Algérie - Revue de Presse

Les nouveaux pénitenciers




Le gouvernement entend tracer « une nouvelle politique » carcérale. L?idée est expliquée par le ministre de la Justice à la faveur d?un débat à l?APN sur une loi portant organisation des prisons. L?ordonnance, qui date du début des années 1970, est désuète. Au-delà de la révision des textes, les autorités veulent construire de nouveaux pénitenciers. Ce qui n?est pas réjouissant. Ouvrir plus de prisons signifie moins de liberté. L?argument avancé est que les maisons carcérales sont « surchargées ». Ce qui est vrai. Ils sont presque 42 000, selon les statistiques officielles, à s?entasser dans des cellules exiguës. Des cellules qui, dans la plupart des cas, ne répondent à aucune norme humanitaire. A quoi est due la surcharge ? D?une manière presque mécanique, les magistrats instructeurs et les procureurs recourent à la détention provisoire. Réflexe hérité d?une longue période de lecture restrictive des procédures pénales, elles-mêmes écrites dans l?esprit du parti unique. Période durant laquelle la présomption d?innocence et la liberté provisoire étaient des exceptions. Aussi, les prévenus viennent-ils « renforcer » les rangs de ceux qui purgent leur peine ou ceux qui attendent l?aboutissement, souvent tardif, des procédures de recours. L?abus de la détention provisoire n?est pas une invention. Le ministre de la Justice le sait. Autant que le chef du gouvernement qui a connu, en tant que ministre, les failles du système. Sur les 127 prisons que compte le pays, 59 ont été bâties avant...1900. Serkadji à Alger est un exemple édifiant. Les mutineries successives du printemps 2002 dans les prisons avaient mis à nu la situation déplorable des détenus. L?administration a diligenté des enquêtes sur les raisons de ce soulèvement qu?on a voulu circonscrire dans des « considérations » politiques. Les enquêtes n?ont pas été rendues publiques à ce jour. Les autorités avaient pourtant promis de le faire. Il est évident que les prisonniers ne s?étaient pas révoltés pour rien. Une étude réalisée par l?administration pénitentiaire a constaté la propagation de la toxicomanie et des psychopathologies dans les prisons. Et ce n?est que la partie apparente de l?iceberg. Les conditions sanitaires sont déplorables. La ration alimentaire est loin d?être suffisante. Le comportement des gardiens n?est pas le meilleur du monde. Alors l?intérêt est-il dans la construction de nouvelles prisons ou dans la réforme réelle et efficace du système judiciaire ? L?intérêt pour la société n?est-il pas dans l?amélioration du niveau des juges et des auxiliaires de la justice ? « La réinsertion » sociale des détenus ne peut pas se suffire de discours ou de lois « révolutionnaires »





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