Algérie - A la une

Les mosquées, la chose et son contraire


Nous avions finalement tout faux. Nous pensions, au début de la crise pandémique, que les rassemblements générés par les prières collectives étaient un réel danger. Un de plus et certainement pas des moindres dans la propagation de la maladie. La crise sanitaire mondiale a charrié beaucoup de « confrontations des idées » entre spécialistes. Une confrontation qui s'est naturellement prolongée au sein des collectivités humaines et des individus où chacun adhérait à la thèse qui lui paraissait la plus convaincante. Il y a, cependant, une chose qui a fait quasiment l'unanimité : le virus n'a pas de choix pour ses « moyens de transport ». Et pour cause, il en a un seul : l'Homme. Plus il y a de personnes dans un même endroit, plus la propagation se multiplie. En l'occurrence, il n'est nul besoin de rappeler le caractère populaire des mosquées et ce que cela implique comme proximité physique qui en fait des espaces « privilégiés » de transmission du virus. La fermeture temporaire des mosquées a été favorablement accueillie, sans susciter de vagues comme d'aucuns le redoutaient. Elle a soulagé d'abord par son utilité dans le combat contre la pandémie, ensuite pour ce qu'elle a induit comme « aération » psychologique : on s'est dit que si les gouvernants, d'habitude si frileux sur tout ce qui a trait au religieux, ont eu le courage politique de prendre une telle décision, c'est qu'ils prendront toutes les autres qui seraient utiles, quitte à froisser des pans de la société qui ne sont pas forcément préparés à accepter toutes les contraintes. Autant dire qu'on pensait être ainsi sur la bonne voie. Paradoxalement, c'est maintenant que l'inquiétude est à son comble en raison de la tendance dans l'évolution de la situation pandémique qu'on décide de la réouverture « progressive » des mosquées. Et de nous expliquer que les mosquées, ouvertes aux Algériens, vont... contribuer à la lutte contre le coronavirus. On nous explique que les « maisons de Dieu » vont servir d'exemple dans le respect des mesures-barrières, que les « fidèles » sont naturellement les plus pointilleux quant à la préservation de la santé de la communauté nationale et les imams vont délivrer la bonne parole pour nous convaincre de sauver nos vies, après avoir sauvé nos âmes. Dans la vraie vie, le virus est plus volumineux que jamais. Il n'a toujours pas trouvé un nouveau moyen de transport. Les Algériens non pratiquants ne sont pas vraiment les moins responsables dans leur comportement face à la pandémie. Et enfin, si les imams en service commandé pouvaient convaincre de quelque chose, on l'aurait su depuis longtemps, étant régulièrement sollicités pour d'autres missions. Puisque du point de vue sanitaire, les choses ne s'améliorent pas, bien au contraire, qu'est-ce qui peut bien motiver la réouverture des mosquées ' Il suffit peut-être de nous dire qu'on a finalement... tout faux.S. L.


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