«Ô occupant, cette terre est la nôtre, l'Histoire est la nôtre et les racines sont les nôtres. Aujourd'hui, l'esprit que je pensais avoir perdu m'est revenu. Nous allons retourner à nos belles maisons détruites », ce sont les mots d'une jeune fille de Ghaza, lancés en direct devant la caméra d'Al Jazeera, pour décrire sa joie de pouvoir retrouver le nord de l'enclave après plus de 15 mois de bombardements sionistes intenses.
C'est probablement le même sentiment des centaines de milliers de personnes déplacées qui ont, dès l'aube de lundi, emprunté le Boulevard Er-Rasheed, sur la côte ouest de Ghaza, pour revenir vers leurs terres à Jabaliya, Beit Lahia, Beit Hanoune, Al-Zahra, Oum En-Nasr, Al-Majdal, Djuhr Al-Deek, Al-Qobba, et la ville de Ghaza.
Le flux humain était impressionnant, estimé par un correspondant d'Al Jazeera à « près d'un million » de citoyens originaires du nord de Ghaza. Des femmes, des enfants, des jeunes, des vieux ont emprunté, à pied, le Boulevard Er-Rasheed, vers le nord de Ghaza, en passant par l'axe Netzarim après le retrait partiel des chars et autres blindés de l'armée d'occupation sioniste.
Quelques heures plus tard, en milieu de matinée, c'était au tour des ghazaouis véhiculés qui attendaient sur le flanc est de l'enclave, d'entamer le chemin du retour vers la ville de Ghaza et le gouvernorat du nord, immédiatement après la mise en place du portique de sécurité pour détecter aux rayons X toute présence d'armes à feu ou explosifs dans le convoi, comme le prévoient les termes de l'accord de cessez-le-feu.
Le retour des personnes déplacées vers le nord de Ghaza figurait, depuis le début, parmi les plus importantes exigences sur laquelle ont insisté les négociateurs du Hamas, en coordination avec les autres factions de la résistance palestinienne. Ce dénouement, au bout d'un blocage de près de 48 heures, a eu lieu après le règlement, tard dans la soirée de dimanche, du cas de Arbel Yehuda, qui sera finalement libérée avant vendredi, avec deux autres codétenus, dans une étape intermédiaire, en plus de celle qui aura lieu samedi prochain comme convenu dans l'accord. Citant des sources palestiniennes, Al Jazeera a rapporté que c'est « la résistance (qui) a proposé d'augmenter le nombre de prisonniers dans le processus d'échange » du cas d'Arbel. « La proposition d'augmenter le nombre de prisonniers israéliens libérés avant vendredi est une initiative de la résistance à Ghaza, et non pas dans le cadre des négociations ». Cette précision intervient après l'annonce par le cabinet du Premier ministre sioniste que Yehuda sera libérée en compagnie du « soldat Agam Berger et une autre personne », laissant entendre que c'est grâce aux pressions exercées sur le Hamas que ces trois détenus seront libérés en même temps.
Par ailleurs, toujours selon Al Jazeera, la source de la résistance affirme que « le nombre de prisonniers israéliens vivants concernés par la première phase de l'échange est plus important que prévu et est suffisant pour qu'un échange dure plus de 6 semaines ».
