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Les réseaux sociaux comme un autre diktat




Les réseaux sociaux comme un autre diktat
Il faut dire que sur les réseaux sociaux, on est moins obligés de faire sa démonstration de piété et de pudeur. Il suffit de quelques citations coraniques ou de sunna par-ci par-là pour faire l'affaire.Ramadhan l'impose, l'Algérie semble être en berne. Elle devient un pays fantôme du matin jusqu'à l'heure de la rupture du jeûne. Il y a un parallélisme entre la réalité au ralenti et l'activité sur la Toile. En fait, les gens sont avachis devant leurs micros et leurs télés et ne font que bouger le petit doigt. «Dans les réseaux sociaux, nous avons nos têtes en dehors de nous-mêmes», comme le résume si bien Dehbia Ammour, doctorante en sciences de l'éducation à Paris VIII. Pour Mme Ammour qui consacre à ce sujet tout un chapitre dans sa thèse, la société immatérielle réussit à connecter librement et à devancer de très loin la société du spectacle à sens unique...Elle est en plein essor vu qu'elle répond à des besoins instantanés.«L'oeuvre d'une utopie qui à elle seule, traduit une réalité possible qui pousse l'individu dans une course effrénée...Pour satisfaire ses besoins avec une urgence jamais égalée. Il y a juste une tromperie de la «société de la connaissance», c'est un leurre qui nous capte... Elle est dans un contrepoids par rapport à toute la lourdeur, la lenteur... comme une catharsis», explique encore Mme Ammour. Pour les besoins d'un constat plutôt «brut», on peut dire que les internautes concernés par le Ramadhan sont plus naturels virtuellement, plus libres, une liberté qu'on ne sent pas dans la vie de tous les jours. Donc, «je déduis que par hypocrisie sociale imposée derrière les écrans, la liberté se permet tous ses jeux de rôle. On est moins condamnés, du coup plus libres», soutient J. Bendiha, un jeune Batnéen, ajoutant avec humour: «On reprend cette liberté accessible les 11 autres mois de l'année, mais dans le parallèle. On ne jeûne pas, on fume et on fait l'amour. Tout ce que tous les autres conventionnellement hypocrites ne font pas par conviction spirituelle innée.»«Facebook n'a jamais été aussi animé qu'en cette période», remarque pour sa part Sonia, une internaute algérienne basée à l'étranger. «Moi j'adore Facebook. Etant loin de ma famille cela me permet de garder le contact avec eux. Il y a aussi les amis avec leur délire qui ne peut être que virtuel, car souvent on n'ose ni dire ni faire des choses dans la réalité», raconte-t-elle. Les journées sont longues, le quotidien est au ralenti, la vie s'arrête presque... Que faire' On s'installe alors derrnière son ordinateur et on y découvre un autre monde. Un monde plein de vie. Des statuts par-là, des commentaires par-ci, et c'est toute la terre qui est réunie.«Pendant le mois sacré rien d'intéressant ne se passe, mis à part quelques bagarres. Qu'y a-t-il de mieux pour étancher cette soif de curiosité' Les réseaux socio pardi! On est en intrusion complète dans la vie des gens. Des photos et encore des photos, une vie en cliché...», poursuit Sonia.Il faut dire que sur les réseaux sociaux on est moins obligés de faire sa démonstration de piété et de pudeur. Il suffit de quelques citations coraniques ou de sunna par-ci, par-là pour faire l'affaire et retourner vite fait à la nature humaine et au fin fond de la pensée. Il y a aussi peut-être que le fait de passer autant d'heures quotidiennement avec autant de gens, tarit la logorrhée de plaidoirie de conformisme social pour revenir sitôt à la nature.La souplesse des règles d'administration et d'absence de force physique de contrainte, l'anonymat de beaucoup d'internautes (surtout les filles) permettent de ne pas avoir à encaisser le retour de manivelle des avis exprimés, ce qui dans la rue donnerait lieu à un vrai lynchage. Enfin, le Ramadhan ne fait qu' accentuer un fait... «l'engagement physique demande plus de courage.. mais pour cela il faut être conscient!», et Facebook peut aider à cela.




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