, non plus.Nous sommes à l?ère du sans emploi riche et du travailleur pauvre et tellement loin de ce monde qui « appartient à ceux qui se lèvent tôt » tant vanté par la bourgeoisie du 18ième siècle. Les bilans c?est autre chose et le bonheur Sarkanoviste n?est plus qu?une illusion d?optique qui a perdu de son esthétisme ouvriériste une fois lézardé le mur de Berlin. Il est vrai qu?individuellement on peut selon les méthodes de chacun, selon les chemins empruntés, régler les choses de la vie, qui se résument chez nous à une habitation décente, un confort relatif, un moyen de locomotion, un beau mariage, une conquête amoureuse, une réussite quelque part, une position sociale déterminée par la possession de biens, par la résolution de problèmes de consommation. Surtout de consommation avec l?érosion du pouvoir d?achat ou du coût de la vie selon l?angle théorique choisi selon la partition. Mais cela est-il suffisant et est-ce le cas pour tout le monde ? Pause. Il se trouvera bien sûr quelques hâbleurs par métier, par vocation ou par hasard pour nous expliquer ce que bonne gouvernance veut dire, que la construction de l?Etat est une affaire de temps, que la colonisation est à la base de tous nos problèmes, que les indicateurs du développement sont à l?orange et pas forcément au rouge. Que l?augmentation des salaires est le fruit d?une bataille syndicale combinée à une volonté politique. Que les choses vont mieux aller durant Bouteflika III. Chacun selon le piège dans auquel il succombe. Mais le piège social, celui qui consiste à reproduire les formes de violences, qu?elles soient politiques, économiques, ou même religieuses par les temps qui courent ; celui qui a fini par faire de l?ignorance une vertu et de la connaissance une honte ; ce piège-là semble s?être refermé définitivement sous nos pieds et nous assistons immobiles, à notre amputation par aveuglement ou par peur de changer d?avis, de se discréditer, de perdre une face déjà érodée par les nombreuses interrogations sans réponse de nos enfants. Par perpétuation de pratiques révolues ailleurs, alors que dans nos discours un autre piège prend forme. Celui qui diffuse l?espoir fantasmagorique tentant de faire croire que des mécanismes en panne peuvent un jour fonctionner avec les mêmes réflexes, les mêmes hommes; pendant que nos ports au lieu d?envoyer notre sueur de plus en plus loin, nous importent la sueur des autres, le sourie au lèvres et la baguette sous le bras. Il n?en a rien été depuis l?indépendance et le regard se dirige de plus en plus vers une classe qui a confisqué la parole et qui a l?avantage de pouvoir se reproduire sans peur de mettre un pays en péril, en invalidité permanente devant ses propres besoins. Et le péril est là, visible, audible, pour peu que l?on arrête de parler pour pouvoir l?écouter. Pour l?entendre nous dire comment dans un pays qui avait tout pour se développer, un milliardaire par hasard, un cadre par incertitude, un pauvre par anticipation, se plaignent tous de la même manière d?une situation que personne ne comprend plus. Et là haut, le silence dans toute sa plénitude. Celui qui se transforme en mépris dès qu?il est interrogé sur les chiffres, sur des comptes à rendre, sur l?avenir. Sur la peur du péril. Là-haut, c?est la confusion et nul n?a l?élégance de dire comment elle se terminera. On peut s?aventurer à étudier le phénomène complexe des harraga à travers la « difficulté de passer des valeurs identitaires aux valeurs sociétales » comme souhaitent le faire les sociologues. Des enquêtes sérieuses et de bonne consistance se basant sur la qualité des perceptions ont révélé des conclusions qui sortent des sentiers battus de cette certitude intellectuelle mortellement fausse et que tout être qui se dit proche du champ de la pensée devrait méditer. On finit par reconnaître que la jeunesse n?est qu?un prétexte à l?étude des phénomènes sociaux et que c?est l?ensemble de la société qui doit être étudié. Conclusion ? Le corps social se débat par perte de valeurs identitaires ou alors il s?en est créé d?autres qui méritent que tout intellectuel digne de ce nom s?y intéresse. Il y va d?une meilleures connaissance de la société, de son histoire, des repères qui la portent et surtout, surtout, de l?avenir. Nous dirons alors que la difficulté n?est pas observable seulement chez les jeunes et les moins jeunes, mais qu?elle doit être superposées avec l?analyse du pouvoir tel qu?il est exercé, tel qu?il a substitué aux images de son discours d?autres images que la réalité lui renvoie à travers les révoltes locales. Comment en effet le pouvoir définit-il l?identité et la mutation de ses attributs en valeurs sociétales alors que durant plus de quarante années il a imposé le silence à cette société ? Il n?y a qu?à suivre les télévisions d?Etat et même privées des pays arabes pour constater que l?architecture des JT s?ouvre toujours sur les activités des chefs d?Etats et particulièrement sur les visites de chantiers. Dans les pays développés ce genre d?évènement ne donne lieu ni au tintamarre habituel propre aux sous-développés, ni à l?alignement de la population sur des trottoirs fraîchement repeints, pour y déverser une hystérie collective qui perpétue l?amour des hommes au détriment de la sérénité constructive, de la vision d?avenir, condition première pour construire une nation. Une vraie. Dans les pays développés lorsqu?un chef d?Etat se déplace hors de son lieu de travail, donc de la capitale du pays, pour inaugurer un ouvrage, ou poser la première pierre d?un projet, c?est que cet ouvrage doit marquer l?Histoire et devenir un repère culturel scientifique, ou technologique par lequel se distingue une nation et qui marquera les générations à venir. D?où vient cet intérêt pour la personne d?un chef d?Etat qui frise le paternalisme dans nos pays ? Tout simplement parce qu?elle incarne chez nous comme dans tous les pays arabes toute l?institution. Parce qu?elle permet toutes les lectures des affaires publiques à travers l?humeur, les gestes, les discours alors que l?arrière-scène cache les disfonctionnement de la machine de la gouvernance précisément. Où se situe alors la place des valeurs identitaires de celles du travail ? Des valeurs sociétales ? Elles prennent tout simplement les chemins de la récupération sous toutes ses formes et se déversent sur la société avec son lot de conflits violents y compris le suicide, le terrorisme et la harga. Voilà les valeurs identitaires qui attendent de se transformer en valeurs sociétales. Sociétales ? Le champ est vierge pour marquer une pause dans la confusion. Il suffit de traverser une frontière occidentale, de flâner à travers des rues, de savoir regarder autour de soi, comment les gens vivent, comment ils sont habillés, de savoir lire sur les visages et les murs, les traces du développement pour comprendre que nos chances d?accéder un jour au bien-être social se sont amenuisées. Y a-t-il alors eu une quelconque « lutte finale » ou serait-elle terminée durant notre sommeil ?



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