Algérie - A la une

Les experts plaident pour une refonte de la gouvernance


Mis à part de rares exceptions généralement dévalorisées, en Algérie, il n'y a pas de modèles de management autonome, ont affirmé les professeurs Hafsi Tayeb et Bachir Mazouz, deux experts algériens. S'exprimant lors du colloque ayant pour thème : "Quels modèles de management pour l'Algérie '", les deux experts ont souligné que les administrations et les organismes publics ou privés ont emprunté sans considération pour les réalités locales, des recettes qui fonctionnent bien par ailleurs, mais qui ont été des échecs importants pour les organisations algériennes."Aujourd'hui, l'Algérie n'a pas besoin d'une nouvelle théorie économique mais d'un modèle de management autonome" qui permettrait la création de richesses et l'amélioration continue du bien commun, de l'intérêt général et des services à la population, ajoutent-ils. Mais Abdelhamid Temmar, ex-ministre de l'Industrie, présent à ces débats, juge le problème beaucoup plus profond pour le cas de l'Algérie."Vous avez fait des constats mais vous ne vous êtes pas interrogés pourquoi cette situation perdure et pourquoi nous n'arrivons pas à nous en sortir", s'est-il interrogé, avant d'ajouter que le problème est d'ordre idéologique et il remonte au programme de Tripoli. "Il existe deux éléments fondamentaux qui sont à l'origine de nos choix et ils se trouvent dans les documents de Tripoli, l'indépendance et l'égalité, or, nous avons confondu l'indépendance avec l'indépendance économique au lieu de nous en tenir à indépendance comme solidarité et souveraineté nationales", affirme M. Temmar.Quant à l'égalité sociale, "elle a été comprise égalité systématique au lieu d'égalité des chances pour tous les jeunes Algériens à disposer des mêmes conditions de développement", ajoute-t-il. Pour s'en sortir, il faut toucher ces idéologies, préconise l'ex-ministre qui se demande si "on" est capable de toucher à cette idéologie et réformer profondément actuellement.M. Hafsi lui répond que l'Algérie ne doit, en aucun cas, être prisonnière à l'infini de ces maux qui sont devenus des éléments de blocage pour le pays qui a besoin d'avancer, dit-il, en citant l'exemple de la Chine, de la Malaisie, de la Corée du Sud, de Taïwan, du Japon ou encore des Etats-Unis, qui avaient mené des réformes profondes au lendemain de leur indépendance. "Si on avait des dirigeants courageux, on aurait bien avancé et mieux, car on a un peuple qui comprend bien et qui se demande pourquoi ses dirigeants ne le comprennent pas."De son côté, Mohamed Cherif Belmihoub, professeur à l'ENA et ancien DG de l'ENSM d'Alger, a indiqué que le pays continue de fonctionner avec un héritage du système colonial qui n'est plus valable aujourd'hui. Et d'ajouter : "L'Etat a tout monopolisé, si en 62, c'était justifié, ce type de gouvernance n'est plus valable aujourd'hui." Il cite l'exemple des entreprises publiques où l'Etat est propriétaire à travers le CPE, SGP, mais il est mauvais actionnaire, souligne-t-il. Autre exemple, il concerne le service public où 85% des budgets de fonctionnement sontaffectés aux salaires des fonctionnaires qui ne bénéficient pas de stages de formation ou de perfectionnement.L'ancien DG de la réglementation au ministère de l'Intérieur, Azzedine Belkacem Nacer, a estimé que l'Algérie a besoin d'une refonte globale des politiques publiques et une refonte de la Fonction publique. "Ces secteurs ont besoin de mise à niveau après 40 ans de pratique", dit-il, ajoutant que la politique des territoires doit constituer une priorité tout comme la fiscalité locale qui a besoin d'une réforme. "Sur 27 taxes représentant la fiscalité locale, seulement deux taxes sont recouvrées par les communes", dit-il.M. T.


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