La résistance palestinienne a, en effet, annoncé que sur les 33 prisonniers israéliens concernés par la première étape de l'échange, 25 sont vivants. Cette précision implique que le nombre de prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes sera plus important que prévu. Vers 17h (localement), le flux humain de personnes déplacées se dirigeait toujours vers le nord de Ghaza, transportant quelques bagages, parfois des tentes. Pour certains, la distance à parcourir est de plus de 20 km s'ils sont venus de Rafah et Khan Younes au sud de l'enclave. Dans un communiqué diffusé la matinée sur Telegram, le Bureau des médias du gouvernement de Ghaza, a indiqué que «plus de 5.500 employés de toutes les agences, ministères et institutions gouvernementales, travaillent actuellement pour faciliter le retour des personnes déplacées des gouvernorats du sud et du centre vers Ghaza et les gouvernorats du nord». Pour abriter temporairement ces centaines de milliers de personnes déplacées, le gouvernement estime que les « besoins d'urgence » est de « 135.000 tentes et caravanes », rappelant que le niveau des destructions des habitations par les bombardements de l'armée d'occupation israélienne dans les deux gouvernorats « a atteint plus de 90% ». Le communiqué a également appelé « la communauté internationale, les organisations internationales et les pays arabes à ouvrir les points de passage et à apporter des fournitures de base pour abriter notre honorable peuple palestinien ».
La Jordanie et l'Egypte rejettent la proposition de Trump
La Jordanie a réagi, par la voie de son ministre des Affaires étrangères, aux propos de Donald Trump qui a annoncé, samedi soir, avoir proposé au souverain hachémite de transférer les Palestiniens de Ghaza vers plusieurs pays arabes, citant également l'Egypte.
La réaction du ministre des Affaires étrangères de la Jordanie, Ayman Al-Safadi, est venue en fin de journée de dimanche, lors d'un point de presse avec la Coordinatrice de haut niveau de l'action humanitaire et de la reconstruction à Ghaza, Sigrid Kaag, consacré à « l'acheminement de l'aide dans l'enclave ». « La solution à la question palestinienne est une solution palestinienne, la Jordanie est pour les Jordaniens et la Palestine est pour les Palestiniens », a déclaré Al-Safadi. « Notre position est que la solution à deux États est la voie à suivre pour parvenir à la paix, et notre rejet du déplacement est ferme et immuable », a-t-il ajouté, dans une réponse indirecte, mais claire, à la proposition de Trump, tout en affirmant la disponibilité de la Jordanie de « travailler avec la nouvelle administration américaine » et « soutenir les efforts de paix dans la région ». L'Autorité palestinienne (AP) a annoncé, dimanche également, son rejet de « tout projet de déplacement des habitants de Ghaza ». Dans une déclaration rapportée par l'Agence officielle Wafa, la présidence palestinienne a exprimé « son ferme rejet et sa condamnation de tout projet visant à déplacer la population de la bande de Ghaza, ce qui constitue une violation des lignes rouges contre lesquelles nous avons mis en garde à plusieurs reprises ». « Le peuple palestinien n'abandonnera pas sa terre et ses lieux saints », ajoute l'AP et affirme : « nous ne permettrons pas que se répètent les catastrophes qui ont frappé notre peuple en 1948 et 1967, et notre peuple ne partira pas. » L'Egypte a également réagi, par la voie de son ministère des Affaires étrangères, réaffirmant son « soutien continu à la détermination du peuple palestinien sur sa terre, à ses droits légitimes sur sa terre et sa patrie, ainsi qu'aux principes du droit international et des traités internationaux », rapporte également Wafa.
Le MAE égyptien a exprimé son « rejet de toute atteinte à ces droits inaliénables, que ce soit par la colonisation ou l'annexion de territoires, ou par le déplacement ou l'encouragement au transfert ou au déracinement des Palestiniens de leurs terres, que ce soit temporairement ou à long terme », considérant que ces tentatives sont une «menace à la stabilité de la région» et «compromettent les chances de paix et de coexistence entre ses peuples».
La même source ajoute que «l'Egypte a appelé la communauté internationale à travailler pour commencer la mise en œuvre effective de la solution à deux États, y compris la création de l'État palestinien sur l'ensemble de son territoire national, et dans le contexte de l'unité de la bande de Ghaza et de la Cisjordanie y compris Al-Qods-Est, conformément aux résolutions de la légitimité internationale et aux lignes du 4 juin 1967 ».
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : se rebiffer pour recouvrer toute sa souveraineté ...
Source : www.lequotidien-oran.com