Algérie - Revue de Presse


Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXVIIe nuit (Suite) Comme elle craignit qu’ils ne la trahissent, s’ils venaient à en avoir connaissance, elle modéra premièrement sa douleur et défendit à ses femmes de ne rien dire ou de ne rien faire paraître qui pût en donner le moindre soupçon. Ensuite, elle quitta son habit et en prit un de Camaralzaman, à qui elle ressemblait si fort que ses gens la prirent pour lui, le lendemain matin, quand ils la virent paraître et qu’elle leur commanda de plier bagage et de se mettre en marche. Quand tout fut prêt, elle fit entrer une de ses femmes dans la litière ; pour elle, elle monta à cheval, et l’on marcha. Après un voyage de plusieurs mois par terre et par mer, la princesse, qui avait fait continuer la route sous le nom du prince Camaralzaman, pour se rendre à l’île des Enfants de Khaledan, aborda à la capitale du royaume de l’île d’Ébène, dont le roi qui régnait alors s’appelait Armanos. Comme les premiers de ses gens qui débarquèrent pour lui chercher un logement eurent publié que le vaisseau qui venait d’arriver portait le prince Camaralzaman, qui revenait d’un long voyage, et que le mauvais temps l’avait obligé de relâcher, le bruit en fut bientôt porté jusqu’au palais du roi. Le roi Armanos, accompagné d’une grande partie de sa cour, vint au-devant de la princesse, et il la rencontra lorsqu’elle venait de débarquer et qu’elle prenait le chemin du logement qu’on avait retenu. Il la reçut comme le fils d’un roi son ami, avec qui il avait toujours vécu de bonne intelligence, et la mena à son palais où il la logea, elle et tous ses gens, sans avoir égard aux instances qu’elle lui fit de la laisser loger en son particulier. Il lui fit d’ailleurs tous les honneurs imaginables, et il la régala, pendant trois jours, avec une magnificence extraordinaire. Quand les trois jours furent passés, comme le roi Armanos vit que la princesse, qu’il prenait toujours pour le prince Camaralzaman, parlait de se rembarquer et de continuer son voyage, et qu’il était charmé de voir un prince si bien fait, de si bon air et qui avait infiniment d’esprit, il la prit en particulier. «Prince, lui dit-il, dans le grand âge où vous voyez que je suis, avec très peu d’espérance de vivre encore longtemps, j’ai le chagrin de n’avoir pas un fils à qui je puisse laisser mon royaume. Le ciel m’a donné seulement une fille unique, d’une beauté qui ne peut pas être mieux assortie qu’avec un prince aussi bien fait, d’une aussi grande naissance et aussi accompli que vous. Au lieu de songer à retourner chez vous, acceptez-la de ma main avec ma couronne, dont je me démets dès à présent en votre faveur, et demeurez avec nous. Il est temps désormais que je me repose après en avoir soutenu le poids pendant de si longues années, et je ne puis le faire avec plus de consolation que pour voir mes États gouvernés par un si digne successeur.» A suivre...


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