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Les Don Quichotte de la liberté




Les Don Quichotte de la liberté
Il faut encourager ce genre de manifestations pour la protection des libertés. C'est un mouvement de vie dans une société qui ne parle que de la mort par l'effet d'une religiosité macabre, où le repère est le supplice de la tombe».Le commentaire prend tout son sens dès lors que l'auteur, un professeur en psychologie à l'université d'Alger, demande gentiment que son nom ne soit pas cité. «Même pour un sujet aussi banal, je peux avoir des problèmes et subir des reproches et des pressions», justifie-t-il, en déclarant : «Dans ce pays, les gens sont anesthésiés et ne peuvent plus réagir.» Sollicité pour éclairer l'opinion publique sur le «rassemblement pour l'amour, la paix et la tolérance» organisé hier par des étudiants de Tizi Ouzou, le chercheur assimile les participants à des «Don Quichotte» qui luttent contre des moulins à vent animés par un pesant «système lié au fonctionnement communautaire» qui a fini par dévoyer les valeurs sociales les plus élémentaires. «L'Université dans son ensemble est sinistrée.Et je suis arrivé à la conclusion que cet état est irréversible», tranche le professeur qui dénonce un laisser-aller débouchant sur un pis-aller, où «on a tout permis à l'étudiant. Ce dernier ne se soucie plus de son cursus puisque le diplôme est garanti, il se permet alors tous les excès et reproduit les mêmes maux de la société dans laquelle il évolue».Pour notre interlocuteur interloqué, le lourd climat imposé par des mécanismes sociaux cachés, mais ô combien pernicieux, se voit au quotidien à travers des comportements qui gâchent une éducation, au sens scolarité émancipatrice. «Les grèves cycliques des enseignants qui réclament toujours plus de dividendes, alors qu'ils assurent en parallèle des cours privés illégaux. Le ministère qui refuse de dévoiler les véritables tares du corps enseignant et essaye de négocier des issues alambiquées. Le dévoiement de l'enseignement supérieur de sa raison d'être : la transmission du savoir au bénéfice de la dispense de diplômes sans efforts.Le climat de délation, de tension et de peur qui règne dans les universités et ailleurs. Tout ça ne peut que créer des étudiants obscurcis et obscurantistes», et ainsi en va-t-il de toute la société. Même si, de l'aveu du professeur, des îlots de jeunes bien éduqués et très instruits essayent de résister à la vague destructrice de la médiocrité, le combat reste rude. «Même si ces jeunes tentent de reprendre le flambeau», assène-t-il, il est déjà trop tard «car cette tendance est irréversible.Et c'est pour cela que tous ceux qui le peuvent quittent souvent, le c?ur meurtri, leur pays aimé pour tenter de vivre plus librement sous d'autres cieux au prix d'un sacrifice déchirant».




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