Algérie

Les maîtres censeurs



Si l?on devait analyser une pathologie de la falsification, on trouverait un bon matériau dans notre histoire. La pensée conforme, à coups de silence ranci, de coupes drastiques, d?oublis volontaires et prémédités, a fait son ?uvre. Etant entendu que le « bonapartisme » ne succombe et ne cède jamais à la partialité, parce que c?est un choix ruineux. Tant de faits historiques enguirlandés et saupoudrés de contre-vérités, charcutés et laminés. Une schizophrénie qui constitue une proie rêvée pour la psychanalyse. Comble de l?absurde, c?est « toujours sous la lampe que l?on voit le moins clair ». Mais l?eau finit par user la pierre. L?on découvre patiemment, laborieusement, au fil du temps qui passe, des versions et des études, des écrits et des témoignages qui s?écartent de la vérité officielle, de la chape de plomb et de tous les maléfices qui sèment le trouble et égarent le citoyen à la recherche d?objectivité et de probité. D?incontestables avancées bousculent les maîtres censeurs et grippent leur machine à triturer l?histoire. Le voile se lève timidement et personne n?ira se plaindre ou crier au scandale. Très récemment, un hommage a été rendu à Raymonde Pechard, une militante de la cause nationale tombée dans les maquis des Aurès. Cette fille de Cheminot, native de Bologhine à Alger, n?est pas la seule à subir l?oubli. D?autres combattants d?origine européenne, par exemple, demeurent victimes de l?amnésie. Un tel déni de justice est franchement intolérable. Il suffit de s?adresser aux gens pour s?apercevoir très rapidement qu?il y a ignorance flagrante. Et ce n?est pas un motif de satisfaction. Loin de là. Pour la TV, le texte est encore mal ajusté, et l?histoire est toujours mal dans ses escarpins. C?est presque une fatalité. L?information livrée au sujet de Raymonde Pechard était tellement laconique, parcimonieuse et rapide que très certainement le téléspectateur devait éprouver un fort sentiment de dépit. Aucun extrait de la communication, aucune interview de compagnons de résistance. Le vide absolu.



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