Algérie - Revue de Presse


Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIVe nuit (suite) Comme elle était persuadée qu’Ebn Thaher ne lui avait parlé que par amitié, elle ne lui sut pas mauvais gré de ce qu’il lui avait dit; elle en profita même. En effet, elle fit un signe à l’esclave sa confidente, qui sortit aussitôt, et apporta peu de temps après une collation de fruits sur une petite table d’argent, qu’elle posa entre sa maîtresse et le prince de Perse. Schemselnihar choisit ce qu’il y avait de meilleur et le présenta au prince, en le priant de manger pour l’amour d’elle. Il le prit et le porta à sa bouche, par l’endroit qu’elle avait touché. Il présenta à son tour quelque chose à Schemselnihar, qui le prit aussi et le mangea de la même manière. Elle n’oublia pas d’inviter Ebn Thaher à manger avec eux; mais, se voyant dans un lieu où il ne se croyait pas en sûreté, il aurait mieux aimé être chez lui, et il ne mangea que par complaisance. Après qu’on eut desservi, on apporta un bassin d’argent avec de l’eau dans un vase d’or, et ils se lavèrent les mains ensemble. Ils se remirent ensuite à leur place; et alors, trois des dix femmes noires apportèrent chacune une tasse de cristal de roche, pleine d’un vin exquis, sur une soucoupe d’or, qu’elles posèrent devant Schemselnihar, le prince de Perse et Ebn Thaher. Pour n’être plus en particulier, Schemselnihar retint seulement auprès d’elle les dix femmes noires, avec dix autres qui savaient chanter et jouer des instruments; et, après qu’elle eut renvoyé tout le reste, elle prit une des tasses, et, la tenant à la main, elle chanta des paroles tendres, qu’une des femmes accompagna de son luth. Lorsqu’elle eut achevé, elle but: ensuite elle prit une des deux autres tasses et la présenta au prince, en le priant de boire pour l’amour d’elle, de même qu’elle venait de boire pour l’amour de lui. Il la reçut avec des transports d’amour et de joie; mais avant que de boire, il chanta, à son tour, une chanson qu’une autre femme accompagna d’un instrument; et, en chantant, les pleurs lui coulèrent des yeux abondamment: aussi lui marqua-t-il, par les paroles qu’il chantait, qu’il ne savait si c’était le vin qu’elle lui avait présenté qu’il allait boire, ou ses propres larmes. Schemselnihar présenta enfin la troisième tasse à Ebn Thaher, qui la remercia de sa bonté et de l’honneur qu’elle lui faisait. Après cela, elle prit un luth des mains d’une de ses femmes, et l’accompagna de sa voix, d’une manière si passionnée, qu’il semblait qu’elle ne se possédât pas; et le prince de Perse, les yeux attachés sur elle, demeura immobile, comme s’il eût été enchanté. Sur ces entrefaites, l’esclave confidente arriva tout émue, et, s’adressant à sa maîtresse: «Madame, lui dit-elle, Mesrour et deux autres officiers, avec plusieurs eunuques qui les accompagnent, sont à la porte et demandent à vous parler de la part du calife». A suivre...
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