Algérie

Les jeunes manquent d'intérêt pour l'histoire de leur pays Ni les livres ni les films ne trouvent guère d'écho



Les jeunes manquent d'intérêt pour l'histoire de leur pays                                    Ni les livres ni les films ne trouvent guère d'écho
Photo : Riad
De notre correspondant à Oran Samir Ould-Ali
Sur les devantures des librairies d'Oran (oui, il y en a qui continuent de résister vaille que vaille à mille et une menaces), les livres traitant de l'histoire d'Algérie - notamment du mouvement national, de la Guerre de libération, des hommes et femmes qui l'ont menée - trônent en bonne place. De : Messali Hadj, de Khaled Merzouk à : La Moudjahida Annie Fiorio Steiner : Une vie pour l'Algérie, de Hafida Ameyar en passant par : Ben Bella ' Kafi - Bennabi contre Abane, de Belaïd Abbane ; Ferhat Abbes, de Benjamen Stora et Zakya Daoud ; Le Dur et invraisemblable parcours d'un combattant ; de Aït Mehdi Mohamed-Amokrane ; Massacres d'octobre 1961 - Papon la honte, de Youcef Dris... Des dizaines d'ouvrages tentent de mettre le projecteur sur ce passé encore fuyant, encore flou pour la majorité des Algériens. «Ce que l'école n'a jamais voulu dire pour les considérations politiques que l'on sait, beaucoup de livres l'évoquent et proposent des grilles pour une lecture critique de l'histoire, la seule qui puisse permettre de comprendre le présent», a coutume d'affirmer cet universitaire passionné d'histoire, dont la bibliothèque regorge de documents et d'écrits historiques. De fait et bien que disposant d'un accès Internet qui lui permet d'assouvir sa curiosité intellectuelle, l'homme fait régulièrement le tour des librairies pour s'enquérir des nouveautés. Mais tout le monde n'est pas passionné de lecture - et encore moins d'histoire - et les librairies n'enregistrent jamais la même fréquentation que les cafés et les fast-foods, notamment en période estivale pendant laquelle les sens tendent naturellement vers la fraîcheur des plages et le calme des forêts. Et ce n'est pas le jubilé de l'indépendance - ni d'ailleurs la manière avec laquelle il a été fêté - qui a réussi à réveiller la curiosité des Oranais pour cette période charnière de l'histoire. «Confisquée au lendemain de l'indépendance, notre Histoire nous est toujours interdite», déplorent beaucoup de jeunes (qui, par ailleurs, reconnaissent ne pas avoir le goût de la lecture) pour justifier leur indifférence à l'égard de tout ce qui a trait à la Révolution et à ceux qui usent et abusent du sujet. «Ce qui ne veut pas dire que nous rejetions la patrie, c'est notre pays et nous n'en avons pas d'autre. Mais nous n'avons toujours pas droit de cité malgré les beaux discours !», ajouteront-ils. D'où, probablement, le fait que les livres d'Histoire (comme les autres domaines) sont demandés par des personnes d'un certain âge dont l'intérêt pour le mouvement nationaliste et révolutionnaire algérien remonte à quelques années déjà, soit les jeunes des années 1970 et 1980 qui ont conservé leur goût pour la lecture et les livres. «C'est l'une des missions de l'école et de la famille : Apprendre aux enfants à lire et à aimer le livre. Et non pas seulement Internet, la télévision et les DVD», préconise notre enseignant universitaire reconnaissant que les prix pratiqués demeurent relativement chers (les livres cités plus haut varient de 400 à 750 DA). «Là aussi, il faut trouver le moyen de mettre le livre à la portée de toutes les bourses sans trop pénaliser les librairies», recommande-t-il. A l'évidence, il reste encore beaucoup à faire avant de réconcilier les jeunes avec le livre en général et l'Histoire en particulier.
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