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Les mécomptes de Mahmoud Abbas


Les mécomptes de Mahmoud Abbas
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, vient soudain de reconnaître ce que tout un chacun savait depuis des lustres: l'inanité de négocier avec Israël. Du haut de la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, dans un discours d'une franchise inusitée, Mahmoud Abbas a dit quelques vérités qu'il a - sans doute pour des raisons de sauvegarde - jusqu'ici tues. En assurant qu'il n'est pas près de reprendre les négociations avec Israël, il remet en quelque sorte les choses à l'endroit et les «parrains» du processus de paix - c'est-à-dire, les Etats-Unis - devant leurs responsabilités. Il a ainsi réitéré sa volonté de négocier un accord de paix avec Israël, mais relevé néanmoins que les pourparlers n'étaient «ni crédibles, ni sérieux si leur résultat est prédéterminé par les activités de colonisation». Fustigeant le double jeu américain, M.Abbas assure que «la non-reconnaissance des crimes d'Israël par les USA crée l'extrémisme». Il était temps que cela sorte, et que le premier responsable palestinien mette, enfin, les points sur les «i»! Cela fait 20 ans - pour ne point remonter plus loin - que les Palestiniens sont menés en bateau par Israël et le «manager» U.S. de ces discussions bidons qui permettaient à l'Etat hébreu de gagner du temps - mettant à profit cette «accalmie» pour accélérer la mainmise sur les territoires palestiniens occupés - et aux Etats-Unis de se pencher sur d'autres dossiers». En coulisses, Américains et Israéliens devaient bien s'esclaffer de la naïveté de ces négociateurs palestiniens qui ne semblent pas avoir compris l'astuce. En effet, pourquoi les Palestiniens ont-ils accepté de jouer un jeu falsifié comme l'illustrent plusieurs cycles sans résultats, quand à chaque nouvelle rencontre on repart du point zéro. On efface tout et on recommence. C'est tout de même curieux cette façon de faire quand le parrain américain trouve naturel de repartir du commencement à chaque reprise des pourparlers entre Israéliens et Palestiniens. En fait, le président US, Barack Obama, veut faire reprendre ces négociations sans perspectives pour le mois d'octobre, alors qu'aucune avancée, justifiant cette donne, n'a été réalisée sur les dossiers en discussions. En effet, ce qui est singulier est le fait qu'en 20 ans de «dialogue», aucun progrès n'a été réalisé. Voilà qui laisse tout de même perplexe. Cela n'a pas surpris le parrain américain! Et le Quartette (USA, UE, ONU et Russie) ne dit mot. De quoi discutaient Israéliens et Palestiniens depuis vingt ans' Six points sont en pourparlers qui sont: 1) la création d'un Etat palestinien doté des attributs de souveraineté, 2) le tracé des frontières de l'entité palestinienne et le sort des colonies, 3) le statut de Jérusalem-Est, 4) le sort des réfugiés, 5) le contrôle des ressources en eau, 6) la question des prisonniers palestiniens. A ces six points est venue s'ajouter la récente exigence israélienne de la reconnaissance par les Palestiniens du «caractère juif» d'Israël. En 20 ans, aucun de ces points n'a trouvé de solution. Comment cela se fait-il que depuis 1991 et l'accord d'Oslo de 1993 (rejeté unilatéralement en 1995 par l'actuel Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, celui-ci avouant à des colons n'avoir pas eu peur de manipuler Clinton et Arafat. «Je n'ai pas eu peur de me confronter à lui, ni d'aller contre l'ONU.») Dans l'accord d'Oslo, il était notamment stipulé qu'«aucune partie ne devra prendre une initiative ou une mesure (...) susceptible de changer le statut de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza», tout en ajoutant que «devront cesser toutes les activités de colonisation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est et dans la bande de Ghaza». Or, Israël s'est empressé de passer outre et de s'attacher à restructurer totalement Jérusalem-Est et la Cisjordanie occupées, tout en se retirant de Ghaza qu'elle a transformée en immense geôle pour les Palestiniens. Que s'est-il passé durant ces 20 dernières années de «processus de paix»'Depuis Madrid (1991) il y eut Oslo (1993), Wye Plantation (1998), Camp David (juillet 2000), Paris (octobre 2000), Taba (Egypte, 2001), Charm El Cheikh (2005). C'est aussi en 2005 que l'ancien président US, George W. Bush évoqua pour la première fois l'idée de deux Etats (Israël et la Palestine). La Conférence d'Annapolis (USA) en 2007 officialisa ainsi la solution à deux Etats pour résoudre le conflit. Le hic, est que aussitôt un document signé que celui-ci est remis en cause par Israël. Un cercle vicieux qui semble arranger Israël et son protecteur US dès lors que la naissance de l'Etat de Palestine est constamment repoussée à des temps meilleurs. Temps qui ne semble pas devoir un jour arriver. D'où la désillusion des Palestiniens dont la patience est mal récompensée.


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