Les envoyés du président-candidat font un flop

Dans une salle omnisports aux trois quarts vide, Abdelkader Bensalah et Abdelaziz Belkhadem se sont donné, hier, l'insigne honneur d'avoir été spécialement mandatés par le président-candidat pour animer ce qui est convenu d'appeler «le meeting des Aurès».Ils l'ont d'ailleurs souligné dans leurs discours : «Bouteflika a insisté pour qu'on vienne à la rencontre des enfants des Aurès», avec en prime une précision de Belkhadem : «Bouteflika aime les Chaouis». Amar Mellah, responsable de l'Organisation des moudjahidine et compagnon de Tahar Zbiri, président de campagne du candidat Bouteflika à Batna, introduit les orateurs. Le président du Sénat a entamé son discours par : «Bouteflika salue les enfants des Aurès», précisant «qu'en dépit de la réticence de certains parmi nous (allusion à Sellal) quant à l'organisation de ce meeting, nous avons insisté et nous voilà parmi vous». La répétition plus tard de ces mêmes propos par Belkhadem imprègne à la tenue de cette rencontre une dimension de conquête combien mal acquise, puisque la majorité des présents n'est pas de Batna.Des perturbateurs tabassésDurant le discours de Bensalah, une dizaine de jeunes se sont levés en criant «Barakat ! Non au 4e mandat !», et à l'encontre des présents : «Chiyatine !» Sans que l'orateur ne soit aucunement perturbé. Le service d'ordre, très important, a maîtrisé la situation mais à «la dure» : les jeunes chahuteurs ont reçu des coups de poing et des coups de pied de toutes parts. Jetés dehors comme des malfrats, deux d'entre eux ont été embarqués par des policiers. Les préposés au service d'ordre diront que «les jeunes perturbateurs venaient de Oued Chaâba et que c'est Nasser Latrèche, député FLN aligné à Benflis, qui les a envoyés».Abdelkader Bensalah, face à ce spectacle, continue nonchalamment son discours et sans tarir d'éloges pour «le grand moudjahed Bouteflika qui a réalisé la réconciliation nationale, a rendu son aura internationale à l'Algérie et a procédé au décollage économique».Les propos de Abdelaziz Belkhadem étaient un simple écho du discours précédent. Dehors, un autre groupe de jeunes empêchés d'entrer dans la salle a attendu la fin du meeting pour traiter ceux qui étaient à l'intérieur de tous les noms.Nabila, députée FLN et fille de Mostefa Ben Boulaïd, a failli payer la punition infligée aux jeunes chahuteurs, n'était l'intervention des policiers. Notons qu'un dispositif sécuritaire imposant était sur les lieux : brigade antiémeute et chasse-neige en plus d'un nombre important de policiers encerclant le stade et les quartiers environnants.