Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLVe nuit (Suite) Le chef des eunuques et sa suite s’étant retirés, Schemselnihar retourna au salon, extrêmement affligée de la nécessité où elle se voyait de renvoyer le prince de Perse plus tôt qu’elle ne s’y était attendue. Elle le joignit les larmes aux yeux; ce qui augmenta la frayeur d’Ebn Thaher, qui en augura quelque chose de sinistre. «Madame, lui dit le prince, je vois bien que vous venez m’annoncer qu’il faut nous séparer. Pourvu que je n’aie rien de plus funeste à redouter, j’espère que le ciel me donnera la patience dont j’ai besoin pour supporter votre absence. -Hélas! mon cher cœur, ma chère âme, interrompit la trop tendre Schemselnihar, que je vous trouve heureux, et que je me trouve malheureuse, quand je compare votre sort avec ma triste destinée! Vous souffrirez sans doute de ne pas me voir; mais ce sera toute votre peine, et vous pourrez vous en consoler par l’espérance de me revoir. Pour moi, juste ciel! à quelle rigoureuse épreuve suis-je réduite! Je ne serai pas seulement privée de la vue de ce que j’aime uniquement: il me faudra soutenir celle d’un objet que vous m’avez rendu odieux. L’arrivée du calife ne me fera-t-elle pas souvenir de votre départ? Et comment, occupée de votre chère image, pourrai-je montrer à ce prince la joie qu’il a remarquée dans mes yeux toutes les fois qu’il m’est venu voir? J’aurai l’esprit distrait en lui parlant; et les moindres complaisances que j’aurai pour son amour seront autant de coups de poignard qui me perceront le cœur. Pourrai-je goûter ses paroles obligeantes et ses caresses? Jugez, prince, à quels tourments je serai exposée dès que je ne vous verrai plus!» Les larmes qu’elle laissa couler alors et les sanglots l’empêchèrent d’en dire davantage. Le prince de Perse voulut lui repartir; mais il n’en eut pas la force, sa propre douleur et celle que lui faisait voir sa maîtresse lui avaient ôté la parole. Ebn Thaher, qui n’aspirait qu’à se voir hors du palais, fut obligé de les consoler, en les exhortant à prendre patience. Mais l’esclave confidente vint l’interrompre: «Madame, dit-elle à Schemselnihar, il n’y a pas de temps à perdre; les eunuques commencent à arriver, et vous savez que le calife paraîtra bientôt. -O ciel! que cette séparation est cruelle s’écria la favorite. Hâtez-vous, dit-elle à sa confidente. Conduisez-les tous deux à la galerie qui regarde sur le jardin d’un côté, et de l’autre, sur le Tigre; et, lorsque la nuit répandra sur la terre sa plus grande obscurité, faites-les sortir par la porte de derrière, afin qu’ils se retirent en sûreté. «A ces mots, elle embrassa tendrement le prince de Perse, sans pouvoir lui dire un seul mot, et alla au-devant du calife, dans le désordre qu’il est aisé de s’imaginer. A suivre...
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