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«Les mineurs de plus en plus visés»



«Les mineurs de plus en plus visés»
Entretien réalisé par Asma BersaliLe fléau de la drogue n'épargne personne. Qu'en est-il des mineurs 'La toxicomanie touche toutes les franges de la société et plus spécialement les jeunes. Les mineurs représentent les futurs toxicomanes qui achèteront ces substances à n'importe quel prix. D'après les chiffres que nous détenons, sur un total de 2086 affaires traitées durant le premier semestre 2015, 75 mineurs impliqués ont été recensés.D'après mon expérience dans ce domaine et mon contact avec les enfants, j'ai constaté que la première expérience du mineur avec ces substances est à l'âge de 10-11 ans. Il commence avec une simple cigarette puis s'adonne, au fur et mesure qu'il grandit, aux différentes sortes de drogue. Généralement, les parents ne s'en rendent compte qu'après que l'enfant est devenu dépendant.Quels sont les types de drogue les plus consommées 'Comme je vous l'ai dit, il commence avec la cigarette. Viennent ensuite le cannabis puis les psychotropes. Ces derniers sont les plus consommés par les jeunes sujets. La drogue plus connue et la plus répandue aujourd'hui est l'ecstasy. Sa consommation, très à la mode chez les mineurs, est favorisée par plusieurs facteurs, dont son introduction dans les paroles de certaines chansons. La consommation de drogues chez les jeunes a été banalisée au point où la notion du danger a complètement disparu. Après ces deux types viennent le kif, la cocaïne et l'héroïne.Ces derniers temps, une nouvelle forme de drogue a été introduite en Algérie : elle ne s'inhale pas, ne s'injecte pas, ne se consomme pas mais s'écoute.Des sons sont envoyés dans les oreilles, à une fréquence différente pour chaque côté. C'est cette différence de fréquence qui déclenche une hypnose sonore semblable aux effets des psychotropes et des autres types de drogues. Un phénomène qui mérite un peu plus d'attention de la part des parents.Ce fléau touche-t-il un sexe plus que l'autre 'Malheureusement, il touche les garçons et les filles à un même degré. D'ailleurs, les filles qui consomment des psychotropes sont de plus en plus nombreuses et considèrent ce comportement comme une forme de maturité ou de fait ordinaire.Plusieurs jeunes filles me disent que c'est la vie qui leur a imposé cette règle et que la consommation est une étape obligatoire pour être à l'aise dans les rencontres avec les amis. Les filles ne prennent pas du cannabis, mais plutôt de l'ecstasy et d'autres types de psychotropes.Elles peuvent même en vendre.Ces jeunes sujets sont-ils immédiatement incarcérés 'Il faut d'abord faire la différence entre un consommateur et un toxicomane. Lorsque l'enfant n'est qu'à l'étape de la consommation et n'a pas franchi le seuil de la dépendance, on ne peut l'appeler toxicomane. Dans ce cas, au niveau de la brigade des mineurs, nous demandons en premier lieu un bilan général pour savoir si ce mineur est un simple consommateur ou s'il a atteint l'étape de l'addiction.Ce bilan nous dévoile aussi le type de drogue consommée. S'il n'est qu'à l'étape de consommateur, il n'est envoyé dans aucune structure. Sa thérapie est faite à notre niveau. Nous le suivons psychologiquement en organisant des thérapies en solo et en famille.Si l'enfant est devenu toxicomane, nous l'envoyons au centre de soins de Bordj El Kiffan (Alger), où il bénéficie d'une cure de désintoxication. Le placer dans ce centre ne veut pas dire que nous nous en lavons les mains, nous restons en contact avec ce jeune et sa famille pour pouvoir le récupérer et faciliter son retour à la vie ordinaire.Donc, en fin de compte, il n'y a pas d'incarcération 'Si. Mais pour les jeunes mineurs qui ont dépassé tous les niveaux et sont devenus des commerçants. Là, ce sont le juge des mineurs et le procureur qui prennent les dispositions légales dans ce types de cas.Si l'enfant est en danger moral, il est placé dans un centre de rééducation comme celui de Birkhadem. S'il est impliqué dans des affaires de commercialisation, il est automatiquement incarcéré, mais selon des mesures spécifiques à son âge.La sensibilisation est-elle suffisante 'Non. L'implication des parents est plus qu'obligatoire. Nous faisons des campagnes de sensibilisation au sein des écoles et des établissements scolaires sur la consommation de drogue, le tabagisme, les fugues...Mais en l'absence et avec la démission totale des parents, notre travail reste limité dans le temps et à effet très restreint. Les parents sont le premier exemple pour leurs enfants.





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