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Les pressions politiques sur les annonceurs se confirment



Les pressions politiques sur les annonceurs se confirment
Les autorités algériennes ont nié l'existence de ces pressions politiques dans la gestion du portefeuille de la publicité. L'affaire Ooredoo, parce que c'en est une, pose la problématique du respect de la souveraineté nationale.S'il fallait une confirmation des pressions exercées par le pouvoir via le ministre de la Communication et d'autres antennes relais sur les annonceurs d'abord publics, ensuite privés nationaux et étrangers pour boycotter les titres de la presse dont la ligne éditoriale est critique vis-à-vis du pouvoir, c'est désormais fait !C'est le patron de l'opérateur de téléphonie mobile Ooredoo, Joseph Ged, qui a été chargé de jouer le rôle d'épouvantail en maniant la carotte et le bâton à l'endroit de la presse algérienne. La messe a été dite contre la presse privée qui pousserait l'outrecuidance de critiquer selon un ordre de priorité, d'abord l'opérateur de téléphonie, ensuite le Qatar et enfin le pouvoir algérien.Cela s'est fait de manière solennelle et officielle en présence du ministre de la Communication, M. Grine, qui se délectait manifestement de cette ruade à l'encontre la presse algérienne. Depuis sa nomination à ce poste, c'est l'unique dossier qui mobilise son énergie au sein de son département ministériel.Les propos et les «idées» véhiculés par le patron d'Ooredoo au cours de ce dîner qui a provoqué une indigestion dans la profession ? auprès des confrères qui ont une autre perception de la liberté de la presse et du respect de l'éthique et de la déontologie ? sont, à la virgule près, les mêmes que les leçons de journalisme sur les fondamentaux de la liberté de la presse dispensées par M. Grine depuis son arrivée à la tête du ministère de la Communication. La partition apparaît en effet bien réglée.Le patron d'Ooredoo s'est cru suffisamment puissant pour dire tout haut ce qui a été secrètement négocié dans les alcôves du pouvoir pour briser les reins aux titres jaloux de l'indépendance de leur ligne éditoriale. Les autorités algériennes, à leur tête le ministre de la Communication, ont eu jusqu'ici le beau rôle de nier l'existence de ces pressions politiques dans la gestion du portefeuille de la publicité.Les masques sont tombésA l'inverse, des gestionnaires d'entreprises publiques, des patrons d'entreprises privées nationales et étrangères ont admis, en privé, faire l'objet d'un chantage odieux pour orienter leur budget publicitaire vers des titres, dont la liste est établie ailleurs que dans la sphère de l'entreprise.A présent que les masques sont tombés, montrant le système dans toute sa laideur, que faire pour protéger la liberté de la presse qui est un acquis historique non pas tant seulement pour les professionnels des médias algériens, mais aussi pour tous les Algériens pour qui la presse constitue l'ultime recours pour faire entendre leur voix. D'autant que l'affaire Ooredoo, parce que c'en est une, pose la problématique du respect de la souveraineté nationale. Aujourd'hui, c'est un partenaire économique à capitaux qataris qui met en demeure la presse algérienne de se mettre au pas et au service du Qatar.Si on ne met pas le holà, d'autres grosses boîtes étrangères présentes en Algérie, de connivence avec le pouvoir en place, pourraient également être tentées de vouloir dicter à la presse algérienne sa ligne éditoriale pour en faire un outil de propagande au service de leurs intérêts exclusifs et de leur pays. La corporation de manière solidaire, au-delà des calculs d'épicier, la classe politique, les parlementaires attachés aux valeurs démocratiques, la société civile doivent réagir, interpeller le gouvernement sur cet assassinat en direct de la liberté de la presse.Les réseaux sociaux qui se sont enflammés à la suite de cette déclaration de guerre contre l'honneur et la dignité de la corporation et plus largement de l'Algérie, pays et nation, ont montré la voie à suivre. L'histoire a démontré, à travers certaines expériences dans le monde, comment, par des actions citoyennes, des peuples ont fait plier et déjouer des calculs de multinationales, toutes puissantes soient-elles, qui complotent dans leur dos.





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