Algérie - A la une

Les laudateurs
La Tunisie vient de réussir ses premières élections législatives pluralistes. Le succès, ici, signifie que le scrutin s'est déroulé dans de bonnes conditions. La sécurité a été convenablement assurée durant le vote et les résultats des urnes sont jugés justes et transparents. Après une difficile période transitoire, qui aura duré trois fois plus que prévu, le peuple tunisien a finalement élu son Parlement pour les cinq années à venir. Le monde entier a salué le bon déroulement du suffrage avec les félicitations d'usage. En Algérie, la nouvelle a été accueillie avec un grand enthousiasme. Les partis politiques, les acteurs de la société civile et les médias ont, à l'unanimité, souligné cet «exemple» tunisien qui devrait faire référence dans tout le monde arabe. C'est à qui rédigera le message le plus élogieux. Tous les journaux ont consacré leurs manchettes à cet événement en consacrant des articles, des interviews et des commentaires flatteurs. On doit cependant souligné que pour réussir ce premier test, les formations politiques naissantes de Tunisie s'étaient préalablement entendues sur un minimum commun lors de plusieurs rounds de dialogue national, mené successivement par l'Ugtt et les autorités de transition (Ennahda). Ce minimum consensuel, qui a consacré la disqualification du terrorisme et de l'extrémisme religieux, a permis de parachever la nouvelle Constitution, ouvrant ainsi la voie au renouvellement des institutions élues. Force est de constater que le succès d'une élection est le parachèvement d'une convergence politique qui met l'intérêt national au dessus des petits calculs partisans. Sinon, il n'aurait pas eu de grand changement en Tunisie. Nidaa Tounes, un parti d'inspiration bourguibéenne, s'est substitué aux islamistes d'Ennahda, qui avait la majorité à l'Assemblée constituante. Béji Caïd Essebsi, le charismatique président du parti vainqueur, est un vieux briscard qui a roulé sa bosse sous Bourguiba et Ben Ali. Les élites qui l'entourent aussi. Les forces nouvelles, celles qui incarnent vraiment la révolution du jasmin, arrivent loin derrière aux troisièmes et quatrièmes places. On y est toujours dans cette satanée bipolarité (nationaliste/islamiste) comme partout ailleurs. Curieusement, nos politiques, ceux-là même qui applaudissent des deux mains cet «exploit tunisien», omettent d'?uvrer dans le même sens en Algérie, en s'enlisant dans un «oppositionnisme» confortable et stérile. Contrairement à son homologue tunisienne l'opposition algérienne évite tout débat sur le consensus national et plaide pour une rupture sèche avec tous les risques qui vont avec. Il a fallu que le FFS évoque le sujet du bout des lèvres pour qu'il reçoive une volée de bois de vert. Les membres de la fameuse Coordination nationale pour les libertés démocratiques et la transition (Cnldt), qui se vantent plus que d'autres de l'exemple tunisien, ont dégainé trop vite pour un tir groupé sur cette initiative qui, pourtant, imite exactement le débat national tunisien. La phraséologie n'est d'aucun secours quand on n'a plus aucun projet réel pour son pays. On a, désormais, la nette impression que notre opposition, qui voudrait coûte que coûte impliquer l'armée dans son projet confus de rupture, n'a fondamentalement rien de sérieux à dire. Dans notre cas, l'opposition n'est qu'une vulgaire option tactique pour se positionner en prévision des prochaines échéances électorales. Et, cela «dégoûte» énormément les Algériens qui préfèrent, alors, partir à la pêche.K. A.


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