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Les Palestiniens, futures victimes du rapprochement entre Israël et l'Arabie Saoudite


En octobre déjà, des indices laissaient entendre que le rapprochement initié il y a quelques années entre l'Arabie Saoudite et Israël allait s'accélérer.Salmane Al Ansari, un lobbyiste saoudien très influent, avait écrit à l'époque dans le journal américain The Hill, qu'une alliance entre l'Arabie Saoudite et Israël serait souhaitable «dans l'intérêt du Moyen-Orient» pour «promouvoir la sécurité et affaiblir l'extrémisme dans la région». Et qu'Israël était même en mesure d'aider le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) à diversifier son économie pour la sortir de la dépendance aux hydrocarbures.
Officiellement, les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques, même si depuis le début des années 1980, Riyad s'est de plus en plus impliquée dans les négociations de paix pour résoudre le conflit israélo-palestinien, notamment à travers l'initiative de paix de la Ligue arabe, aussi connue sous le nom d'«initiative saoudienne», en 2002 puis en 2007, qui prévoyait une normalisation des relations entre les pays arabes et Israël.
En échange, Israël devait se retirer des Territoires occupés. Sur le plan économique, en revanche, les relations sont beaucoup plus fluides. Israël vend, par exemple, des produits agricoles à l'Arabie Saoudite, qui elle, lui vend ses produits de l'industrie pétrochimique. Le quotidien britannique The Times révélait en juin dernier qu'Israël et l'Arabie Saoudite cherchaient à développer leurs relations commerciales via des mesures progressives comprenant, notamment, l'implantation d'entreprises israéliennes en Arabie Saoudite.
L'idée aurait même été lancée de laisser les avions de la compagnie israélienne El Al traverser l'espace aérien saoudien pour se rendre en Inde. Autres signes qui ne trompent pas : en octobre, le prince Turki Al Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, a participé à un débat dans une synagogue de New York aux côtés d'Ephraïm Halévy? ex-directeur du Mossad. Et le 21 novembre, Mohamed Abdelkrim Al Aissa, ex-chef des services de renseignement, bras religieux des Affaires étrangères saoudiennes, visitait la Grande Synagogue de Paris.
Mercredi, ce rapprochement a pris un ton plus officiel : le ministre israélien du Renseignement a déclaré que le gouvernement israélien invitait Mohammed Ben Salmane à venir en visite en Israël. Il faut dire que les deux pays se sont trouvés un ennemi commun et «absolu» : l'Iran. Et que lui seul suffirait à reconfigurer les relations diplomatiques ? l'Egypte et la Jordanie étant les deux seuls pays arabes à reconnaître Israël. En juin 2015, le directeur général des Affaires étrangères, Dore Gold, et l'ancien conseiller du gouvernement saoudien, Anwar Eshki, s'étaient entendu pour déclarer que l'Iran constituait «une menace à la stabilité régionale».
Pour Riyad, qui perd du terrain au profit de l'Iran en Syrie et au Yémen, la perception de la menace aujourd'hui n'en est que plus grande. Yisrael Katz, qui est aussi ministre des Transports et membre du cabinet restreint chargé des questions stratégiques, a également évoqué cette invitation dans un entretien au site d'informations en ligne Elaph, fondé par un homme d'affaires saoudien et basé en Grande-Bretagne. Katz, qui parle d'un «grand potentiel de coopération» entre deux pays contre l'Iran, a même précisé par la suite : «Il s'agit d'une demande, je ne peux dire qu'il y a eu une coordination sur ce sujet [avec les Saoudiens] et il est évident que cela ne se produira pas demain.» Mais le changement de politique est déjà amorcé, comme en témoigne l'entretien que le chef d'état-major israélien, le général Gadi Eisenkot, a accordé la semaine dernière à Elaph, où il déclarait qu'Israël était «prêt à collaborer et à échanger des renseignements» avec Riyad. Et ce sont les Palestiniens qui pourraient, les premiers, en faire les frais.
Car selon des informations divulguées par des diplomates, Riyad serait prête à céder sur les droits des Palestiniens au retour, dans le cadre d'un accord de paix négocié par les Etats-Unis. Preuve que les propos du roi Salmane, déclarant mercredi que les Palestiniens avaient «le droit» de proclamer Jérusalem-Est capitale, n'ont que peu de valeur : le New York Times révélait au début du mois que Riyad avait proposé aux Palestiniens de choisir Abu Dis comme capitale. Cette petite ville, près de Jérusalem-Est, est séparée de la ville par le mur servant de barrière de séparation qui, depuis sa construction, empêche de nombreux habitants de la ville de se rendre à Jérusalem.


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