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Les enseignants peu convaincus




Cette consultation dont le résultat est connu d'avance ouvrira la brèche à d'autres revendications peu pédagogiques.La consultation que lancera à partir d'aujourd'hui le ministère l'Education nationale ne suscite pas l'approbation des représentants des enseignants. Le département de Nouria Benghabrit lancera à partir d'aujourd'hui une consultation à travers le site de l'Office national des examens et concours pour connaître l'avis des élèves de terminale sur l'option du maintien de la date du baccalauréat, du 3 au 7 juin prochain, ou son changement pour la période allant du 19 au 24 juin 2018 (c'est-à-dire après le mois de Ramadhan).
Les enseignants, eux, seront consultés à travers les inspecteurs des matières. Le ministère prévoit en outre une réunion avec les partenaires sociaux parmi les enseignants et les parents d'élèves autour de cette question. «Après la paix sociale, place à la paix pédagogique», déplore Mhand Hand Ouali, chargé de la pédagogie au Satef.
«Ouvrir le champ aux élèves pour décider de la date du baccalauréat est un précédent dangereux. Rien ne justifie cette concession», souligne le représentant syndical, qui estime que cette mesure ouvrira le champ à d'autres revendications, telles que le raccourcissement du programme (ataba), auxquelles le ministère ne pourra pas faire face à l'avenir. Pour le Satef, le ministère aurait dû anticiper, dès le lancement de la grève illimitée, et ouvrir le dialogue pour ne pas avoir à gérer un retard aussi important.
Le syndicat s'interroge d'ailleurs sur les motivations «réelles» de ce report. «Que pourrait-on récupérer en 15 jours, sachant que le retard atteint 52 jours dans certaines localités '», demande d'ailleurs le président du Satef, Boualem Amoura. Le Satef estime que «seul l'amendement du statut particulier, revendication qui justifie toutes les grèves du secteur, saura rétablir la paix dans le secteur et éviter au département de l'Education le recours à ce genre de mesure qui n'est pas dans l'intérêt des élèves».
Les mêmes réticences sont exprimées par le Snapest, qui souligne, par la voix de son coordonnateur national, Meziane Meriane, que «le rapport de la commission de suivi des programmes doit être pris en compte». Cette consultation, dont le résultat est connu, ouvrira la brèche à d'autres requêtes. «Nous ne serions pas étonnés si des réclamations de deuxième session seront entendues durant l'été», déplore le même syndicaliste. Ce dernier pose en outre le souci du calendrier «très serré» auquel seront soumis les enseignants.
Avec le report du bac, les corrections, les résultats, ainsi que les pré-inscriptions seront chamboulés, avec ce que cela engendrera sur le rythme des vacances des fonctionnaires sollicités, fera remarquer M. Meriane. Ce dernier appelle donc la ministre à consulter les pédagogues et les spécialistes de l'Onec. «Au lieu de consulter les élèves qui sont encore des adolescents, il vaut mieux le faire avec les parents et les enseignants, et éviter d'exclure leurs représentants de cette consultation.»
L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) estime que cette consultation est une «surprise». Tout en dénonçant les critères de sélection des syndicats consultés, Sadek Ziri, président de ce syndicat, affirme que cette mesure, s'exprimant sur une chaîne privée, «pourrait être une solution d'urgence» mais des retombées difficiles à gérer vont caractériser l'après-baccalauréat.


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