Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIe nuit (Suite) Le prince de Perse se crut dans un de ces palais délicieux qu’on nous promet dans l’autre monde. Il n’avait encore rien vu qui approchât de la magnificence du lieu où il se trouvait. Les tapis de pied, les coussins d’appui et les autres accompagnements du sofa, avec les ameublements, les ornements et l’architecture, étaient d’une beauté et d’une richesse surprenantes. Peu de temps après qu’ils se furent assis, Ebn Thaher et lui, une esclave noire, fort propre, leur servit une table couverte de plusieurs mets très délicats, dont l’odeur admirable faisait juger de la finesse des assaisonnements. Pendant qu’ils mangèrent, l’esclave qui les avait amenés ne les abandonna point, elle prit un grand soin de les inviter à manger des ragoûts qu’elle connaissait pour les meilleurs; d’autres esclaves leur versèrent d’excellent vin, sur la fin du repas. Ils achevèrent enfin, et on leur présenta à chacun séparément un bassin et un beau vase d’or plein d’eau pour se laver les mains; après quoi on leur apporta le parfum d’aloès dans une cassolette portative, qui était aussi d’or, dont ils se parfumèrent la barbe et l’habillement. L’eau de senteur ne fut pas oubliée: elle était dans un vase d’or enrichi de diamants et de rubis, fait exprès pour cet usage, et elle leur fut jetée dans l’une et l’autre main, qu’ils se passèrent sur la barbe et sur tout le visage, selon la coutume. Ils se mirent à leurs places; mais ils étaient à peine assis, que l’esclave les pria de se lever et de la suivre. Elle leur ouvrit une porte de la salle où ils étaient, et ils entrèrent dans un vaste salon d’une structure merveilleuse. C’était un dôme d’une figure des plus agréables, soutenu par cent colonnes d’un beau marbre, blanc comme de l’albâtre. Les bases et les chapiteaux de ces colonnes étaient ornés d’animaux à quatre pieds et d’oiseaux dorés de différentes espèces. Le tapis de pied de ce salon extraordinaire, composé d’une seule pièce à fond d’or, rehaussé de bouquets de rose de soie rouge et blanche, et le dôme, peint de même à l’arabesque, offraient à la vue un objet des plus charmants. Entre chaque colonne, il y avait un petit sofa garni de la même sorte, avec de grands vases de porcelaine, de cristal, de jaspe, de jais, de porphyre, d’agate et d’autres matières précieuses, garnis d’or et de pierreries. Les espaces qui étaient entre les colonnes étaient autant de grandes fenêtres, avec des avances à hauteur d’appui, garnies de même que les sofas, qui avaient vue sur un jardin le plus agréable du monde. Ses allées étaient de petits cailloux de différentes couleurs, qui représentaient le tapis de pied du salon en dôme; de manière qu’en regardant le tapis en dedans et en dehors, il semblait que le dôme et le jardin, avec tous les agréments, fussent sur le même tapis. La vue était terminée alentour, le long des allées, par deux canaux d’eau claire comme de l’eau de roche, qui gardaient la même figure circulaire que le dôme, et dont l’un, plus élevé que l’autre, laissait tomber son eau, en nappe, dans le dernier; et de beaux vases de bronze dorés, garnis l’un après l’autre d’arbrisseaux et de fleurs, étaient posés sur celui-ci d’espace en espace. Ces allées faisaient une séparation entre de grands espaces plantés d’arbres droits et touffus, où mille oiseaux formaient un concert mélodieux, et divertissaient la vue par leurs vols divers et par les combats tantôt innocents, et tantôt sanglants qu’ils se livraient dans l’air. A suivre...



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