Algérie - Revue de Presse

« Les raisins de la colère »



Il n?y a rien de plus détestable et injuste qu?une société à deux vitesses. Froide comme les eaux de la Tamise, elle accorde et dispense ses privilèges avec insolence et désinvolture aux heureux élus, parce que tel est son bon vouloir. Aux uns, les délices d?une existense bienheureuse, et aux autres, les tourments d?une vie faite de manque, de difficultés, de problèmes insupportables. Elle enchaîne les petites gens dans un misérable réseau de défaillances, de lacunes qui perdurent indéfiniment et s?enracinent dans une quotidienneté difficile. Les colonnes des journaux n?arrêtent plus d?égrener les plaies, de remuer le couteau dans des « blessures » qui tardent à guérir. Sitôt que l?on entreprend une virée dans les cités et les quartiers populaires, l?acte devient presque synonyme d?une plongée dans l?absurde que les citoyens dénoncent et vilipendent abondamment. Tout s?étale et se déballe avec une colère à peine contenue, un courroux difficilement maîtrisé. Les citoyens tempêtent et vitupèrent contre des réflexes pétrifiés, paralysés par l?inaptitude à changer le cours des choses. Les routes défectueuses, la saleté repoussante, l?absence de loisirs sains, les goulots d?étranglement et tutti quanti. L?âme excédée, ils pointent un doigt accusateur vers ceux qui sont chargés de veiller sur leurs intérêts, de prodiguer des solutions et des remèdes à leurs maux. Les propos sont souvent peu amènes, durs, intraitables. Vrais coupables et boucs émissaires sont épinglés, cloués au pilori. On fustige la gabegie et on taille des croupières à ceux qui ne veulent ou ne savent pas prendre le taureau par les cornes, nettoyer les écuries d?Augias, faire table rase. Tant de carences que l?on refuse de supporter et d?accepter. Chasser le naturel, il revient au galop. S?impose alors la nécessité de réduire les inégalités. Ce qui est loin d?être une sinécure. Il faut le reconnaître.
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