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Les jeunes nous apprennent à rêver



Les jeunes nous apprennent à rêver
La bibliothèque municipale Kateb Yacine de Grenoble (France)AH! que j'aime à lire les oeuvres destinées à la jeunesse, pas uniquement les «contes» mais aussi celles où les jeunes s'éduquent et s'instruisent, où ils s'expriment eux-mêmes avec leur seul talent spontané qui exhale la fraîcheur de leur intelligence, sans l'irraisonnable influence, ni l'injurieuse indulgence des adultes, et surtout sans l'implacable intervention des parents!Je me souviens de l'éclosion, en un autre lieu, en un tout autre temps, de jeunes auteurs qui avaient écrit des oeuvres pleines de promesses. Ils avaient, comme disent les psychopédagogues, tout juste «l'âge de l'enthousiasme juvénile»; certains avaient à peine passé «l'âge pubertaire», - certains prodiges avaient même «l'âge de l'écolier».La Nature a horreur du videChez nous, mus. par une juste fierté nationale, nous pouvons toujours citer Kateb Yacine, le créateur génial de «Nedjma» (1956). Au reste, à 17 ans, n'était-il pas déjà auteur d'un brillant texte intitulé «L'Emir Abdelkader et l'Indépendance algérienne»' C'était le sujet de la conférence qu'il avait prononcée, le 24 mai 1947, à la tribune de la Société des Savants de Paris. Aujourd'hui, son nom est porté par une bibliothèque municipale (tous publics à partir de 13 ans) équipée en multimédia, située au 55, Grand-Place, 38000 Grenoble (France).En vérité, si je me suis permis cette courte réflexion, c'est en espérant mieux éclairer quelques esprits féconds et responsables, parmi nous, sur le vif et sain intérêt que l'on accorde ailleurs, sans tricherie, à la découverte constante d'authentiques prodiges, notamment dans le domaine de la littérature. Je pense, par exemple, à Françoise Sagan qui, au printemps 1954, jeune fille de 18 ans, a publié avec un grand succès Bonjour tristesse, son premier et magnifique roman, grâce au professionnalisme de son éditeur Julliard. Celui-ci a, si j'ose dire, heureusement récidivé, en 1956, d'abord en la révélant l'année précédente, sans battage médiatique et surtout sans tromperie sur sa qualité littéraire, l'oeuvre poétique intitulée Arbre, mon ami, de Marie-Noëlle Drouet, dite Minou Drouet, une fillette de 8 ans, presque aveugle, - ce qui a suscité évidemment des polémiques au sujet de l'authenticité de ses «poèmes» et de ses «lettres», lors de leur publication. On connaît la suite.Voilà une leçon à méditer: l'édition, chez nous, pourrait s'en inspirer pour produire et révéler des livres de qualité, si tant est que nous nous accordions pour dire que, d'une part, la civilisation est la vérité de l'homme, d'autre part, que les livres sont «le fond et la forme» de la civilisation. Aussi faut-il veiller à ce que cela soit possible et courant. Aussi devrait-on s'ingénier à trouver comment aider les jeunes créateurs à produire l'oeuvre essentielle à l'évolution de la pensée universelle et, avant tout, à l'évidence, à celle qui doit former logiquement la nôtre. On entend dire partout et souvent que la Nature a horreur du vide, - oui, c'est bien vrai. Mais alors, comme elle est intensément opportuniste, cette nature-là! Comme elle est vaniteuse! Comme elle est impertinente! Comme elle est envahissante! Comme elle est insolente! Comme elle est horrible! Comme elle est ignoble! Comme elle est veule!... Il suffit d'ouvrir les yeux et d'examiner en toute conscience la qualité de la nature envahissant le vide,... le vide provoqué!,... le vide intentionnel! Là où l'on devrait éduquer et instruire, là aussi l'éthique devrait aller avec esthétique... Le livre est le fruit de la culture de l'esprit. Or, il est, dans nos marchés aux livres, des commerçants qui s'acharnent à vendre comme un rare légume sec ce qu'ils veulent faire acheter à leurs clients de passage! Bref!...Livres du Temps de lire (Saison 2013-2014)CINQUANTE CLES POUR LE CINQUANTENAIRE de Abdelmadjid Merdaci, Les Editions du Champ Libre, Constantine, 2013, 152 pages: «Aussi, ce n'est pas sans émotion que nous tenons ces clés bien conçues par Abdelmadjid Merdaci qui nous propose d'authentiques «épisodes» de la Guerre d'indépendance, rangés dans des boîtes de savoir à portée de la main de quiconque veut se donner le plaisir de les ouvrir et de lire les fiches qu'elles contiennent suivies des utiles mentions «En savoir plus». Et nous avons alors, en en suivant ou non le classement dans l'ouvrage. [...] Faut-il opter pour la conclusion de Abdelmadjid Merdaci' Oui, parce que dans sa conclusion, il nous éveille «aux chemins qui restent»; et d'abord il s'agit d'expliquer au lecteur