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Les mauvais classements de l'Algérie


Les mauvais classements de l'Algérie
L'Algérie ne figure pas parmi les meilleures universités du mondeLe temps passe et avec, ce sont les ressources naturelles qui disparaissent à cause d'une exploitation effrénée comme s'il s'agissait de dépouiller au plus vite ce pays.Connaître ses limites c'est, bien sûr, avouer ses faiblesses, mais c'est aussi reconnaître ses forces. Les Algériens sont assez mûrs pour savoir et comprendre que l'Algérie n'est pas la locomotive du monde. Ils savent qu'elle ne peut l'être non plus. Cependant, et cela, ils le savent aussi bien, l'Algérie a toujours eu les atouts à même de la propulser en bonne position mondiale sur tous les plans, tant économique, que financier, social, politique, de la gouvernance, etc. Le passé proche est plein d'exemples et celui plus lointain aussi.Le temps passe...Les innombrables ressources naturelles dont Dieu a doté notre pays, son potentiel humain, son immense étendue géographique, son accès incroyable à la mer, la diversité de son climat et de son relief et toutes les connaissances accumulées par deux générations successives ont de quoi permettre à l'Algérie de prendre place sur un fauteuil respectable dans le concert des nations. Au lieu de cela, c'est par terre, à côté de misérables strapontins, que nous semblons aimer nous recroqueviller, nous ramasser sur nous-mêmes et sur notre misère comme si nous avions peur qu'elle nous quitte!Le temps passe et avec, ce sont les ressources naturelles qui disparaissent à cause d'une exploitation effrénée comme s'il s'agissait de dépouiller au plus vite ce pays. Le temps passe et avec, ce sont les hommes et leurs compétences qui s'en vont sans possible espoir d'en faire profiter le pays, comme si quelque part on aurait juré de laisser pourrir toutes ces compétences formées à coups de dollars, des décennies durant. Le temps passe et bien sûr, les chances de notre pays de rattraper les autres s'amenuisent chaque jour un peu plus.Au lieu de s'atteler à redresser la situation, nous nous contentons de slogans à la place de travail. Nous nous satisfaisons d'une médiocrité à toute épreuve avant d'accepter «sportivement» une éternelle défaite sur tous les plans.Dans un monde de compétition féroce, et au lieu d'aiguiser nos outils, comme tous les autres, pour nous tailler une place dans l'arène mondiale, nous préférons regarder faire les autres, comme si nous étions de simples spectateurs dans ce monde... et encore!Afin de pouvoir évaluer leur parcours dans leur course vers les lendemains meilleurs, les nations ont inventé des critères, des indices et tout un arsenal de repères qui permettent de mesurer le progrès qu'elles accomplissent. Les classements tombent chaque année pour sanctionner les efforts des uns et des autres et envoyer les signaux qui leur permettent de corriger leur parcours, de maintenir leur rythme ou de changer de cap, mais comme si nous n'étions pas de ce monde, nous tournons complètement le dos à ces tableaux qui déferlent impassiblement devant les yeux de l'humanité et s'il nous arrive de les remarquer, c'est pour les critiquer bêtement au lieu de procéder à notre autocritique. Que l'on se rappelle l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur qui, au lieu de donner, comme cela s'est passé dans d'autres pays, un coup de pied dans le système de l'enseignement supérieur, avait préféré plutôt dire, à propos du classement mondial des universités, que ce classement n'a rien de sérieux et que notre université est meilleure qu'il y paraît. Na!Que l'on se rappelle aussi ces pseudos politiques qui, ayant lu quelques critiques des médias, s'étaient empressés de tout rejeter d'un revers de la main avec des mots, toujours des mots qui, au fond et après tant de mensonges, ont fini par cesser de signifier quelque chose chez nous. La critique est alors assimilée à de la haine et la peur pour le pays est perçue comme une imbécillité.Pendant ce temps, les pays progressent et nous régressons et, comble de malheur, nous devons regarder notre régression, selon nos gouvernants, comme une source de satisfaction pour faire preuve de patriotisme!Un spectacle à faire rougirLes classements tombent, les uns après les autres, et notre pays n'y figure jamais dans les bonnes positions. L'un après l'autre, ces classements nous renvoient notre médiocrité généralisée et nous jettent aux yeux l'incapacité criante de nos gouvernants à bien mener le pays. D'un classement à l'autre, c'est notre nudité qui est mise en spectacle, un drame dont l'humanité a déjà rougi. Dans ce qui suit, nous nous contentons de citer trois classements: l'un relatif aux universités, l'autre à l'innovation et le troisième à ce que des chercheurs appellent «indice d'islamicité».»Pourquoi ces classements' La raison de ces choix est simple. La focalisation longtemps maintenue sur les structures dans l'enseignement supérieur est une grande erreur que nous avons toujours dénoncée car, lorsqu'on veut s'occuper sérieusement de l'université dans un pays, on s'occupe d'abord et surtout du contenu des enseignements: le cursus, la qualité des enseignements, l'évaluation des compétences des enseignants, les critères de sélection et d'évaluation des étudiants, le fonctionnement des bibliothèques, les publications, la recherche, l'adéquation apprentissage-marché de travail...etc. Mais au lieu de cela, nos ministres s'égosillaient à nous donner le nombre de murs construits, le nombre de places pédagogiques réalisées ou le nombre d'universités atteint. Les multiples classements des universités nous ont maintenus out, quand va-t-on se rendre enfin compte de la bêtise qui nous a servi de philosophie' Par ailleurs, et