Algérie

Les écrivains bélabésiens s’organisent



Créer un milieu favorable à la création L’installation de la section bélabésienne de l’Union des écrivains algériens, le jour anniversaire de l’indépendance, est en soi un signe et reflète avec acuité de l’urgence de placer ce métier d’écrire au centre de la vie culturelle de la ville alors que jusque là l’écrivain chez nous vit la marge, fier de ses manuscrits, ses lecteurs restent ses amis de cafés ou d’enfance, publier devient à ses yeux une utopie, sachant que s’il n’ose plus s’aventurer dans les dédales des maisons d’édition car il n’aura pas les moyens de ses désirs. Il choisit alors le fantasme et il parle de roman le temps d’un café presse qu’il n’écrit pas. C’est un peu la situation quotidienne d’un homme de lettres dans le bled. Avec cette section, l’hirondelle se découvre. Au centre Benghazi Cheïkh, devant un parterre de circonstance, l’événement a été vécu avec beaucoup de sobriété, démontrant s’il en est que tout reste à faire, de mettre sur pied un véritable chantier littéraire. Nabil Noui, entouré d’une équipe de jeunes lettrés ont été plébiscités pour conduire la section selon un planning prochainement établi par l’assemblée générale. Un débat assez vigoureux a permis de toucher du doigt ce que veut dire être écrivain et l’on a abordé des questions de fond entre autres vie organique, publication, manifestation culturelle... etc. Ainsi, tous les espoirs sont permis pour la promotion de cette grande aventure littéraire qui fera dire à Nabil Noui, juste après son élection: «Notre tâche est d’être à la disposition des créateurs littéraires en toutes occasions et également de créer un milieu favorable à la pensée et à la réflexion». Il faut dire qu’au pays du Melhoun, du Gnaoui et du Alaoui, le roman sans parler de la place naturelle de la poésie trouve là l’opportunité de se frayer un passage et d’imposer son statut, sachant que Kateb Yacine, Albert Camus, Montherlant, Gide, Paul Bellat et Jean Genet, pour ne citer que les plus illustres, ont foulé ce territoire et ont reconnu que la région favorise les arts dans tous les domaines. Néanmoins, une si petite section à elle seule ne peut réussir si toute la société bélabésienne ne s’y mêle pas entre autorité culturelle, élite intellectuelle, notables, investisseurs dans le livre, d’aider enfin ces jeunes à faire germer le fait littéraire. Dans «Le Polygone étoilé», l’écrivain exclame ce qu’il y a de plus profond en lui et nous livre ce qui nous pousse à l’écriture et reflète cette journée avec la section»... jamais, je n’ai cessé même aux jours de succès près de l’institutrice de ressentir au fond de moi cette seconde rupture du lien ombilical, cet exil intérieur qui rapprochait plus l’écolier de sa mère que pour les arracher, chaque fois un peu plus, un murmure du sang aux frémissements réprobateurs d’une langue bannie, secrètement d’un même accord aussitôt brisé que conclu...Ainsi avais-je perdu, tout à la fois, ma mère et son langage, les seuls trésors inaliénables -et pourtant aliénés!» Le sillon est tracé, suivons-le. Ahmed Mehaoudi



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