Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLVIIe nuit (Suite) Enfin il arriva chez lui; et la première chose que fit le prince de Perse, qui s’était fait un grand effort pour marcher, fut de se jeter sur un sofa, aussi fatigué que s’il eût fait un long voyage. Comme il n’était pas en état de se rendre à sa maison, Ebn Thaher lui fit préparer une chambre; afin qu’on ne fût point en peine de lui, il envoya dire à ses gens l’état et le lieu où il était. Il pria cependant le prince de Perse d’avoir l’esprit en repos, de commander chez lui et d’y disposer, à son gré, de toutes choses. «J’accepte de bon cœur les offres obligeantes que vous me faites, lui dit le prince, mais que je ne vous embarrasse pas, s’il vous plaît; je vous conjure de faire comme si je n’étais pas chez vous. Je n’y voudrais pas demeurer un moment, si je croyais que ma présence vous contraignît en la moindre chose». Dès qu’Ebn Thaher eut un moment pour se reconnaître, il apprit à sa famille tout ce qui s’était passé au palais de Schemselnihar et finit son récit en remerciant Dieu de l’avoir délivré du danger qu’il avait couru. Les principaux domestiques du prince de Perse vinrent recevoir ses ordres chez Ebn Thaher, et l’on vit bientôt arriver plusieurs de ses amis, qu’ils avaient avertis de son indisposition. Ses amis passèrent la meilleure partie de la journée avec lui; et si leur entretien ne put effacer les tristes idées qui causaient son mal, il en tira du moins cet avantage, qu’elles lui donnèrent quelque relâche. Il voulait prendre congé d’Ebn Thaher sur la fin du jour; mais ce fidèle ami lui trouva encore tant de faiblesse, qu’il l’obligea d’attendre au lendemain. Cependant, pour contribuer à le réjouir, il lui donna, le soir, un concert de voix et d’instruments; mais ce concert ne servit qu’à rappeler dans la mémoire du prince celui du soir précédent, il irrita ses ennuis au lieu de les soulager; de sorte que, le jour suivant, son mal parut avoir augmenté. Alors, Ebn Thaher ne s’opposa plus au dessein que le prince avait de se retirer dans sa maison. Il prit soin lui-même de l’y faire porter; il l’accompagna et, quand il se vit seul avec lui dans son appartement, il lui représenta toutes les raisons qu’il avait de faire un généreux effort pour vaincre une passion dont la fin ne pouvait être heureuse ni pour lui, ni pour la favorite. «Ah! cher Ebn Thaher, s’écria le prince, qu’il vous est aisé de donner ce conseil, mais qu’il m’est difficile de le suivre! J’en conçois toute l’importance, sans pouvoir en profiter. Je l’ai déjà dit; j’emporterai avec moi dans le tombeau l’amour que j’ai pour Schemselnihar». Lorsque Ebn Thaher vit qu’il ne pourrait rien gagner sur l’esprit du prince, il prit congé de lui et voulut se retirer; mais le prince de Perse le retint». Obligeant Ebn Thaher, lui dit-il, si je vous ai déclaré qu’il n’était pas en mon pouvoir de suivre vos sages conseils, je vous supplie de ne pas m’en faire un crime et de ne pas cesser pour cela de me donner des marques de votre amitié, et vous ne sauriez m’en donner une plus grande que de m’instruire du destin de ma chère Schemselnihar, si vous en apprenez des nouvelles. L’incertitude où je suis de son sort, les appréhensions mortelles que me cause son évanouissement m’entretiennent dans la langueur que vous me reprochez. -Seigneur, lui répondit Ebn Thaher, vous devez espérer que son évanouissement n’aura pas eu de suites funestes et que sa confidente viendra incessamment m’informer de quelle manière se sera passée la chose. Sitôt que je saurai ce détail, je ne manquerai pas de venir vous en faire part». A suivre...



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