Algérie - Revue de Presse

Les écoles privées poussent comme des champignons C'est le big bazar



Les écoles privées poussent comme des champignons C'est le big bazar
Publié le 23.08.2022 dans le quotidien l’Exoression
Par Walid Ait Said
Il ne s'agit pas là de salle des fêtes où l'on peut, malgré tout, fermer les yeux. Ici on parle d'établissements scolaires censés former l'élite de demain. Il est temps de sonner la fin de la récréation...
Le cahier des charges est-il toujours respecté?
Simple garderie ou réelle plus-value pour les enfants? De plus en plus de parents choisissent d'inscrire leurs bambins dans les écoles privées. C'est même devenu la «tendance» chez les familles de la classe moyenne. «On paye pour la tranquillité», assure la majorité des parents qui ont recours à cette option. Par tranquillité, ils parlent d'abord de leur assurer un meilleur avenir en leur fournissant le meilleur enseignement possible. «Cela à travers des cours de qualité dans des classes au nombre d'élèves limité», soutiennent-ils. Mais ce n'est pas la seule raison. Chez la plupart des couples, les deux parents travaillent. Certains, très loin de leur domicile. Ce qui rend quasi impossible de récupérer les enfants à midi pour les faire déjeuner ou même après la fin des cours. Certaines de ces écoles font donc office de garderie pour permettre aux parents de les récupérer aux heures qui leur conviennent. Mieux encore, ils vont jusqu'à offrir des services en dehors des heures de classe, à l'instar de l'aide aux devoirs, ainsi qu'un vaste choix d'activités sportives, culturelles et communautaires. «Les écoles privées sont des partenaires de premier plan pour faciliter la conciliation travail-famille», se réjouissent les parents qui n'hésitent pas à se sacrifier au travail pour pouvoir payer les frais de scolarisation de leurs enfants. Théoriquement, même si les prix sont de plus en plus exorbitants, mais cela en vaut la chandelle au vu des services proposés et de la qualité de l'enseignement qu'ils sont censés fournir. Sauf que dans la réalité ce n'est pas aussi rose. La demande de plus en plus croissante pour l'enseignement privé a fait que beaucoup se lancent dans cette «aventure» jouant avec l'avenir des enfants et l'argent de leurs parents.
Des villas badigeonnées...
S'il y a véritablement de vraies écoles privées qui offrent une réelle plus -value par rapport au public, d'autres ne sont que des «arnaques». On se demande véritablement comment le ministère de l'Education nationale leur accorde des agréments. «Ils n'ont rien d'école. Ce sont des villas re-décorées aux couleurs d'écoles. Elles ne répondent ni aux normes pédagogiques ni à celles de la sécurité», atteste un inspecteur de l'Education nationale à la retraite. Ils affirment que quand il était en poste beaucoup d'entre -elles ont reçu un avis défavorable pour obtenir ce fameux agrément. « On ne sait par quel miracle, elles finissent quand même par ouvrir», révèle-t-il avec beaucoup de colère. Effectivement, ce secteur très juteux est devenu un véritable «souk» qui attire de plus en plus d'arrivistes qui n'ont rien à voir avec l'Education nationale. Ils envahissent des quartiers résidentiels rendant infernale la vie des riverains avec qui ils sont en conflit perpétuel. Station anarchique du fait qu'il n' y a pas de parking, bruit sans cesse, incivisme...Ce qui se transforme souvent par de grosses bagarres. De plus, certaines de ces pseudos -écoles ne disposent même pas d'un espace de récréation pour les enfants. Ils font leur pause sur des terrasses, voire des balcons de deux mètres carrés, se retrouvant enfermés toute la journée entre quatre murs. Que dire de la qualité du corps enseignant! Ces «écoles» recrutent des débutants, voire des étudiants avec aucune expérience dans ce noble métier. Elles les exploitent avec des salaires minables. Ce qui se répercute bien évidemment sur leur rendement, ainsi que l'enseignement qu'ils fournissent à leurs élèves.
L'impunité!
Lassé de se faire arnaquer, choqués par les expériences qu'ils ont vécues, des parents ont décidé de sortir de leur silence. Ils choisissent les réseaux sociaux pour raconter leurs expériences, comme sur le groupe Facebook «les pires et les meilleures écoles privées d'Algérie». Les témoignages que l'on découvre sont des plus choquants. Ce ne sont pas des écoles, dont on croirait qu'ils parlent, mais des «centres de concentration pour enfants». On y trouve de la violence, de la négligence, du harcèlement scolaire, voire même des enfants tabassés par le personnel. On y lit que beaucoup de parents ont choisi de revenir à la bonne vieille école publique car leurs enfants avaient vécu des drames dans ces «terrains de guerre». Les établissements pointés du doigt semblent connus de tous. «Des plaintes ont même été déposées au niveau de la tutelle», assurent-ils. Mais il semble qu'ils ne soient à aucun moment «inquiétés». Ils continuent de travailler le plus normalement du monde. Jusqu'à quand cette impunité? Jusqu'où vont-ils continuer dans cette anarchie? Il ne s'agit pas là de salle des fêtes où l'on peut, malgré tout, fermer les yeux. Ici on parle d'établissements scolaires censés former l'élite de demain. Il est temps de faire le grand ménage dans un secteur aussi sensible. Surtout que certains ont fait de grands investissements pour construire des établissements scolaires dignes de ce nom. Avec de grands locaux, des classes plus aérées et des cours de récréation plus sécurisées. Le tout loin des quartiers résidentiels. Si ces écoles se sont mises aux normes, cela montre que c'est possible. Un vrai cahier des charges doit donc être mis en place et appliqué. Il faut sonner la fin de la récréation...

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