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Les personnes aux besoins spécifiques s'insurgent


Les personnes aux besoins spécifiques s'insurgent
« Il s'agit d'une discrimination et d'une injustice. On ne doit mentionner que les signes particuliers au niveau du visage, puisque ça concerne seulement la photo d'identité, mais j'étais surprise, au niveau de la daïra d'Hussein Dey, de trouver sur ma carte d'identité la mention handicapée », s'insurge Shahinez, une handicapée physique, soulignant qu'elle n'a nullement « honte » de sa situation mais son identification, comme tel, n'est pas justifiée. Zahira a eu la même mauvaise surprise, elle qui souffre d'un handicap à la jambe gauche. « En 2002, quand j'ai établi ma carte nationale, il n'y avait marqué dessus aucune observation, mais en 2014 lors de son renouvellement, on y a porté mon handicap comme caractéristique. Je veux bien savoir l'utilité de cette mention, d'autant que seules des anomalies physiques sur le visage doivent être déclarées », enrage-t-elle. Commentaire : « C'est un manque de considération et une atteinte à la dignité des personnes handicapées ». Ali, un handicapé physique, refuse toute mention sur un document officiel, y compris celle concernant le visage. « Pourquoi, dans ce cas, ne mentionne-t-on pas qu'une personne est noire ' Ça concerne le visage, pas le physique », lance-t-il. Une jeune fille portant le foulard, candidate au baccalauréat, a confié qu'elle a refusé d'établir une carte d'identité nationale malgré sa nécessité pour passer son examen. « J'ai une malformation à l'oreille suite à un accident. On m'a dit qu'on va mentionner que j'ai l'oreille coupée alors que je porte le foulard. C'est une humiliation », estime-t-elle. Face à cette situation et suite à plusieurs plaintes, la Fédération algérienne des personnes handicapées a saisi par écrit la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) pour prendre des mesures urgentes, notamment la suppression de cette mention.Les femmes se plaignent le plusMais cela n'est pas si simple. Au service carte d'identité nationale et passeport de la daïra d'Hussein Dey, la responsable du service, Bendali, signale que la mention existe bel et bien dans la loi élaborée par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. En outre, la mention « handicapé » figure parmi les signes particuliers. « Nous n'avons pas inventé cette application. Elle existe depuis les années 1970. Elle comporte 36 cas de signes particuliers comme les handicaps moteur et mental, aveugle, chauve, borgne, amputé... Cette indication est obligatoire sur le formulaire de la demande, sinon le dossier sera rejeté et l'intéressé sera contraint de refaire le formulaire. Dans ce genre de situation, la case de la mention ne peut être néant », explique même la responsable. Selon elle, grâce à la mention « handicap », des problèmes ont été réglés. Elle cite l'exemple des handicapés mentaux. « Ces personnes ne peuvent pas se porter correctement, dans la majorité des cas, lors de la prise de photos. Mais grâce à cette indication, les photos ne sont pas refaites et le dossier n'est pas rejeté », précise-t-elle. Cette mesure est appliquée dans la majorité des daïras de la capitale. A la daïra de Sidi M'Hamed, on contrôle systématiquement le port de la mention du signe particulier. « Les demandeurs évitent de remplir la case des signes particuliers correctement, notamment les jeunes filles. Elles refusent la mention de tout signe à l'exception du port de lunettes, alors que les hommes n'ont pas ce problème même s'il s'agit d'une cicatrice ou d'une malformation, ce qui nécessite une vérification, surtout lors de la prise de la photographie. On a eu affaire à des personnes qui avaient des yeux globuleux mais qui mentionnaient juste le port de lunettes. On a été contraints de refaire la photographie à plusieurs reprises », affirme un employé de la daïra.Me Ksentini : « Ils ont raison »Le président de la CNCPPDH, Me Farouk Ksentini, qualifie la réaction des personnes aux besoins spécifiques de « légitime ». « Les handicapés ont complètement raison puisqu'ils détiennent déjà une carte de handicapé. Quelle est l'utilité de cette mention ' », s'interroge-t-il. De ce fait, il annonce qu'il va saisir le ministère de l'Intérieur pour la suppression de cette indication.Les précisions du ministère de l'IntérieurAu ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, on signale que cette circulaire ne date pas d'aujourd'hui. Il s'agit d'un formulaire que chaque demandeur doit remplir avec des renseignements exacts et précis, notamment avec la mise en œuvre de la carte d'identité et du passeport biométriques. « La mention « handicapé » est, au contraire, une forme de protection pour ces personnes notamment dans les aéroports ou autres lieux, pour une meilleure prise en charge. De même pour les handicapés mentaux. Les enquêtes des services de sécurité ont traité plusieurs cas de détournement d'argent et d'établissement de registres du commerce dont ont été victimes des personnes ayant un handicap mental. Cette mention est une mesure préventive pour ces personnes. Les signes particuliers mentionnés sont préventifs également contre des tentatives de falsification des documents ou leur usage à des fins criminelles », affirme un cadre du département de Tayeb Belaïz. Reste que pour la Fédération algérienne des personnes handicapées, il existe une carte de handicapé qui permet d'avoir droit à des avantages prévus par la loi. « Il est inutile de stigmatiser les personnes handicapées dans tous les documents officiels », affirme la F édération dans un communiqué de presse rendu public hier.


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