bien que l'innovation étant au centre du développement des sociétés et des hommes, elle n'a jamais rien signifié pour nous. N'est-il pas temps que l'on s'interroge ce que cela signifie au moins et que l'on sache ce que nous valons de ce côté-ci de la réalité' Enfin, nous nous définissons comme une société musulmane ou, du moins, à très grande majorité musulmane. A quoi cela se voit-il' Au nombre des croyons qui vont faire la prière dans la mosquée les nuits de Ramadhan' Au nombre de barbus qui se promènent dans nos rues ou bien au nombre de pseudo-guérisseurs autoproclamés qui pullulent sur nos trottoirs et dans nos souks incontrôlés'Les classements que nous avons choisi de présenter nous disent que nous sommes loin derrière le cortège de l'humanité. Que doit-on faire' Cracher sur ces tableaux et répéter avec l'espoir de convaincre nos propres djinns que nous sommes victimes d'un complot de l'Occident avant de retourner à notre profond sommeil, ou bien nous frapper la tête d'effroi et retrousser les manches pour essayer de récupérer, un tant soit peu, du retard que l'on nous a fait faire, le sourire aux lèvres et les milliards dans les ventres' C'est à savoir!Et d'un: Classement 2014 des universitésLe nouveau classement des 1000 meilleures universités du monde a été publié cette semaine (1) et, encore une fois, l'Université algérienne n'y figure pas. Cela n'est pas une surprise et tous les Algériens s'y attendaient du moment que l'on ne peut se faire une place parmi les meilleurs lorsqu'on a érigé, durant de longues années, la démagogie en principe fondamental de gestion et lorsqu'on a fait de la destruction du secteur un objectif hautement prioritaire. Il y a déjà des années que les médias essaient d'attirer l'attention des responsables sur l'état lamentable de notre université qui a reçu plus de coups de sape ces dernières 11 années (2002 à 2013) que durant tout le reste de son existence. Lors du dernier classement, et suite au grand tapage des médias nationaux autour de la question, le ministre en place s'était érigé contre le classement au lieu de remettre en cause la vision désastreuse qui régnait dans ce secteur. Cherchant à calmer le jeu, un directeur central au ministère de l'Enseignement supérieur avait alors promis que, en 2016, l'Algérie aura une place parmi les meilleurs. Faux, archi-faux!En trois ans, on ne se hisse pas dans ce domaine car il n'y a pas d'ascenseur à prendre et il ne suffit pas, non plus, d'appuyer sur un bouton pour passer d'un rang à un autre. Cela dénote à quel point on est loin de saisir la notion du travail sérieux. Il n'y a d'ailleurs pas de secret particulier car, pour réussir, il faut travailler. Or, jusqu'au dernier remaniement ministériel, rien de sérieux n'a été fait dans le secteur pour que notre université sorte la tête de l'eau puante de l'inertie et de la dramatique situation de non-visibilité.Toutes les réformes entreprises dans le secteur ont échoué et tous les discours n'ont servi, jusqu'à présent, qu'à gagner du temps vis-à-vis d'une opinion publique peu au courant du danger qui a gangrené notre université et qui mine notre pays car là où l'université ne va pas bien, rien ne va!Le fait qu'aucune université maghrébine ne figure dans ce classement n'est pas - et ne doit pas être - une consolation pour nous, mais une raison de plus de nous en vouloir. Qu'avons-nous fait de notre université' A bien considérer, nous l'avons réduite à une crèche pour adultes, une université où le savoir est loin d'être une préoccupation sérieuse. Les histoires que l'on raconte sur l'université algérienne sont légion, il suffit de tendre l'oreille et d'écouter pour avoir une idée de tout ce qui s'y passe. Le mal vient du haut, cependant, il ne faut pas se tromper. C'est peut-être ce qui explique la myopie incroyable des responsables jusque-là.Depuis que la gestion des universités est basée sur le principe du «moins de problèmes», toutes les solutions sont devenues bonnes d'un coup, pourvu qu'il n'y ait pas de bruit qui attire l'attention. Chacun veut que sa «dala», c'est-à-dire sa période, son règne, connaisse le moins de problèmes pour ne pas se faire remarquer là-haut. Pour le reste, l'incompétence qui sert de critère de sélection des hommes pourrait bien expliquer une bonne partie de notre déroute «scientifique». Lorsqu'on dit «incompétence», c'est de l'incompétence managériale que l'on parle et non d'autre chose car d'aucuns aiment bien nous avancer les CV des uns et des autres. Untel, dit-on, est docteur en physique, tel autre est professeur en chimie, untel est bourré de «diplômes en sciences médicales et humaines», tel autre est doué en littérature, celui-ci est dentiste, celui-là est psychologue... Mais à quoi pourrait bien servir un doctorat en chimie ou plusieurs diplômes de dentiste à un ministre lorsque celui-ci manque d'ambition, qu'il n'a pas l'esprit d'initiative et qu'il n'a aucune capacité managériale, sinon à l'enfoncer un peu plus' On peut être un brillant mélangeur de réactifs ou un bon arracheur de dents tout en étant un piètre ministre, n'est-ce pas'Malheureusement, notre ignorance nous a fait croire que le diplôme est suffisant pour mener à bien les affaires du pays. Pourtant, par expérience, il nous a été donné à plusieurs reprises de nous convaincre du contraire. Combien de médecins sont passés dans notre agriculture sans rien pouvoir faire' Combien sont-ils à avoir présidé aux destinées du secteur de la jeunesse et des sports sans rien améliorer du tout aux choses' Ceci ne diminue en rien des compétences de ces hommes dans leurs domaines respectifs bien sûr mais ne les a jamais rendus meilleurs managers.Références(1) http://cwur.org/2014/




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