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Les sacrifiés de la lutte contre le corona



À Oran, les commerçants sont partagés entre incompéhension et résignation. ils pensent que la décision des autorités ne prend pas en compte leurs préoccupations et celles de leurs familles.Entre fatalisme et incompréhension, les dernières mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 ne passent pas à Oran auprès des commerçants visés par le communiqué du Premier ministre. Si certaines activités sont relativement épargnées par la décision de limitation du temps de leur travail, d'autres, en revanche, sont impactées frontalement par cette dernière.
"Les commerces non essentiels ne seront pas forcément dans le rouge à cause de l'obligation de fermeture à 15h", estime Nabil, revendeur dans un magasin de prêt-à-porter au Centre-ville.
Il ajoute que la situation peut économiquement être difficile à supporter si le gouvernement décide de fermer définitivement ces commerces comme ce fut le cas lors de la première vague de la pandémie. Malgré toutes les précautions d'usage et le respect des normes préventives, la crainte subsiste toujours auprès de commerçants sévèrement touchés par les fermetures de mars et avril derniers.
"Nous étions près du dépôt de bilan", affirme Bachir, gérant d'un magasin de chaussures et de sacs pour femmes, qui avait mis en exergue les charges locatives qualifiées de très importantes. Mais pour d'autres commerces, ces décisions représentent un sérieux danger sur l'avenir même de leurs activités. Le gérant d'un restaurant gastronomique estime que lui et ses pairs ont été pénalisés.
"Sincèrement, nous ne comprenons rien dans ces décisions et je pense qu'à ce stade on aurait dû nous demander la fermeture de nos restaurants, ça aurait été plus simple." Il s'interroge également sur la formule "à emporter" pour des restaurants gastronomiques, un modèle qui s'applique plus pour la restauration rapide.
Pour lui et les professionnels du milieu de la restauration, la réflexion actuelle induite par les mesures gouvernementales s'articule actuellement autour de la suspension de leurs activités le temps de trouver une solution à cette pandémie. "Ici à Oran, les restaurants travaillent surtout la nuit et avec les charges et les salaires, ça devient vraiment problématique", précise-t-il.
Invité à commenter ces mesures, Mouna Mohamed, propriétaire du restaurant "Chez Mani la pêcherie", avoue son impuissance devant "une décision de l'Etat", reconnaissant qu'en l'état actuel des choses, "nous ne pouvons rien faire d'autre que d'accepter". Il évoque son cas personnel, lui qui emploie une quarantaine de personnes.
Un avenir économique bien sombre
"Nous ne pouvons pas les laisser tomber", affirme notre interlocuteur qui estime que la formule de rotation est la plus à même de sauvegarder les emplois. "Je vais les faire travailler par équipes de dix par jour." Lui aussi estime que la formule "à emporter" proposée par le gouvernement n'a pas réellement sa place dans la restauration. "Si seulement il avait laissé les tables en fermant à 15h", regrette-t-il.
Un sentiment unanime partagé par beaucoup de nos interlocuteurs qui pensent que cette décision ne prend pas en compte l'avenir de ses commerces et des familles qu'ils font vivre.
Pour les patrons de cafés et de salons de thé ? les premiers à être concernés par les nouvelles mesures ?, la situation, si elle venait à perdurer au-delà des 15 jours annoncés, pourrait être irrémédiable. "Depuis vendredi, nous n'avons plus le droit de recevoir nos clients à l'intérieur des cafés.
Imaginez un peu le manque à gagner qui en résulte, alors que nous sommes, pour la plupart d'entre nous, locataires et des lieux et de la licence", s'inquiète le gérant d'un café situé à la Pépinière. Mais les plus touchés restent ceux dont l'activité sera complètement gelée à partir d'aujourd'hui, mardi.
Pour Coach Hichem Anseur, à la tête du club sportif amateur "Le départ d'Oran" de sports de combats, cette décision de fermeture, même pour deux semaines, est une mauvaise nouvelle pour une activité qui a terriblement souffert lors des premiers mois de confinement.
"On a annoncé hier (dimanche, ndlr) la nouvelle alors que nous avons repris nos activités le 17 septembre dernier après plus de six mois de fermeture." Une reprise amputée puisque les salles de sport ne pouvaient recevoir que les plus de 16 ans, rappelle-t-il.
"L'activité tournait au ralenti, et depuis octobre, avec la recrudescence des cas positifs à Oran, les gens hésitaient de plus en plus à venir s'entraîner", explique Hichem qui estime que cette fermeture peut sonner le glas de cette activité.
"La dernière fois, j'ai dû m'acquitter de quatre mois de frais de location alors que je n'avais pas travaillé pendant six mois. Pendant cette période, je ne faisais que dépenser et sans une rentrée d'argent en contrepartie. C'est beaucoup pour nous et à la fin, ils viennent nous dire : c'est bon, on ferme."
Pour lui, nombre de ces salles vont certainement ouvrir au noir, sinon, ils fermeront définitivement. Si la plupart de nos interlocuteurs espèrent que ces décisions ne seront applicables que pendant 15 jours, ils estiment d'un autre côté qu'il est préférable de ne pas se bercer d'illusions et que cette fermeture s'étendra bien au-delà de 15 jours.

SaId OUSSAD
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