que «somme toute, à y regarder de plus près, l'enjeu n'est pas tant celui - en lui-même immense - de la stricte connaissance d'une page, ait-elle été décisive, de l'histoire de notre pays, que le sens à donner aujourd'hui au vivre ensemble. [...] Il faut avoir la lucidité de l'écrire en toutes lettres et y puiser des motifs supplémentaires de disqualifier le renoncement à l'écriture et à la connaissance de notre histoire. Que cette histoire n'ait pas à proprement parler d'autre nationalité que celle de la rigueur méthodologique et éthique des chercheurs [...] ne dispense pas de l'obligation de développer la recherche historienne nationale et singulièrement en langue arabe qui demande souvent à sortir des ornières idéologiques pseudo-identitaires.»LA PROIE DES MONDES d'Anys Mezzaour, ENAG Editions, Alger, 2013, 315 pages: «Après avoir lu, après avoir relu dois-je dire, le roman La Proie des Mondes de ce jeune âgé tout juste de dix-sept ans, aujourd'hui même, et que je crois connaître parfaitement, je me sens bluffé. Anys Mezzaour, au seuil franchi de la dernière année de ses études secondaires, me met, mettra sans nul doute de nombreux lecteurs de son âge et même ceux dont la tête, comme la mienne, est couverte de neige, face à une réalité attachée à une séduisante irréalité, celle du genre fantasy, un art littéraire autonome. Et ce n'est là que le commencement d'une oeuvre à venir, puisque le présent roman s'abrite sous le titre général «Le Lien des Temps», promesse d'une suite d'ouvrages de haute qualité. Il faut alors considérer que l'Entreprise Nationale des Arts Graphiques, ayant célébré, le 30 avril 2013, sa trentième année d'existence et d'évolution constante, ne cesse d'affirmer aussi sa mission éditoriale et ses fortes prétentions à servir le Livre algérien et, par ainsi, répandre la culture nationale chez nous, dans tout le pays, et dans le monde, tout en encourageant nos jeunes talents. [...] Alors oui, je me sens sincèrement bluffé et heureux. Le lecteur doit se laisser emporter dans la fraîcheur de cette littérature juvénile et se perdre et se retrouver dans la nécessité des chemins du récit fantastique. J'en donne un «abstract», rédigé par l'auteur lui-même et adressé, par ailleurs, à ses camarades de lycée: «Ce sont les péripéties complexes et haletantes d'un adolescent de 16 ans, doté de pouvoirs magiques et vivant dans un univers parallèle, pris en chasse par l'ennemi public numéro un de son pays. Au fil de l'intrigue, il devra faire face à des vérités longtemps cachées et à des situations qu'il n'aurait jamais imaginé pouvoir vivre. Depuis, son entrée à l'Académie de magie d'Elementia jusqu'à son séjour sur Terre en passant par les complots aux plus hauts sommets de l'Etat, Bill Stuart vivra une aventure extraordinaire à la frontière du réel.» [...] Aujourd'hui, voici donc une oeuvre de jeunesse qui ravive notre imaginaire oublié. Le talent d'Anys Mezzaour est là et nos encouragements le sont aussi.»PETIT DICTIONNAIRE DU THEÂTRE ALGERIEN DE 1920 À NOS JOURS de Achour Cheurfi, éditions Dalimen, Alger, 2013, 557 pages: «Le théâtre flatte l'esprit en friche. C'est aussi un lieu où l'on observe une action en jeu reproduite ou totalement créée, et devant illustrer du «sens» aux spectateurs. Ainsi, le théâtre est éducateur et, sans doute faut-il ajouter, il est éveilleur de conscience. En tout cas, si l'on faisait l'histoire du théâtre algérien, depuis 1920 à nos jours, on en sera convaincu aisément. Achour Cheurfi, journaliste, chercheur et encyclopédiste, vient justement de nous le rappeler et de le souligner en publiant Petit dictionnaire du théâtre algérien de 1920 à nos jours. [...] Cet ouvrage est le résultat de longues recherches pleines de références, d'informations et de précisions, aussi faut-il le dire, il est volumineux, - 557 pages, toutes couvertes d'une écriture dense à très petits caractères et agrémentées d'illustrations en noir et blanc et en couleurs. [...] Je n'entrerai pas dans le détail de l'édition pour évoquer le pourquoi et le comment de la fabrication et de ce qui a conduit à un tel labeur. Comme le travail est là et fait par un auteur estimé et compétent (n'oublions pas la dizaine de dictionnaires qu'il a déjà produite), le document important que voici l'emporte sur toute autre raison de coût ou de goût! Pourtant, il reste que les yeux de chacun seront mis à l'épreuve d'une police de caractères trop minuscules pour ne pas être tenté d'user d'une loupe... Vraiment, oui vraiment!»(À suivre: La Petite bibliothèque de l'été 2014 dans Le Temps de lire du mercredi 27 août prochain.)


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