Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIIe nuit (Suite) Dans le temps qu’Ebn Thaher achevait ces paroles, le prince de Perse et lui virent venir l’esclave confidente de la favorite, qui ordonna aux femmes qui étaient assises devant eux de chanter et de jouer de leurs instruments. Aussitôt, elles jouèrent toutes ensemble, comme pour préluder; et quand elles eurent joué quelque temps, une seule commença de chanter, et accompagna sa voix d’un luth dont elle jouait admirablement bien. Comme elle avait été avertie du sujet sur lequel elle devait chanter, les paroles se trouvèrent si conformes aux sentiments du prince de Perse, qu’il ne put s’empêcher de lui applaudir à la fin du couplet. «Serait-il possible, s’écria-t-il, que vous eussiez le don de pénétrer dans les cœurs, et que la connaissance que vous avez de ce qui se passe dans le mien vous eût obligée à nous donner un essai de votre voix charmante par ces mots? Je ne m’exprimerais pas moi-même en d’autres termes». La femme ne répondit rien à ce discours. Elle continua et chanta plusieurs autres couplets, dont le prince fut si touché, qu’il en répéta quelques-uns les larmes aux yeux; ce qui faisait assez connaître qu’il s’en appliquait le sens. Quand elle eut achevé tous les couplets, elle et ses compagnes se levèrent et chantèrent toutes ensemble, en marquant par leurs paroles, «que la pleine lune allait se lever avec tout son éclat, et qu’on la verrait bientôt s’approcher du soleil». Cela signifiait que Schemselnihar allait paraître, et que le prince de Perse aurait bientôt le plaisir de la voir. En effet, en regardant du côté de la cour, Ebn Thaher et le prince de Perse remarquèrent que l’esclave confidente s’approchait, et qu’elle était suivie de dix femmes noires, qui apportaient, avec bien de la peine, un grand trône d’argent massif et admirablement travaillé, qu’elle fit poser devant eux à une certaine distance; après quoi les esclaves noires se retirèrent derrière les arbres, à l’entrée d’une allée. Ensuite, vingt femmes, toutes belles et très richement habillées d’une parure uniforme, s’avancèrent en deux files, en chantant et en jouant d’un instrument qu’elles tenaient chacune, et se rangèrent auprès du trône, autant d’un côté que de l’autre. Toutes ces choses tenaient le prince de Perse et Ebn Thaher dans une attention d’autant plus grande, qu’ils étaient curieux de savoir à quoi elles se termineraient. Enfin, ils virent paraître, à la même porte par où étaient venues les dix femmes noires qui avaient apporté le trône et les vingt autres qui venaient d’arriver, dix autres femmes, également belles et bien vêtues, qui s’y arrêtèrent quelques moments. Elles attendaient la favorite, qui se montra enfin et se mit au milieu d’elles. Il était aisé de la distinguer, autant par sa taille et par son air majestueux, que par une espèce de manteau d’une étoffe fort légère, or et bleu céleste, qu’elle portait attaché sur ses épaules, par-dessus son habillement, qui était le plus propre, le mieux entendu et le plus magnifique que l’on puisse imaginer. Les perles, les diamants et les rubis qui lui servaient d’ornement n’étaient pas en confusion: le tout était en petit nombre, mais bien choisi et d’un prix inestimable. Elle s’avança avec une majesté qui ne représentait pas mal le soleil dans sa course au milieu des nuages qui reçoivent sa splendeur sans en cacher l’éclat, et vint s’asseoir sur le trône qui avait été apporté pour elle. A suivre...
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