Les Hafcides et L’Espagne, une histoire pathétique

Don Fernando, Infant de Bougie 4ème partie Négociations et Traité de 1511 Dans le cadre des négociations, le roi Don Ferdinand dépêche un envoyé spécial en la personne d’Antonio De Ravaneda; celui-ci entame des pourparlers qui aboutissent aux clauses suivantes: «le traité conclu en 1511 entre «Don Fernando, roi d’Aragon et des deux Siciles» d’une part,»Muley Abdurrahmen» roi des montagnes de Barbaruces et «Muley Abdallah son neveu»d’autre part, avait pour clauses principales: Alliance offensive et défensive des deux rois Maures pour défendre Ferdinand et ses intérêts. Reconnaissance de la souveraineté de Muley Abderrahmen sur l’arrière-pays et celle de Muley Abdellah sur les faubourgs de Bougie et les territoires attenants. Reconnaissance de la souveraineté espagnole sur Bougie, le penon d’Alger et tous les ports avec leurs dépendances. Otages pour Muley Abderrahmen et pour Muley Abdellah Comme gage de sincérité, Muley Abderrahmen remet en otage son petit-fils Mohamed, fils de Abbas, alors que l’Emir Abdellah livre son fils aîné. Du fils de l’émir Abass, on n’a aucune nouvelle, alors que le périple continue en terre d’Espagne pour le fils de Abdellah dont la présence est signalée en ces lieux. Destin du dernier prince hafcide. A l’époque et jusqu’à nos jours, les otages garantissent l’exécution de certaines injonctions ou conventions. Pour le jeune prince captif commence alors une série d’épreuves, sans cesse renouvelées, et de plus en plus difficiles à surmonter. Quel déchirement pour le dernier prince d’une longue lignée, celle des Hafcides: 1228-1510! Arraché brutalement à l’affection des siens, à sa terre natale, totalement désorienté, l’émir otage se retrouve dans un monde dont il ignore tout et qui est très différent de son milieu. Parmi les Espagnols, il doit sans doute se sentir étranger à leur civilisation, leur genre de vie, leurs structures sociales et économiques, à leur culture mais ce qui lui cause le plus d’embarras, c’est la langue et la religion. Chaque moment, en tant qu’otage, lui apporte de nouveaux défis qu’il lui faut relever.Quel destin incertain s’annonce pour le jeune homme! Confronté à une situation peu commode, n’est-on pas en droit d’imaginer chez lui un sentiment très fort de vouloir faire partie de la nouvelle société qu’on lui impose ? La solution lui paraît simple; il faut s’intégrer à ce qui est désormais sa vie, s’atteler à apprendre la langue avec sa culture et s’inculquer toutes les valeurs qui s’y rattachent. Ce problème est surmonté, d’après les missives écrites à sa Majesté et où on peut lire: «Porque no pene su memoria despues de su muerte.» Le deuxième phénomène est d’ordre religieux: le dernier prince hafcide, de confession musulmane, embrasse la religion chrétienne et prend le nom de Don Fernando. Cette conversion lui permet de prendre le titre d’Infant, titre donné en Espagne au prince de sang. Traité dignement et selon son rang royal par ses hôtes, Don Fernando reçoit une pension annuelle de 6000 ducats sur les revenus de la place de Bougie. Le temps passe, le dernier roi hafcide meurt en laissant derrière lui des dettes que son fils essaiera de régler en demandant de l’aide à Charles-Quint, en insistant «pour que sa Majesté veuille bien l’aider à payer les dettes de son père, afin que la mémoire de ce dernier ne souffre pas.» La famille se disperse; deux de ses sœurs le rejoignent en Espagne avec d’autres parents. On les voit en 1520 dans la suite du vice-roi des Baléares, Don Miguel De Guerra. L’une de ses sœurs fréquente l’institution de Grianza à Palma de Majorque tandis que deux de ses frères demeurent encore à Bougie qu’ils ne quittent que vers 1535, date à laquelle l’un décède et se fait enterrer dans sa ville natale, alors que l’autre part définitivement pour Biskra.   A suivre... Mahmoudi Meriem