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Les discours, les méthodes et les ambitions




Les discours, les méthodes et les ambitions
Ceux qui savent observer se rendent rapidement compte que, généralement, l'homme choisit ses méthodes en fonction de ses ambitions et il ne leur est pas plus difficile de remarquer aussi qu'il choisit, en général, ses discours en fonction de ses méthodes. En conséquence, les ambitions des hommes définissent leur manière d'agir et le discours qu'ils développent. Autrement dit, si l'on considère le discours et la méthode de quelqu'un, on peut se faire une bonne idée de ses ambitions.Il nous a été donné de vérifier cela, ce mardi, à l'occasion de l'ouverture de la journée parlementaire sur «la réforme et la refonte du système éducatif algérien». En effet, en parlant de son secteur, la ministre de l'Education nationale, Mme Benghebrit, a clairement signifié qu'elle tient à ce que l'on mette en place une école qui puisse «former des générations capables d'affronter les grands défis de l'avenir» et, pour cela, précise-t-elle, il est nécessaire de «construire une école performante». Ce discours, qui a le mérite d'être clair et sans ambiguïté, a tout aussi la particularité de placer la barre très haut dès le départ. Mais la ministre, qui n'est pas sans savoir que, tant que les hommes ne se mouillent pas les tricots, toutes les ambitions ne seront que de légers fantasmes, des voeux sans suite qu'il faudrait oublier dès qu'on les prononce, n'a pas manqué de dénoncer le manque d'implication des différentes parties concernées par l'Education nationale en notant, sans détour diplomatique ni même linguistique, que «le peu d'intérêt que les acteurs qui y interviennent portent au secteur de l'éducation est très préjudiciable pour son fonctionnement» et elle n'oublie pas, en passant, de montrer du doigt la responsabilité des enseignants.Elle fait remarquer à cet effet que «l'instabilité structurelle qui le (secteur de l'éducation nationale) caractérise, due essentiellement aux grèves, se répercute très mal sur les objectifs stratégiques qu'on lui assigne». Comme pour souligner l'importance des effets néfastes de la défaillance des uns et des autres, la ministre va jusqu'à qualifier sa réforme de l'éducation d'une «deuxième révolution, après celle de Novembre 1954». C'est dire toute l'ambition de la dame qui tient à sortir l'Ecole algérienne de son marasme et à la sauver de sa chute. Lorsqu'on nourrit une ambition aussi grande, aussi forte et aussi résolument tournée vers l'avenir, il est tout à fait normal qu'on tienne le discours qui va avec et que l'on opte pour la manière qui correspond.De son côté, le président de l'APN, dans son discours, prononcé lors de l'ouverture de la journée, n'a pas raté l'occasion de se féliciter «des progrès réalisés en matière de démocratisation de l'accès à l'école» avant de présenter la situation d'une manière pour le moins étonnante. «Les gens de l'éducation disent que le problème est dans l'université qui produit des formateurs médiocres et l'Université dit que le problème est dans l'école qui fournit des étudiants médiocres» a-t-il souligné. Deux discours diamétralement opposés.D'un côté, la ministre qui veut aller vers l'avant, qui veut redresser l'école coûte que coûte, quitte pour cela à bousculer tout le monde et, de l'autre côté, un président de l'APN qui nous sort des expressions totalement désuètes. Nous nous extasions devant la démocratisation de l'école dans les années soixante, on ne va pas le faire encore en 2015'! Tout de même! Le monde bouge, les ambitions aussi et les discours doivent faire autant.Nous avons, d'un côté, un discours qui reproche aux différents acteurs de ne pas faire ce qu'il faut pour sauver l'école et, de l'autre, un discours qui ne veut accuser personne et qui cherche à concilier tout le monde dans une problématique de l'oeuf et de la poule qui veille à n'engager la responsabilité d'aucune partie et qui excuse tout le monde.D'un côté, un discours d'avenir, celui d'un manager qui a une vision claire et qui semble connaître ses missions et celles de son secteur. De l'autre côté, un discours des temps passés, celui qui ne semble nullement concerné par le progrès et qui ignore que tout autour de nous bouge. D'un côté, un discours qui dévoile de grandes ambitions et, de l'autre, un discours qui trahit le manque total d'ambition. Jusqu'à quand' Oui, jusqu'à quand'







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