Algérie - Revue de Presse


Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXVIIe nuit (Suite) Pour répondre à ce que Camaralzaman venait de demander, le jardinier lui dit que, de la ville où il se trouvait, il y avait une année entière de chemin jusqu’aux pays où il n’y avait que des musulmans, commandés par des princes de leur religion; mais que, par mer, on arriverait à l’île d’Ébène en beaucoup moins de temps, et que, de là, il était plus aisé de passer aux îles des Enfants de Khaledan; que chaque année, un navire marchand allait à l’île d’Ébène, et qu’il pourrait prendre cette commodité pour retourner de là aux îles des Enfants de Khaledan. «Si vous fussiez arrivé quelques jours plus tôt, ajouta-t-il, vous vous fussiez embarqué sur celui qui a fait voile cette année. En attendant que celui de l’année prochaine parte, si vous agréez de demeurer avec moi, je vous fais l’offre de ma maison, telle qu’elle est, de très bon cœur». Le prince Camaralzaman s’estima heureux de trouver cet asile dans un lieu où il n’avait aucune connaissance non plus qu’aucun intérêt d’en faire. Il accepta l’offre, et il demeura avec le jardinier. En attendant le départ du vaisseau marchand pour l’île d’Ébène, il s’occupait à travailler au jardin pendant le jour; et, la nuit, que rien ne le détournait de penser à sa chère princesse Badoure, il la passait dans les soupirs, dans les regrets et dans les pleurs. Nous le laisserons en ce lieu, pour revenir à la princesse Badoure, que nous avons laissée endormie sous sa tente. La princesse dormit assez longtemps, et, en s’éveillant, elle s’étonna que le prince Camaralzaman ne fût pas avec elle. Elle appela ses femmes et leur demanda si elles ne savaient pas où il était. Dans le temps où elles lui assuraient qu’elles l’avaient vu sortir, elle s’aperçut, en reprenant sa ceinture, que la petite bourse était ouverte et que son talisman n’y était plus. Elle ne douta pas que Camaralzaman ne l’eût pris, pour voir ce que c’était, et qu’il ne le lui rapportât. Elle l’attendit jusqu’au soir avec de grandes impatiences, et elle ne pouvait comprendre ce qui pouvait l’obliger d’être éloigné d’elle si longtemps. Comme elle vit qu’il était déjà nuit obscure et qu’il ne revenait pas, elle en fut dans une affliction qui n’est pas concevable. Elle maudit mille fois le talisman et celui qui l’avait fait; et, si le respect ne l’eût retenue, elle eût fait des imprécations contre la reine sa mère, qui lui avait fait un présent si funeste. Désolée au dernier point de cette conjoncture, d’autant plus fâcheuse qu’elle ne savait par quel endroit le talisman pouvait être la cause de la séparation du prince d’avec elle, elle ne perdit pas le jugement; elle prit au contraire une résolution courageuse, peu commune aux personnes de son sexe. Il n’y avait que la princesse et ses femmes dans le camp qui sussent que Camaralzaman avait disparu; car, alors, ses gens se reposaient ou dormaient déjà sous leurs tentes. A suivre...


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